[Comment ça va les esthéticiennes ?] “Je suis la seule à ne pas travailler rideau tiré”
Durant le premier confinement, Marsactu avait suivi les "premiers de corvée" qui continuaient à travailler. Pour cette saison 2, nous nous intéressons chaque jour à celles et ceux que la crise économique frappe avant la crise sanitaire. Aujourd'hui, Monia Dominique, patronne d'un salon de soins esthétiques.
[Comment ça va les esthéticiennes ?] “Je suis la seule à ne pas travailler rideau tiré”
Dans les premiers jours du reconfinement, Monia Dominique a tiré le rideau du salon de soins esthétiques qui porte son nom, boulevard de Saint-Louis (15e). Depuis, le rideau est remonté pour maintenir une petite économie de “clic et collecte” qui est autorisée. Mais celle qui exerce depuis 17 ans à cet endroit vit avec une vraie angoisse cette période de reconfinement susceptible de s’étirer jusqu’aux fêtes de fin d’année.
Si elle est bien consciente de faire partie des activités non essentielles, Monia Dominique se désole de voir partir les clientes vers des consœurs moins scrupuleuses.
Comment ça va Monia Dominique ?
Je suis très inquiète quant à la survie de mon entreprise. La fin d’année est la période où on travaille le plus avec l’arrivée des premiers coffrets cadeau, les soins pour les fêtes… J’ai très mal vécu le premier confinement. J’ai réussi à étaler une grande partie des charges fixes sur les mois suivants. Mais le loyer à payer tous les trois mois, les trois employées, les charges sociales… Tout ça se paie et c’est compliqué quand on n’a plus de chiffres d’affaires. Depuis quelques jours, je complète un peu avec une fonction de relais colis et des coffrets de produits, à venir chercher, mais c’est du bricolage. Le risque est de voir prolonger la période de confinement jusqu’au 15 décembre. Pour nous, ça serait catastrophique, à une semaine des fêtes de fin d’année.
Parviendrez-vous à compenser le manque à gagner ?
Dès qu’on sera autorisé, on va travailler de 8 heures du matin à dix heures du soir. Mais cela ne compensera pas le manque à gagner. D’autant plus qu’il y a la mise en œuvre du protocole sanitaire qui nous prend beaucoup de temps. Cela nous impose de faire une pause de 15 minutes entre chaque cliente. Et nous ne pouvons plus prendre une cliente entre deux rendez-vous comme c’était le cas auparavant. Le soin esthétique est un métier où on se doit d’offrir un environnement nickel. La mise en œuvre du protocole sanitaire ne change donc pas grand chose si ce n’est la gestion du temps.
Quelles sont vos relations avec la concurrence ?
Ce qui était très dur au début, c’était de voir notre clientèle habituelle partir chez les esthéticiennes à domicile. Dans les premiers temps du reconfinement, elles étaient toujours autorisées à travailler. Cela n’a plus été le cas très vite. Malheureusement, il suffit de regarder sur les réseaux sociaux, pour constater qu’elles continuent. Et c’est la même chose pour certaines de nos consœurs qui maintiennent leur activité discrètement. Les clientes nous appellent en nous disant qu’on est les seules à ne pas travailler derrière le rideau tiré.
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Ce virus a été calamiteux pour les esthéticiennes et les coiffeurs. Chez l’esthéticienne, on est enfermé dans une cabine, parfois ouverte en haut, à quelques centimètres du prestataire, on parle beaucoup certes à travers un masque, on y reste plus de 15 minutes. Certains clients refusent de porter le masque et le personnel n’ose pas les obliger car c’est monsieur ou madame untel. On attend beaucoup et à plusieurs dans la zone d’attente. Même en temps normal, l’ambiance “spa romantique” est en fait un espace où on étouffe. S’il y a de la vapeur d’eau, ça véhicule encore plus le virus. On n’est vraiment pas tranquille. Chez le coiffeur, si les sièges contigus au shampooing et devant le coiffeur pouvaient être isolés par plexiglas des autres clients et coiffeurs, et que le salon n’était pas rempli de monde, les gens iraient encore chez le coiffeur.
Chez l’esthéticienne, si on limitait la prestation à moins de 15 minutes et qu’on portait en plus du masque, un masque en plexiglas, sans temps perdu en zone d’attente, et qu’on aérait au maximum l’espace de soin, les gens iraient aussi.
Enfin, si le client a, à son domicile, un espace ouvert à l’extérieur et sans vis-à-vis gênant, tous ces soins peuvent se faire à domicile moyennant protection du visage. Avec le climat ensoleillé de Marseille, l’extérieur est souvent utilisable. Et puis, si le salon a la chance d’avoir un espace à l’extérieur, c’est jackpot assuré.
Il doit y avoir possibilité de trouver des solutions via le syndicat professionnel des coiffeurs et esthéticiennes. Peut être la ville peut leur prêter l’utilisation d’écoles ou gymnases abandonnés pour utiliser la cour comme espace de soins avec des paravents et le materiel en stock à l’intérieur. Le diocèse peut faire pareil avec les chapelles avec cour extérieure. Ca permettrait de laisser tous ces commerces ouverts. De toute façon, personne ne pourra forcer un client qui a peur, d’aller se faire faire des soins à l’intérieur, en jouant à la roulette russe. Il faut que les commerces s’adaptent avec l’aide de leurs fédérations qui, pour une fois, serviraient à autre chose que collecter leurs cotisations.
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