Demain (1)

Demain, demain, parlons-en. Plutôt deux fois qu’une même. Une fois pour aspirer, une autre pour expirer, car les lendemains enchantent comme ils déchantent. Et l’on ne sait encore si ce confinement aura été trappe ou tremplin, si le virus aura sonné comme un chœur ou un glas. L’avenir est le mur de notre ignorance mais aussi l’échelle de notre espérance… Et ce matin, je l’imagine en rose. Il commence par une grande fête fraternelle, des embrassements embrasés, des étreintes d’éternité. Puis reprennent les rencontres, les assemblées pour imaginer un monde nouveau tandis que revient l’énergie pour commencer à l’esquisser. Les frustrations accumulées se muent en volonté, les réflexions ébauchées en actions concrètes. Et l’on veut prolonger les plaisirs retrouvés ou inédits, cœur de ville sans voitures, silence préservé, pas ralentis, air pur. Et l’on reconquiert sans tarder les interdits, parcs et jardins, plages et terrasses. Et l’on fait habitude de nos découvertes de confinement, la cordialité, la solidarité, la créativité. Et l’on regarde la liberté avec des yeux neufs. Et l’on décide de prendre notre destin en main, mettre l’imagination au pouvoir car le génie, une fois sorti du flacon, se dissémine. Et c’est un présent, pas un conditionnel. Et l’on rompt avec le productivisme, le consumérisme, l’ultra-libéralisme tous ces ismes barrières sans horizon ouvert. Et l’on en finit avec les gaspillages, les dogmes, la circulation sans vergogne des capitaux, les délocalisations à outrance et la casse de l’Etat Providence. Et l’on ressaisit nos vies confisquées. Alors, on s’engage à fond dans la transition écologique, on invente des utopies concrètes. On disrupte ! Car demain est déjà là. Et il a besoin pour se déployer d’un nouveau CNR, un Conseil national de la Renaissance, de la Résilience, de la Résurrection, du Réveil, du Renouveau, peu importe les mots pourvu qu’on ait l’ivresse de soigner les maux ! Mais sans se griser de mots non plus.