[C’est sa tournée] Depuis le Pharo, Emmanuel Macron se présente en nouvel homme vert
Le président-candidat a choisi Marseille et le palais du Pharo pour son grand meeting de l'entre-deux-tours. En axant la majeure partie de son discours sur l'écologie, il a tenté de se tourner au maximum vers l'avenir... Et de faire oublier le passé.
Emmanuel Macron lors de son meeting au Pharo le 16 avril 2022. (Photo : Emilio Guzman)
Le lieu, comme toile de fond, voire comme prétexte. Dans une campagne nationale, la ville d’accueil des candidats n’est bien souvent qu’un théâtre. Pour couvrir la présidentielle depuis Marseille, Marsactu a choisi de les mettre sur la grille. À chaque déplacement important, nous vous raconterons leur venue par le prisme de thèmes imposés.
Cette fois-ci, le candidat connaissait l’endroit. Comme il l’avait fait pour annoncer son plan “Marseille en grand”, Emmanuel Macron a pris la parole dans le jardin du palais du Pharo pour son premier et peut-être unique meeting d’entre-deux-tours.
Arrivé en tête au premier tour de l’élection présidentielle avec 27,8 % des voix, il doit convaincre les électeurs de glisser un bulletin à son nom au deuxième tour plutôt que celui de la candidate d’extrême droite Marine Le Pen (23,1 %). L’un des enjeux de ce scrutin étant de récupérer les voix des électeurs de gauche qui se sont notamment portées surJean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième position avec 22 % des voix au niveau national, et en première position à Marseille.
La séquence
L’écologie comme ligne de conduite. “Nos vies seront écologiques ou ne seront pas. C’est le combat du siècle”, a tonné Emmanuel Macron, qui a mis ce thème au cœur de son discours. Après une première partie axée sur sa volonté de combattre la logique de fermeture prônée selon lui par son adversaire du Rassemblement national – “la France est un pays d’ouverture, fait de migrations et de mouvements, a-t-il rappelé. Personne ne peut dire à un enfant né sur notre sol qu’il n’est pas français et qu’il n’y a pas sa place.” – le candidat sortant a largement orienté son discours sur l’enjeu environnemental.
“Le 10 avril, les électeurs ont envoyé un message pour dire qu’il fallait mettre l’environnement au cœur de notre programme, ce message que scande notre jeunesse depuis des mois”, a lancé Emmanuel Macron. Le candidat Europe-Ecologie les Verts, Yannick Jadot a pourtant fini en 6e position au premier tour avec 4,6 % des voix seulement. C’est donc forcément au vote mélenchoniste que pense le président sortant. En misant sur les énergies renouvelables, accompagnées du nucléaire – il envisage de construire six nouvelles centrales – le candidat de La République en marche promet de tout faire pour “sortir du pétrole, du gaz et du charbon”. Une mission qu’il confiera à “un Premier ministre de la planification énergétique”. Un emprunt à la planification écologique défendue depuis 2012 par les mélenchonistes.
S’il se dit en début de discours pour une “sobriété écologique”, Emmanuel Macron finit par rappeler qu’il souhaite “faire de l’écologie en continuant de produire, […] et de travailler davantage” pour, indique-t-il,“financer le modèle social”. Un thème qu’il a d’ailleurs peu évoqué. “Je vais voter pour lui parce qu’avec la tête que j’ai, j’ai peur de Marine Le Pen, grimace Djamila*, venue du 14e arrondissement avec sa fille. Mais franchement, il ne m’a pas convaincue. Je ne vois pas ce qu’il peut faire pour nous. Je suis aide-soignante et avec mon petit salaire, c’est compliqué de payer les études de ma fille. On a trop souffert pendant cinq ans.” Le pouvoir d’achat ne sera en effet évoqué qu’une seule fois avec la proposition du chèque alimentaire pour “que les Français puissent se nourrir avec les meilleurs produits”.
Le cadre
Le Pharo. One more time. Emmanuel Macron apprécie visiblement la vue depuis le jardin du palais offert par Napoléon III à l’impératrice Eugénie. Il faut dire qu’elle est plongeante sur le Vieux-Port. En ce week-end de Pâques, le soleil est au rendez-vous, contrairement au discours de septembre où le président avait dû sortir le parapluie.
“Il a fait de belles images, c’est une opération réussie”, glisse à l’oreille du gabian le président de région Renaud Muselier qui regrette tout de même que qu’il n’y ait pas eu plus de monde. Après les six rangs de chaises entourant la scène hexagonale, une petite foule prête à agiter des drapeaux “Macron avec vous” laisse rapidement la place à un public plus clairsemé. Si LREM annonce 3000 participants, on peut aisément dire que le chiffre est très surestimé. “C’est une date complexe, un week-end de trois jours, une belle journée. Les gens sont partis se promener”, tente de justifier l’ex LR, qui soutient Emmanuel Macron depuis février. Les images diffusées sur les nombreux grands écrans se concentrent sur la foule condensée, quand, à quelques mètres de là, on écoute le discours diffusé par des hauts parleurs réglés au maximum allongé dans l’herbe, les pieds à l’air. Quant à la madame loyale du jour, il s’agit de Sabrina Roubache, conseillère régionale, productrice de films et figure locale proche du couple Macron.
