L'après 2013, c'est plutôt pour 2015
La chose était prévue dès l'obtention du titre de capitale culturelle : celle-ci devait avoir une suite pérenne sur le modèle réussi de Lille 2004. Tout le monde savait aussi qu'après 2013, il y aurait 2014 avec les élections municipales et un gros coup de frein. Du coup, l'élan de l'année capitale s'essouffle. Le risque est là, même s'"ils [les organisateurs] ne veulent pas d'une année blanche". L'expression appartient à l'un des participants du Perle, le think thank culturel baptisé Pour ne pas En Rester Là En 2014 (Perle), lancé par la chambre de commerce et d'industrie (CCI).
Les différents acteurs culturels, économiques et intellectuels réunis par l'institution consulaire* se sont rencontrés pour la deuxième fois hier matin en vue de faire émerger une feuille de route pour l'après 2013. Mais pour l'heure, un flou entoure le projet, sans doute freiné par l'imminence des élections municipales. C'est davantage sur son esprit que sur son contenu concret que les différents acteurs ont été amenés à échanger hier matin.
"Moins de monde"
D'ailleurs, d'après l'un des acteurs présents jeudi matin, "il y avait deux fois moins de monde que pour le premier Perle". Les acteurs culturels présents comme Karwan ou encore la Friche de la Belle de mai, n'ont pas proposé de pistes détaillées de programmation. Même si les acteurs de la Friche réfléchissent à des pistes pour faire fructifier les effets positifs de la capitale. L'évènement This is not music pourrait réapparaître en 2015 avec une version courte en 2014 qui servirait de teaser avant l'été. Mais, comme beaucoup d'acteurs culturels, la Friche attend de voir son avenir stabilisé d'un point de vue financier. Et cela dépend en partie des ventilations du budget municipal dédié à la culture. Difficile de se projeter dans un projet collectif au financement flou lorsqu'on n'est pas soi-même certain d'être soutenu à la même hauteur.
Lors de la première réunion du Perle en février, il était pourtant question de quelques pistes de travail : ont circulé l'idée d'une biennale, d'un festival des équinoxes ou d'un évènement retentissant à Pâques, période creuse pour la culture à l'échelon national et plutôt propice pour le climat. Mais rien de tout cela n'a été évoqué plus avant. Seul Jean-François Chougnet, directeur de Marseille-Provence 2013 – qui n'a pas encore décidé de son degré d'implication post capitale -, défend quelques idées mais dans la droite ligne de ce qu'il voudrait prolonger ou amplifier de son année capitale. Notamment les ateliers de l'Euroméditerranée ou encore le sentier de grande randonnée. Pour lui, "il faudrait reprendre les quartiers créatifs, le projet pourrait déboucher sur une échelle métropolitaine. Si des erreurs ont été commises, par excès de naïveté, certains ont bien fonctionné comme celui d'Arles et d'Aix notamment." Autre erreur qu'il ne faudrait pas reproduire, l'absence du hip-hop local : "Nous avons attendu que le monde du rap sorte ses propositions, seul. Il aurait fallu que nous fassions des propositions, quitte à nous faire retoquer".
"Dimension populaire"
Pour rester fidèle à l'esprit de MP2013, Laurent Carenzo, conseiller spécial de Jacques Pfister, lui-même président de la CCI, insiste sur "la dimension populaire qu'il faut garder, tout comme le rayonnement international. Il faut aussi conserver l'exigence culturelle". Un consensus a également émergé sur la date d'éclosion de l'après 2013 : "tout le monde est tombé d'accord pour dire qu'il faudrait un projet en 2014 qui soit le prélude à une véritable suite en 2015", ajoute Laurent Carenzo. Pas question de laisser une année blanche en 2014, même si pour Jean-François Chougnet, "une année électorale est toujours une année de mise en place, plus que de production."
