LE POUVOIR PAYAN
Le feuilleton a donc fini par prendre fin : à l’issue du Conseil municipal de lundi dernier, du 21 décembre, Benoît Payan a été élu maire de Marseille, après la démission de Michèle Rubirola, quelques mois après son élection. Sans doute importe-t-il de s’interroger sur les significations multiples de cette élection.
B. Payan, le Printemps marseillais et le P.S.
C’est la première remarque que l’on peut faire : avec l’élection de B. Payan à la mairie de Marseille, le Printemps marseillais semble retrouver une histoire politique de la ville dont il avait donné l’impression de constituer une rupture, celle d’une vie politique dominée par le P.S. En effet, même si, né en 1978, B. Payan appartient à une génération qui n’a pas connu le defferrisme, c’est sous les couleurs du P.S. qu’il est élu, pour la première fois, au Conseil municipal, en 2014, puis au Conseil départemental en 2015. Par ailleurs, son activité politique a toujours été dominée par son engagement au P.S., d’abord auprès de J.-N. Guérini au Conseil départemental, puis au cabinet de M. Vauzelle, quand ce dernier était président de la région P.A.C.A. et au cabinet de M.-A. Carlotti, quand elle était ministre déléguée aux personnes handicapées au sein de gouvernement dirigé par J.-M. Ayrault sous la présidence de F. Hollande. C’est pourquoi il faut rappeler qu’au sein du Printemps marseillais, B. Payan incarne, en quelque sorte, le P.S. et exprime ce que l’on peut appeler la culture socialiste dans la vie institutionnelle de Marseille. Au-delà, on peut remarquer, dans d’autres villes comme à Bordeaux, l’émergence d’une génération de maires et de municipalités de gauche porteurs d’une culture politique renouvelée.
En finir avec des fonctions de maire de l’ombre
Depuis le début, B. Payan donnait l’impression d’exercer la réalité du pouvoir municipal, dont, par ailleurs, M. Rubirola avait toujours dit qu’elle ne souhaitait pas l’exercer. Il était clair, depuis le début, que cette dernière n’était devenue maire que faute d’un autre candidat de nature à rassembler l’ensemble du Printemps marseillais. Dès lors, tout se passait comme si B. Payan détenait une sorte de pouvoir de l’ombre. Cela aussi représente une forme particulière de culture politique, reposant sur une conception en quelque sorte dissimulée du pouvoir. Cela explique les critiques qui pourraient être formulées – et que certains acteurs politiques ont déjà formulées – selon lesquelles l’élection de B. Payan constitue l’aboutissement d’une forme de mensonge, les électrices et les électeurs ayant voté pour une liste conduite par M. Rubirola, une femme écologiste, se retrouvant, finalement, avec pour maire un homme socialiste. Mais désormais, il importe que la place du maire de Marseille et de sn pouvoir ne soit plus dans l’ombre, mais soit pleinement éclairée, à la fois par une politique efficace et transparente de communication et par le souci d’une information régulière des habitantes et des habitants de la ville qui doivent redevenir de véritables citoyens.
Le Printemps marseillais au pouvoir
La question qui se pose aujourd’hui est celle du maintien des orientations du Printemps marseillais au sein de la municipalité. Le Printemps va-t-il pouvoir pleinement continuer à exercer le pouvoir dans une municipalité dirigée par un élu issu du P.S. ? C’est une question que l’on peut se poser quand on se reporte à la place des socialistes dans la culture politique de Marseille. C’est en même temps une forme de crainte que l’on peut éprouver quand on connaît l’histoire politique de la ville. En même temps, il s’agit d’une sorte de défi auquel B. Payan se trouve désormais confronté : il doit mettre en œuvre une véritable rupture avec les logiques traditionnelles du P.S. à Marseille, il doit faire en sorte qu’à la faveur de l’élection municipale de 2020, les socialistes marseillais se transforment pour donner naissance non seulement à un parti socialiste rénové mais, au-delà, à un parti socialiste pleinement engagé dans une véritable union de la gauche incarnée par le Printemps. Peut-être s’agit-il là d’une signification essentielle de l’élection de B. Payan.
L’avenir politique de Marseille
L’autre signification de l’élection de B. Payan est de permettre au Printemps de donner une orientation véritable à l’avenir politique de la ville. Le Printemps ne peut véritablement figurer l’avenir politique de Marseille que si la municipalité, désormais dirigée par B. Payan, imagine de nouvelles logiques, de nouvelles méthodes de travail, de nouvelles conceptions de la vie urbaine, de nature à permettre à Marseille d’en finir avec le déclin dans lequel la municipalité de J.-C. Gaudin l’avait enfermée. L’avenir politique de la ville se situe aussi dans la reconfiguration de la place de Marseille dans la métropole, qu’il faut redéfinir. Ainsi, la responsabilité qui est celle de B. Payan et de la municipalité qu’il dirige désormais est lourde, car, au-delà d’une rupture avec la culture socialiste de la ville, il s’agit d’une rupture avec la faiblesse économique de la ville.
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