Pris au mot
“Je ne veux pas cinq ans de plus”. Emmanuel Macron a surpris son public en lançant cette phrase. Sous les quelques signes de protestation de ses fans, il a pris plaisir à ajouter : “Je veux cinq ans de renouvellement”. Une façon de tenter de convaincre les déçus de son quinquennat, qui ont exprimé leur mécontentement dans les urnes au premier tour. Pas de “reconduction” donc, mais une “réinvention, une nouvelle ambition”. “Il parle aujourd’hui de ce qu’il n’a pas eu le temps de mettre en place. Entre la crise sanitaire, les gilets jaunes et l’Ukraine, vous vous rendez-compte de tout ce qu’il a dû gérer ?”, défend Sophie Vialla, professeur d’université et encartée au Modem à Avignon.
Elle est rejointe par une autre spectatrice, Chantal Amiel, venue, elle, du 7e arrondissement de Marseille : “ça reste un être humain”. Sa politique n’a-t-elle pas pu causer du tort aux populations les plus pauvres qui ont massivement soutenu Jean-Luc Mélenchon ? “Ceux qui ont voté pour les extrêmes ont été manipulés. On les a amenés aux urnes en les prenant par la main, en faisant des discours qui jouent sur les émotions”, préfère analyser cette dernière. Emmanuel Macron le jure, en 2022, il sera un autre homme. “Commence par changer tes ministres”, lui lance quelqu’un dans la foule.
L’invité surprise
Homme d’affaire et ancien président du Rugby club toulonnais, Mourad Boudjellal était l’invité surprise de ce meeting. Le Varois, aux racines algériennes et arméniennes, s’inscrit parfaitement dans le symbole de réussite qu’Emmanuel Macron veut mettre en avant face à son adversaire du second tour. Mourad Boudjellal, dont l’éloquence fait de l’ombre à celui qu’il est venu soutenir, a d’ailleurs commencé son discours en pointant la dangerosité “du racisme ordinaire” de sa “banalisation”. “Grâce au candidat qui est là aujourd’hui, je n’aurai pas à changer de nom, défend-il. Ce qui n’est pas le cas de la candidate qui donne les bons points, qui choisit qui est français. Je lui dis, vous êtes raciste. À ceux qui votent pour le FN, je leur dis, vous êtes racistes. À tous les jeunes dans les cités, cette élection est la vôtre. L’étape un, c’est d’aller voter. L’étape deux, c’est de montrer tout ce que vous pouvez apporter à ce pays.” Quoi de mieux qu’un homme qui a porté à trois reprises une équipe de rugbymen au sommet d’un championnat européen pour chauffer les foules ?
L’à-côté
En marge du meeting, deux rassemblements se sont fait face, quelques centaines de mètres plus loin sur le Vieux-Port. Antifascistes et gilets jaunes ont préféré déplier leurs banderoles sous l’ombrière non sans tensions entre eux. “Je suis infirmière, j’ai été suspendue, explique une dame qui se dit “anti CE vaccin”. Ils pensent que nous sommes fachos, mais les fachos, c’est ce gouvernement autoritaire.” Quelques gilets jaunes seulement sont entrés au Pharo et se sont faits discrets – “on voulait lui faire un comité d’accueil, mais ils demandent la carte d’identité” – certains ont attendu la fin du meeting pour alpaguer les militants LREM, avant de se faire encercler par les CRS devant les grilles.
*Le nom a été changé à la demande de l’interviewée
Commentaires
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Tapie n’étant pas disponible il y a eu Mourad Boudjellal
à chacun ses héros
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si peu de monde alors que le centre ville était complètement bloqué par les flics ? bizarre.
et puis présenter sa carte d’identité pour participer au rassemblement ???? encore plus bizarre. il voulait éviter les migrants et les sans papiers ?
et puis il faut prévenir boudjellal, c’est zemmour qui voulait imposer les prénoms, pas le pen ; pas dans un premier temps en tout cas.
c’est mumu qui a raison, juste de belles images…
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Il tourne le dos à la Bonne-Mère, debout sur son plateau de faux mage.
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Nous étions 3000 mais à la plage des Catalans. De loin la plus grosse manif pour la semaine de 30 heures.
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Violette, ne soyez pas timide, quitte à faire un jeu de mot allez jusqu’au bout.Geant Vert aurait été de bon aloi et plus percutant.
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“Ceux qui ont voté pour les extrêmes ont été manipulés,” dit Chantal du 7e en parlant apparemment de Mélenchon. Deux remarques. A droite, il y a toujours cette propension à prendre les électeurs pour des mal-comprenant dès lors qu’ils ne votent pas “comme il faut”, c’est assez horripilant. Et surtout, mettre dans le même sac – les extrêmes – un Mélenchon et les candidats fascistes, alors que “l’extrémisme” du premier ne va pas au-delà du programme commun de l’union de la gauche des années 1970, c’est du même niveau que le discours de Vassal aux municipales : ça en dit plus de celui qui parle que de celui qui est visé.
