Avec la L2, "le tunnel Prado-Carénage aurait peut-être fait faillite"
Avec la L2, "le tunnel Prado-Carénage aurait peut-être fait faillite"
"Vinci boy". Jacques Feron est le directeur général de la société marseillaise du tunnel Prado-Carénage depuis 2008, après une carrière à l'international, notamment en ayant dirigé des concessions aéroportuaires au Cambodge et en Corée. Il est à la tête aujourd'hui d'une des entreprises marseillaises les plus profitables, qui a distribué ces dernières années plus de 80 millions d'euros de dividendes à ses actionnaires principaux, les multinationales Vinci et Eiffage. Ainsi qu'à ses petits porteurs, la SMPTC étant côté sur le marché boursier Euronext.
Pour ces heureux actionnaires, les perspectives 2014 s'annoncent également plutôt sympathiques. La société vient d'annoncer un chiffre d'affaires pour le premier trimestre en hausse de 11% par rapport aux mêmes mois de 2013, porté à la fois par une augmentation du trafic de 6% mais aussi grâce à une hausse du tarif passé au 1er janvier dernier (de 2,70 euros à 2,80 euros). Jacques Feron reconnaît que ces résultats sont bons : "On imagine qu'on sera en fin de concession à 10% de rentabilité, même si aujourd'hui on est à 6% depuis le début de notre activité, ce qui est déjà très bien". Mais il les justifie au regard de la prise de risque de départ et du caractère temporaire de son activité :
Pendant 10 / 12 ans, nous avons perdu de l'argent, on a investi l'équivalent de 300 millions d'euros et on a commencé à gagner de l'argent en 2003 quand le trafic a décollé.
Des dividendes qui selon Jacques Feron, ne partent pas dans "des coffres ou dans des îles" mais sont réinvestis à Marseille, comme dans la construction du tunnel Rège, que la SMTPC a financé en partie, même si cela s'est fait contre "un ajustement des tarifs du tunnel Prado Carénage". Rien n'est jamais gratuit.
Autre reproche souvent fait à cette concession, c'est le fait qu'elle aurait pu ralentir d'autres chantiers prioritaires pour désengorger Marseille d'une circulation infernale, comme la L2 mais aussi le futur BUS (boulevard urbain sud), des concurrents directs et gratuits des tunnels payants. Sur ce sujet aussi le directeur général de la SMTPC se défend vivement. "C'est un fantasme, c'est totalement faux". Pour lui, le retard de la L2 serait simplement dû aux atermoiements de l'Etat. Même si ce retard a bien arrangé les affaires de sa société :
Il est probable que si, comme on l'avait imaginé à l'époque, la L2 avait ouvert en 1995 ou 1996, la SMTPC aurait peut-être fait faillite. Il est évident que si la L2 avait été ouverte avant notre période de retournement en 2002/2003, on serait en difficulté importante.
Jacques Feron n'a en revanche aujourd'hui aucun doute que la L2 se fera : "Le contrat du PPP est signé, le constructeur Bouygues annonce une ouverture fin 2017, la chose importante qui va leur permettre de tenir à peu près ce délai […] est que le financement est mobilisé."
D'ailleurs Jacques Feron est aussi président de la société du tunnel Prado-Sud, dont les actionnaires sont également le groupe Vinci et Eiffage, et qui vient d'obtenir, toujours de MPM, une concession de 46 ans pour ce nouveau tunnel payant ouvert en novembre 2013. Avec cette casquette, il se fait, comme en janvier 2013, l'avocat de la L2 : "On pense que l'ouverture de la L2 va apporter du trafic au tunnel Prado Sud. Aujourd'hui on gère un noeud de congestion, les clients ne sont pas contents mais on n'y peut rien parce que il y a trop de monde à l'entrée du tunnel Prado – Carénage et à la sortie du tunnel Prado-Sud, lorsque l'on va vers Aubagne".
En ce qui concerne le BUS en revanche, Jacques Feron nous confirme que MPM lui a bien garanti qu'il ne serait pas ouvert avant 2026 : "La collectivité nous a dit : on va faire le BUS petit à petit, on n'a pas les financements. On pense qu'on arrivera à le terminer en 2026". Un sujet dont il va sans doute bientôt devoir discuter avec le nouveau président de MPM Guy Teissier, dont, en tant qu'élu de ces quartiers sud de Marseille, on connaît l'attachement à ce projet de BUS. Une négo qui s'annonce un peu sportive pour le président et son nouveau directeur général des services, l'ex patron du port Jean-Claude Terrier. Jacques Feron rode déjà ses arguments :
Si c'est fait avant 2026, soit ça se passe bien et on n'a rien à demander, soit on est en difficulté de trafic et on est en capacité de dire : "vous nous avez donné une fausse hypothèse, vous êtes allés plus vite, on est en difficulté, qu'est ce qu'on fait ?"