Des questions se posent encore sur la durée de l'événement, à savoir s'il serait plus opportun de l'imaginer sur une période de plusieurs semaines, ou concentré à un moment donné. Idem sur le contour géographique du projet dont les ambitions premières étaient métropolitaines. Cela pose quelques complications. La métropole continue d'être un repoussoir pour les maires de nombreuses communes autour de Marseille. Enfin, se limiter à l'aspect métropolitain exclut de fait des communes actives pendant l'année capitale, comme Arles. "Sur le périmètre, finalement, explique Laurent Carenzo, nous avons trouvé un consensus autour du département, qui évite de rentrer dans des discussions sur le découpage administratif de la métropole." L'idée est de reproduire à peu près le territoire de MP2013, sans contours strictement établis. Anne Guiot, directrice de Karwan estime que dans ce cadre là, leur expérience peut s'avérer fructueuse : "Karwan a cette pratique territoriale des différentes villes" notamment à travers la Folle histoire des arts de la rue, dont l'itinérance départementale est financée par le conseil général.
Comité de pilotage inconnu
Rien n'a été décidé sur un éventuel comité de pilotage, même si celui-ci devrait réunir des acteurs du monde culturel, économique et politique. Pour ces derniers, il faudra attendre les résultats des élections et le vote des budgets de la culture dans chaque commune. Mais il existe une autre inconnue pour les collectivités, déterminant la hauteur de leur participation : la métropole. Jean-François Chougnet estime qu'il va être compliqué pour celles-ci de se positionner clairement sur un plan d'investissement à l'approche du projet métropolitain. "Elles vont logiquement vouloir attendre de voir ce que la métropole va prendre en charge".
De cette deuxième réunion du Perle, un rapport autrement nommé "plateforme" devrait émerger avec une retranscription des rares pistes qui y ont été abordées entre les différents acteurs présents lors de la réunion. Petit hic, admet Laurent Carenzo, "on a pas encore tranché à qui on allait l'adresser. Évidemment aux acteurs présents au Perle. Mais concernant les élus, les collectivités locales, on ne sait pas encore. On va d'abord le rédiger !". Le prochain rendez-vous est pris après les élections, mi-avril, sans que la date soit arrêtée. Le nouveau maire sera connu mais pour connaître son élu à la culture et le vote de son premier budget, il faudra encore patienter.
* Par ailleurs annonceur de Marsactu
Commentaires
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En résumé, ces gens ne savent pas vraiment quoi faire, ni où le faire, ni même quand le faire, mais sont cependant certains d’une chose : il faut coûte que coûte maintenir ouvert le robinet d’argent public qui coule dans leurs poche. Pour le projet on verra plus tard, on bricolera un truc en faisant croire qu’il fallait bien tout ces millions d’euros de subventions pour le financer. Quand on voit les salaires des dirigeants de l’association Marseille Provence 2013, on comprend mieux pourquoi ils ne veulent pas en rester là ! Triste.
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Et si vous posiez la question aux Artistes de Marseille … vous savez ceux qui se sont fait refouler de votre sélection … parce que trop local .
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Cà fait vraiment de la peine d’entendre de telles platitudes sur la culture..
C’est cuit , sauf pour quelques amis cooptés. Comme d’hab.
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Voici comment nos politiques enterrent ce qui pourrait être un beau succès. Incapables de faire comme à Lille et de surfer sur la vague CEC…
Dommage.
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Tous les politiques se sont congratulés de cette année 2013 et des incroyables retombées de l’événement sur l’économie de la ville, et aucun candidat à la mairie ne mettent en évidence la culture comme dynamisme économique !!!
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C’est “drôle” tout de même ! On attend toujours les bilans chiffrés de MP 2013, notamment un compte-rendu détaillé des nombreuses erreurs commises, pour certaines très coûteuses pour les contribuables métropolitains. Mais alors que ces bilans et compte-rendus ne sont toujours pas produits, la CCIMP se lance déjà dans l’après MP 2013 ? On voudrait lancer un écran de fumée autour de ces bilans de MP 2013 que l’on ne s’y prendrait pas autrement ? Sacré Jacques Pfizter (président de MP 2013 et président de la CCIMP…) ! Trop fort le gars !
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