Quant à Macron, on a attendu pendant cinq ans le virage écologique de son quinquennat, et on l’attend toujours : beaucoup de discours, et des actes qui pour l’essentiel renvoient à la responsabilité individuelle et nient celle des politiques publiques – à commencer par la mise à la poubelle de la quasi-totalité des propositions de la Convention citoyenne sur le climat. Il peut donc toujours dire qu’il fera mieux la prochaine fois : sa crédibilité reste entièrement à démontrer.
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Cher 8e les circonstances amènent souvent les politiques à accélérer le mouvement.
Malheureusement, cette guerre en Ukraine en est un exemple criant.
Criant à trois niveaux.Tout d’abord l’arrêt des approvisionnements en Russie forcé ou voulu, génére une hausse des cours.Secondo, ne comptons pas sur le” marché” pour minimiser ce mouvement,Tertio ,la régulation des prix ne peut être que temporaire et illusoire à long et moyen terme.
La solution est quasi unique.Reduction de la consommation des énergies par des bonnes pratiques,de l’innovation et la réduction des énergies fossiles.
Tout ceci est de l’écologie.
Envie, volontarisme, investissements et concours de circonstances.
Rappelons nous,il y peu d’années la voiture électrique était un mirage.
Est ce la bonne solution, peut-être,mais ce qui est sûr, c’est qu’en quelques dizaines de mois la révolution du thermique vers l’électrique s’est effectuée.
Vous pouvez trouver tous les défauts de la Terre à Macron,mais il est intelligent.Intelligent non pas au sens de bon en mathématiques,mais au sens d’écoute et de compréhension de son environnement,donc des circonstances.
Voilà peut être notre chance.
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à Brallaisse il est opportuniste et a très envi d’être réélu aucune intelligence là dedans d’autant que son virage vert n’est qu’une promesse de plus
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A) Un politique non opportuniste cela n’existe pas.Pour vous taquiner , vous allez voir le nombre de prétendants qui vont se présenter pour les législatives en parachute venant de Paris, Pithiviers,Metz ou même de Saint Pierre et Miquelon en espérant ” surfer” sur la vagounette JLM.
B) L’évidence d’une politique pro environnementale est telle que des décisions s’imposent aux politiques et donc à Macron.Je n’emploie pas volontairement le mot de vert ou d’écologie car les EELV n’ont pas le monopole, comme disait l’autre,de cette idée.
Refutez le terme d’intelligence si cela vous heurte, l’important c’est le résultat.Imaginez que le futur ministre des transports impose aux collectivités ou bien aux administrations des transports non ou moins polluants ,cela serait pas mal.
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Faudrait-il encore qu’il y ait un vrai ministre des transports, ce qui, depuis cinq ans au moins, a un peu manqué. Le dernier en date est surtout connu pour faire le beau sur TikTok, beaucoup moins pour réfléchir à une véritable stratégie nationale de la mobilité.
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Je parlais du futur et non pas du passé récent.
Après ,tout n’est pas à jeter et heureusement,sinon il faudrait se poser la question de l’utilité de ce ministère. Ce dernier gère beaucoup de domaines importants et surtout beaucoup de réglementation et de sécurité.Je pense notamment aux passages à niveaux où un bon travail a été pratiqué,et aux investissements de l’État en matière de transports au profit de la région PACA.
Mais je nuis pas un spécialiste des transports, vous l’êtes beaucoup plus que moi vu vos différentes interventions.
Un peu simple le TikTok, d’autres font des hologrammes,des vidéos ou Dieu sait quoi sur ces fameux réseaux dits sociaux.C’est malheureusement l’époque,le futile et l’éphémère. Apparemment il faut y être présent.
Pour être réaliste, Djebbari, comme d’autres se baisse au niveau des interlocuteurs,et cela ne vole pas très haut, Tikl Tok paraît t’il n’est pas terrible. Je n’ai jamais jeté un oeil sur ce truc.
Une autre époque,sans doute.
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oui bien sûr, et la marmotte elle pliait le chocolat……
“Vous pouvez trouver tous les défauts de la Terre à Macron,mais il est intelligent.Intelligent non pas au sens de bon en mathématiques,mais au sens d’écoute et de compréhension de son environnement,donc des circonstances.
Voilà peut être notre chance.”
beaucoup de compréhension…jusqu’à faire le beau pour draguer les électeurs de mélenchon. et même pas honte !
gageons que le futur ministre de la “transition écologique” (terme piqué à méluche) sera jadot !! -notre chance !!-
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Honte de quoi? . Cela s’appelle la démocratie.C’est sûr dans les pays non alignés chers au coeur de JLM se genre de réflexion ne se pose pas. Poutine, plus de 70% ,le rêve pour JLM.
Après si Meluche est le créateur de la formule transition écologique,c.est bien il aura 1 bon point ,et au bout de trois une image.
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Dommage que Monsieur Hulot se soit retiré de la vie publique, j’aurais aimé lire sa réaction à ce changement du président …
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