Le tunnel Prado-Sud qui pour l'instant peine à décoller même si son président se veut optimiste :
La moyenne hebdomadaire sur les premières semaines était à 6500 passages, aujourd'hui on est à 10 000, avec un équilibre à au moins 15 000. On sait que c'est long, pour le Tunnel Prado-Carénage, on est passé de 20 000 à 30 000 en 2 ans, là en presque 5 mois, on a déjà doublé.
Un frein évident au développement est le prix élevé, 9 euros aller-retour pour traverser Marseille, via les deux tunnels. Jacques Feron le reconnaît par un laconique "c'est cher", mais il en renvoie la responsabilité vers MPM qui selon lui préférerait maintenir ces tarifs élevés afin de développer une alternative au tout voiture, comme les transports en commun. Ce qui compte-tenu des retards pris par Marseille sur ce domaine, reste très théorique.
Commentaires
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Ça fait 31% de bénéfice… grâce en partie à l’augmentation du tarif de 2.7 à 2.8, 10 cts d’augmentation pour plumer les automobilistes et enrichir les actionnaires…
Et ça ne choque personne ?
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On comprend maintenant pourquoi M. Gaudin n’a pas trop insisté pour rappeler à M. Sarkozy l’urgence d’achever la L2, en dépit de la promesse que celui-ci lui avait faite entre les deux tours des municipales de… 2008 : « L’Etat a mis en place les crédits budgétaires et il tiendra tous ses engagements pour que cette voie soit enfin réalisée dans les meilleurs délais. » (http://rue89.nouvelobs.com/marseille/marseille-que-sont-devenues-les-promesses-de-sarkozy)
Une promesse déjà faite par M. Fillon en janvier 2008, accompagnée de précisions chiffrées, comme on peut le lire sur le site de la campagne 2008 de M. Gaudin : http://www.jeanclaudegaudin.net/v4_jcg/index.php?option=com_content&view=article&id=78:francois-fillon-annonce-6-mesures-lpharesr-pour-marseille&catid=8:actualite-marseille&Itemid=47 !
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Cela prouve encore une fois que le privé associè au public avance alors que le tout public reste embourbé dans la politique et …. le manque de sous !
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Les actionnaires de la Société ont l’air heureux. Mr FERON n’a pas l’air angoissé. Je ne suis pas concerné par le sujet car je ne suis pas actionnaire et, en tant qu’utilisateur, le péage du tunnel est bien trop cher pour moi, donc je ne le prend JAMAIS.
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Le tunnel Prado Carenage est déja une erreur urbanistique puisqu’il permet et incite les camions et voitures a aller au centre ville au lieu de le contourner.
Ensuite, on a sacrifié une voie ferrée qui fait bien défaut aujourd’hui entrée le Nord et le Sud de la cité (on va faire un tunnel à 2-3 milliards a l’arrière de Saint Charles pour la remplacer…).
Il faut privatiser les nouvelles voies routières pour concentrer les investissements publics sur les transports en commun.
Je partage l’avis de M. Jacques Feron sur le reflux à terme de la part de la bagnole dans l’espace public.
Tous les tunnels publics devraient être payants. Il n’y a pas de raison pour que le budget général de MPM ne puisse pas financer de TCSP et multiplie dans le même temps les tunnels gratuits….
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L’autoroute A507, initialement nommée rocade L2 de Marseille, offrira aux usagers de la route enfin la gratuité de la traversée de Marseille. Elle devra relier l’échangeur des Arnavaux sur l’autoroute nord (A7) à l’échangeur Florian, à la hauteur de Saint-Loup, sur l’autoroute est (A50), sur une longueur de 10 kilomètres environ, réalisant une traversée de Marseille entièrement autoroutière, sans péage et accessible aux poids-lourds (sauf matières dangereuses).
Cette voie structurante nationale constituera un véritable pied de nez aux actionnaires de la société gérante du tunnel à péage, qui il faut bien le dire, s’en mettent plein les poches. Les marseillais, qui l’ont boudé très longtemps car le coût de la traversée trop onéreuse, sont aujourd’hui contraints et forcés de l’emprunter, excédés par les perpétuelles nuisances de circulation de toutes natures dans une ville qui ne se préoccupe plus de l’usager. …..Ainsi ce tunnel, s’il n’est plus rentable, pourra à terme retourner à sa destination première, le train ou le tramway.
Il faut dire qu’heureusement l’Etat a repris la main sur le redémarrage de la L2 ; sinon les bucco rhodaniens pour desservir et traverser Marseille auraient encore dû attendre la saint glinglin comme pourrait le dire l’inénarrable maire de la 3ème ville de France. (Lyon nous devance désormais).
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