Scolariser les jeunes migrants : pour l’ouverture de classes supplémentaires à Marseille
Nous, référent-e-s de scolarité, bénévoles, solidaires, qui accompagnons les adolescents en situation de migration à Marseille, réclamons l’ouverture de classes supplémentaires en établissement secondaire pour permettre l’accès à l’école aux nombreux enfants et jeunes adultes nouvellement arrivés en France.
Chaque jour, nous essayons de permettre à ces jeunes d’accéder à l’école, droit fondamental selon la législation française et la Convention internationale des droits de l’enfant. Nous faisons cela car, trop souvent, les services sociaux n’entament des démarches de scolarisation qu’après plusieurs mois et après y être contraints par des décisions de justice. De fait ces mois perdus auront des conséquences très préjudiciables pour chaque mineur non accompagné pour qui l’accès à l’école est un droit et une demande prioritaire.
Seules ou en famille, les personnes en situation d’exil ont fui leur pays d’origine pour différentes raisons, ont pu vivre de grands traumatismes et sont très souvent en situation de vulnérabilité parfois particulièrement extrême ici à Marseille. Les principales orientations concernant la politique publique d’accueil et d’intégration des personnes étrangères définies lors du comité interministériel à l’intégration du 5 juin 2018 sont claires : il s’agit de favoriser la formation linguistique, l’appropriation des valeurs et principes de la culture du pays et l’accès à l’emploi. Pour parvenir à de telles recommandations, l’école occupe un rôle fondamental pour le perfectionnement ou l’apprentissage de la langue française et l’acquisition de savoirs et de compétences, indispensables pour toute insertion dans la vie professionnelle et a fortiori dans la société.
Depuis la rentrée scolaire 2019-2020, nous avons constaté une situation très problématique pour l’académie d’Aix-Marseille concernant le manque de places en classe de première scolarisation pour des élèves de plus de 16 ans qui y sont orientés. A ce jour plus de 150 sont en attente d’affectations, certains depuis plus de 6 mois. Cette situation concerne en majorité les mineurs non accompagnés, mais également des élèves nouvellement arrivés avec leur famille et des élèves adultes qui sont orientés vers ces dispositifs.
Déplorant de cette situation, nous avons adressé une pétition où nous sommes 119 référent-e-s de scolarité signataires, à laquelle se sont ajoutés les 100 premiers citoyen-ne-s solidaires soutenant notre démarche. Cette pétition envoyée par mail et par lettre recommandée à M. Le Recteur est restée sans réponse. Aujourd’hui, un mois ayant passé, la situation ne fait qu’empirer avec l’arrivée à Marseille de nouveaux jeunes demandant à être scolarisés et qui sont orientés vers des dispositifs déjà complets. Nous avons donc décidé de médiatiser la pétition initiale et d’élargir les soutiens via les réseaux sociaux.
Nous demandons ainsi l’ouverture de classes supplémentaires pour permettre à tous les jeunes d’accéder à l’école. Nous vous demandons de soutenir ces élèves, en signant cette pétition afin de leur permettre d’être intégrés dans les deux mois après le test d’évaluation à une place dans une école, qu’ils soient orientés vers des dispositifs de première scolarisation ou de classes UPE2A.
Pétition de novembre 2019
Pétition des Référent-e-s de scolarité du squat St Just,
à l’attention de M. Bernard Beignier, Recteur de l’Académie d’Aix-Marseille
Nous sommes les référent-e-s de scolarité, bénévoles au squat St Just. Nous sommes plus d’une centaine de solidaires bénévoles à accompagner individuellement un, deux,… Mineurs Isolés Etrangers (appelés aujourd’hui Mineurs Non Accompagnés) qui ont été accueillis au squat depuis un an. Ces jeunes ont au préalable été inscrits pour passer le test d’entrée à l’école (CASNAV) par des solidaires du squat St Just. En ce sens, nous répondons en tant que citoyen-ne-s aux droits et à la demande de ces mineurs isolés étrangers (en situation de grande fragilité sociale et psychique) qui est d’aller à l’école.
1/ Nous répondons aux droits fondamentaux de ces mineurs :
– conformément aux articles 28 et 29 de la convention internationale relative au droit des enfants signée par la France et qui garantit l’accès à l’éducation de tous les enfants.
