JOURNAL DE DECONFINEMENT N°3, dimanche 12 avril au matin
Illustration Michéa Jacobi
C’est dimanche. Hier c’était samedi, demain on sera lundi. Le temps marche donc comme à son habitude. Il marche d’autant mieux que l’on fait chaque jour la même chose, ou a peu près. Les heures vagabondent et nous sommes collés à nos logis. Comment sortir de là ? Comment garder la précieuse capacité d’aller et de venir sur deux pattes ?
Certains s’attachent à cultiver la fonction purement locomotrice. Mon ami Jean-Pierre fait chaque jour quelques milliers de pas, I Phone en poche ; suivant la prescription de son kiné, mon frère Emmanuel monte et descend quotidiennement les cinq étages de sa résidence parisienne. Si vous n’avez pas la volonté de ses athlètes du confinement, vous avez la possibilité de renouer avec la marche d’une manière toute virtuelle. Le FRAC de Marseille propose en effet sous forme de vidéos des visites de son exposition du moment Des marches, Démarches. Le dernier épisode est à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?
Aucun discours hélas ne vaudra la plus contrainte des flâneries. Que vaut-il mieux, visiter une exposition sur YouTube ou tourner en rond ? Pour Pierre-Joseph Poulmann, criminel guillotiné en 1844, la réponse était toute faite. J’ai écrit une vie brève de cet homme dans un livre intitulé WALKING CLASS HEROES (Éditions du Tripode). Je vous la livre telle quelle.
« Pierre-Joseph Poulmann était un voleur et un assassin. Il avait cambriolé des comtesses, des ministres et des commerçants, il avait assommé à coup de tisonnier un aubergiste qui avait eu l’indélicatesse de tricher sur le nombre d’œufs de son omelette, il avait tué un vieillard pour le détrousser. On l’arrêta, on le jugea, on le condamna à mort. Il refusa les secours du prêtre sous le prétexte qu’ils n’auraient servi qu’à « abattre son courage » et monta sur l’échafaud avec une grande dignité.
Il avait passé les six semaines précédant son exécution à la prison de la Grande Roquette, parcourant dans son cabanon quinze lieues par jour, usant gravement le plancher et obligeant le directeur de l’établissement à lui fournir successivement trois paires de chaussures. »
Et vous offre en supplément le portrait de cet incroyable excursionniste en cellule.
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