"Une tenue de mariage traditionnel peut coûter jusqu'à 1500 euros"

"Une tenue de mariage traditionnel peut coûter jusqu'à 1500 euros"

Lauréate régionale du prix Talents des cités 2014, Keira Belaiti a construit un projet professionnel sur la frontière émoussée entre tradition et modernité. En effet, sa société Almaβ Cérémonie remet au goût du jour la figure de la negafa. Dans la tradition orientale, cette femme est entièrement au service de la jeune mariée. C'est elle qui l'assiste lors du défilé au cours de laquelle elle doit revêtir au minimum sept tenues différentes. "Le métier de negafa consiste à habiller la mariée et à chapeauter son défilé en tenues traditionnelles, explique la jeune femme. Elle veille également à ce que les rites et les coutumes liés à chaque tenue soient respectés."

Plus prosaïquement, les jeunes mariées rechignent à acquérir les sept tenues nécessaires en plus de la robe blanche de tradition occidentale adoptée depuis plus d'un siècle sur la rive sud de la Méditerranée. Du coup, la negafa va louer les tenues en même temps que ses services. "La robe blanche est généralement la seule robe que les mariées vont acheter. Les autres vont être fournies par la negafa. Au fil du temps, j'ai pu acquérir une quarantaine de tenues traditionnelles, que j'ai faites fabriquer par des artisans dans les régions d'origine avec les accessoire assortis. En plus de cela, j'ai des connaissances sur les us et coutumes que je ne cesse d'élargir et de diversifier, d'autant plus qu'il y a de plus en plus de mariages mixtes." 

Sept tenues, cinq heures de cérémonie

On peut parler de véritable trésor de guerre puisque les tenues traditionnelles peuvent coûter de 500 à 1500 euros pièce. "La mariée qui est dans ma cible est une femme moderne qui ne va pas acheter ces tenues pour les garder. Une negafa va donc lui fournir ces sept tenues, les accessoires et les bijoux pour 1300 euros en moyenne, sans compter les connaissances qui vont avec." Cette vocation ne lui est pas venue par hasard puisque le témoin lui a été passé par "une défunte tante qui assistait les mariées de sa région d'origine. C'est elle qui m'a transmis la passion des coulisses et de l'accompagnement de la mariée."

A 30 ans, Kheira Belaiti prolonge une expérience acquise dans le prêt-à-porter et la restauration. Elle a bénéficié de l'aide de l'ADIE pour mener à bien ce projet désormais abouti. Sa société constituée, siège social en cours d'installation, elle est fin prête pour se lancer sur le marché en septembre et affronter les vingt negafa déjà actives dans la région marseillaise sans compter toutes celles qui exercent de façon informelle. 

Mais Kheira Belaiti ne veut pas s'en tenir à cette seule fonction traditionnelle. En effet, elle veut mettre à profit l'expérience acquise chez le traiteur marseillais bien connu Marrou pour élargir ses activités à l'organisation complète du mariage, repas compris. C'est aussi une manière de compenser la saisonalité des mariages. Outre les 1000 euros accordés à la lauréate de la catégorie Emergence du talents des cités Paca, ce prix lui a permis de bénéficier d'un regard professionnel sur son projet de création d'entreprise.