La promenade nocturne, "une expérience de voyage de l'ordinaire"

La promenade nocturne, "une expérience de voyage de l'ordinaire"

A travers le dédale des rues brumeuses ou animées du Cours Julien, guidé par la voix du musicien Christophe Perruchi, le visiteur s'évade, plongé en immersion depuis chez lui dans un paysage urbain à 360°. Carte, photos, vidéos, le circuit invite à déambuler dans le quartier, à la rencontre des artistes, des musiciens surpris en plein concert improvisé au fond d'un bar, d'un restaurateur qui nous livre un secret de cuisine, d'un taggeur qui effectue devant nous son oeuvre sur le rideau métallique d'une boutique. Cette "Promenade nocturne" en 35 découvertes créée par l'artiste marcheuse et conteuse urbaine Julie de Muer avec Google est une prolongation des promenades sonores. Réalisées avec un collectif d'artistes, d'habitants et la radio associative Radio Grenouille, elle étaient sorties en mars 2013 à l'occasion de l'année capitale européenne de la culture.

Et même si à la différence des Promenades sonores qui se vivaient physiquement à travers la ville, la promenade nocturne est une balade virtuelle, "il y a toujours un rapport avec la marche, avec le corps. Je défends l'idée que l'on intègre pas les connaissances de la même manière lorsqu'on est en marche. Ici, pour la promenade nocturne, il y a un côté chasse au trésor, safari urbain" explique Julie de Muer. Mais pourquoi le choix de la nuit ? Cela n'a rien d'étonnant dans la mesure où la balade est directement inspirée de la promenade sonore initiale de Christophe Perruchi, elle-même nocturne, centrée sur les pochoirs urbains. "On avait envie de prendre le contre-pied de tous ces fantasmes de ville dangereuse la nuit, véhiculés par les grands médias". Lesquels, qui, attirés par la notoriété du géant du web ont bien accroché au projet au point d'en faire largement écho.

Pour autant, il ne s'agit pas non plus de se contenter d'enfoncer les clichés et de redorer l'image écornée de Marseille. La balade se veut également critique. Ainsi, dans la promenade nocturne, le problème de l'effacement des murs est abordé, comme la question de l'exploitation commerciale des graphiques urbains, "même si le côté critique est plus important dans les Promenades sonores d'origine", semble légèrement regretter Julie de Muer.

Finalement, la conteuse urbaine estime qu'il s'agit davantage d'une invitation au voyage : "Là, il s'agit d'une expérience de voyage de grande proximité, de l'ordinaire. Dans les promenades sonores, on a une impression de dépaysement y compris lorsque l'on connaît ces quartiers. Ce sont des voyages tout à côté basés sur la rencontre avec l'autre, qu'il soit l'habitant ou l'artiste. Ici, on retrouve toujours ce mélange où on apprend des choses sur la ville avec une dimension poétique en même temps, qui fait appel à l'imaginaire. On découvre ce quartier mais on le "fictionne" aussi. Ce mélange de rêve et réalité colle bien avec la pratique du pochoir, cet espèce de surajout assez ténu sur la réalité qui nous entoure".

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