La porte à 600 000 euros qui reste fermée

La porte à 600 000 euros qui reste fermée

En octobre 2009, Jean-Claude Gaudin inaugurait en grande pompe la nouvelle entrée du port antique permettant d'accéder au jardin des vestiges – ainsi rebaptisé – depuis la rue Henri Barbusse. Cette "rénovation du bâtiment d’accueil [visait] à ouvrir le site historique sur la ville et à renforcer son intérêt patrimonial, culturel et touristique", peut-on encore lire sur le site officiel du maire. Fermée en 2010 pendant la rénovation du musée, elle n'a jamais rouvert.

Pourtant, l'investissement public n'était pas négligeable. Le montant des travaux s'est élevé selon André Malrait, l'adjoint au patrimoine, à un peu plus de 500 000 euros. "586 000 euros", précise Jean-Pierre Zanlucca, délégué syndical FSU et ancien agent de sécurité chargé de la surveillance au musée d'histoire. Le résultat est plutôt chic : un guichet avec tisanerie et toilettes pour les gardiens, une table d'orientation pour visualiser les vestiges et deux portiques pour l'accès au port, puis au musée. Alors pour quelle raison cette entrée coûteuse et monumentale n'a pas rouvert en même temps que le musée flambant neuf en septembre 2013. 

"Elle a toujours vocation à devenir la porte d'entrée principale du jardin des vestiges. Mais on ne va pas la rouvrir pour la refermer", se défend André Malrait. L'adjoint fait référence à des "travaux qui doivent débuter sur le site après l'été et durer six mois". Effectivement, un appel d'offre concernant une étude pour la requalification et la mise en valeur du site archéologique du port antique, arrive à échéance le 5 mai prochain. Sur la nature des travaux, le responsable des monuments à la mairie reste néanmoins très vague : "Il faudra attendre l'études des différentes offres pour communiquer sur les futurs travaux. Ceux-ci devraient se terminer en 2015".

Mais l'excuse est d'autant plus étrange que, selon les prescriptions de l'appel d'offres, les travaux à venir doivent être menés en site occupé. Ce qui signifie que les touristes pourront continuer à visiter le jardin des vestiges quoi qu'il s'y passe. Alors pourquoi pas en empruntant la porte "Barbusse" ? Peut-être ne veut-on pas communiquer sur certains éléments qui pourraient fâcher ?

La porte qui laisse les handicapés dehors

En effet, cette porte construite en 2009, longtemps après la loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances, ne répond clairement pas aux normes d'accessibilité des personnes handicapées. À travers la grille, après les étroits tourniquets, l'accès au jardin se fait par un escalier. À l'époque, l'unique moyen d'accéder au jardin des vestiges était d'emprunter l'un des deux tourniquets exigus et de dévaler la volée de marches au pied de laquelle démarre la visite historique. "Faux, répond Malrait. Une rampe existe à une vingtaine de mètres et c'est elle qui devait permettre l'accès des personnes handicapées. Vous imaginez bien que nous n'aurions pu ouvrir à l'époque sans cela". A cette distance, on ne trouve qu'une entrée de véhicules qui, de mémoire de gardiens, n'a jamais servi à faire passer des handicapés. Mais peut-être s'agit-il de la nouvelle rampe accessible depuis la passerelle. Dans tous les cas, payer si cher une porte qui ne peut être utilisée par une personne en fauteuil roulant, pose tout de même quelques questions.

Espérée en 2015, la remise en service de l'entrée Barbusse permettrait aux croisiéristes qui débarquent des cars de trouver tout de suite la porte du musée sans passer par les actuelles entrées, noyées au milieu du centre Bourse. "Certaines personnes ont beaucoup de mal à trouver les entrées du musée", confirment les agents de caisse. La porte "Barbusse" semble bien avoir été imaginée pour être largement empruntée et, à ce prix là, il serait opportun qu'elle s'ouvre un jour.