– conformément aux articles L111-1, L122-1 et L131-1 du code de l’éducation qui est réaffirmé par la circulaire n°2012-141 qui détaille explicitement : « l’école est un droit pour tous les enfants résidant sur le territoire national quel que soit leur nationalité, leur statut migratoire ou leur parcours antérieur »
– conformément à la circulaire interministérielle du 25 janvier 2016 qui précise : « En France, chaque enfant et adolescent a droit à l’éducation, quelle que soit sa situation administrative. Pour faciliter la scolarisation et l’accès aux dispositifs de formation de droit commun des Mineurs Isolés Etrangers, le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche rappelle le cadre juridique en matière de scolarisation selon les âges ».
– conformément à la recommandation 18 de la Commission Nationale des Droits de l’Homme du 26 juin 2014 « La CNDH recommande aux pouvoirs publics de mettre fin aux difficultés pratiques entravant l’accès des Mineurs Isolés Etrangers à la scolarité, à une formation ou un apprentissage. Elle rappelle également que tous les MIE doivent se voir garantir un accès effectif aux cursus de formation de droit commun et non simplement à une éducation au rabais »
2/ Nous répondons à la demande des mineurs :
Ces adolescents demandent ce qui relève de la grande majorité des besoins élémentaires à tout être humain à savoir : avoir un toit, de la nourriture et aller à l’école pour apprendre un métier.
Une grande partie de ces jeunes gens viennent de pays d’Afrique de l’Ouest et ont fait deux à trois ans d’école en moyenne dans la langue officielle du pays qui est généralement le français. Ces adolescents ont vécu des épreuves douloureuses dans leur pays qui les ont amenés à tout quitter, puis au péril de leur vie de réaliser une traversée par le désert et la mer, bien souvent avec de multiples traumas. Ils sont présents aujourd’hui sur notre territoire, dans notre ville, à Marseille.
Notre devoir de citoyen-ne-s dans lequel nous nous reconnaissons est de les accueillir et de ne pas les laisser à la rue et au désœuvrement. Ce désœuvrement qui pourrait entrainer des actes délictueux et de nouveaux drames humains. Nous accueillons ces jeunes de façon inconditionnelle, car nous pensons que nous vivons un moment particulier de notre histoire nationale qui demande la mise en place d’une solidarité citoyenne. Par ailleurs, nous faisons fi des remarques de certain-e-s professionnel-le-s des services sociaux qui s’érigent en physionomistes pour estimer que ces jeunes mentent systématiquement sur leur âge et se dédouanent de cette manière de leurs obligations pour ne pas entrer en relation avec eux ; et ce avant d’y être contraints par de multiples décisions judiciaires qui ne font que rappeler les droits élémentaires des mineurs isolés étrangers. Nous laissons les juges des enfants faire leur travail.
Monsieur Le Recteur de l’Académie, l’accès à l’école est un droit fondamental et il est également la demande première de ces jeunes mineurs isolés étrangers présents aujourd’hui dans les rues de Marseille. La scolarisation de ces jeunes produit un bienfait sans équivalent dont nous, référent-e-s de scolarité bénévoles du squat st just, mesurons quotidiennement les effets sur ces jeunes. Nous estimons à ce jour que le nombre de jeunes qui se sont présentés au CASNAV depuis mai-juin de cette année et sont sans affectation s’élève à plus de 100 mineurs isolés étrangers. Au moins 80 d’entre eux ont une orientation vers un dispositif de 1ère scolarisation en lycée et se retrouvent en attente. Marseille compte à ce jour 6 classes de première scolarisation en lycée qui sont actuellement remplies, nous estimons que l’ouverture de 4 nouvelles classes est un minimum nécessaire pour permettre la scolarisation de tous lors de cette année scolaire 2019-2020.
Monsieur le Recteur de l’Académie d’Aix-Marseille, nous, professionnel-le-s de l’éducation nationale, bénévoles solidaires pour l’accès à la scolarisation, avons aujourd’hui le moyen de permettre l’épanouissement de nombreux adolescents étrangers présents à Marseille qui ne souhaitent qu’étudier et apprendre un métier, c’est-à-dire faire respecter leurs droits. Nous essayons ainsi tous d’accomplir notre devoir républicain et au quotidien, les multiples retours des professeur-e-s de l’éducation nationale nous encouragent dans notre engagement. M. le Recteur votre promesse d’ouverture d’une classe suite à une manifestation des mineurs isolés étrangers devant l’Inspection Académique le mois dernier sera forcément insuffisante. Aujourd’hui nous vous demandons de saisir cette chance et de remédier au manque actuel avec l’ouverture de 4 classes supplémentaires dans des lycées marseillais d’ici la fin de l’année civile 2019, pour permettre l’accès à l’école de l’ensemble des mineurs qui ont passé le test d’entrée à l’école (CASNAV) dans un délai maximum de deux mois.
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