A Lodi, les riverains défendent leur jardin contre un parking

A Lodi, les riverains défendent leur jardin contre un parking

Après 5 longues années de bataille judiciaire, le parc Michel Levy a fermé ses portes lundi 3 juin. En début d’après-midi, deux agents municipaux ont enchaîné les grilles. Il n’en fallait pas plus pour que les habitants du quartier s’arment d’une scie et libèrent le jardin. Quelques heures après sa fermeture officielle, ils étaient une centaine à réinvestir "le poumon du quartier" comme l’appelle Gaid Khan, une maman qui milite pour la sauvegarde du parc. De nouveau, les enfants courent dans l’aire de jeux. Heureux mais un peu déçus car la plupart de leurs jeux ont disparu. Au sol, on voit encore les marques de cette amputation. De leur côté, les parents évoquent le projet d’Unicil. 49 logements sociaux et un parking de 300 places devraient remplacer les arbres centenaires. Depuis 2007, la Ville a décidé de transformer ce petit espace vert pour y implanter du logement. Elle répond à cela à un reproche récurrent de l'opposition qui souhaite que les HLM soient mieux répartis sur tous les secteurs de la ville. Le 6e arrondissement est très éloigné des 25% de logements sociaux qu'imposent la loi aux communes.

Les riverains sont peu sensibles à l'argument. Pour eux, il existe bien d'autres lieux que cet espace arboré pour implanter des logements. Mercredi 5 juin, Gaid Khan ainsi que les membres de l'association de sauvegarde du Jardin Michel Levy invitaient les médias pour une nouvelle mobilisation. Une fois la grille réouverte, le vice-président de l’association montre du doigt l'espace qu'occuperait le futur bâtiment. Selon lui, le boulodrome sera sacrifié et un tiers de l’aire de jeux disparaîtra. Il précise ensuite que le déclassement du terrain sera voté le 17 juin en conseil municipal. Cette dernière procédure permettra au chantier de démarrer.

"Manoeuvres spéculatives"

Les voisins en colère espèrent se saisir de cette occasion pour arrêter le projet. Un bien maigre espoir. Même si plusieurs élus de l'opposition sont venus prêter main forte aux riverains pour ce moment de mobilisation. Sébastien Barles pour les Verts, le maire de secteur socialiste des 1/7e Patrick Mennucci et le communiste Christian Pellicani dénoncent chacun à leur tour "les manoeuvres spéculatives" de la mairie.

Mais si le collectif a réussi à fédérer pas mal de riverains, tous ne sont pas mécontents du projet de la Ville. Ainsi le Comité d'Intérêt de Quartier (CIQ) Baille/Lodi ne voit aucun inconvénient aux travaux. Monique Vedel, la présidente, qualifie le jardin de "sale et fréquenté par des alcooliques ou des trafiquants de drogues". En plus d'une rénovation, le projet dispose d'un atout qui a fait mouche auprès de la présidente : la construction du parking de 300 places dans un quartier où se garer devient difficile.

Absent à la conférence de presse, conseiller d’arrondissement UMP, Philipe Berger, voit ces travaux comme une aubaine : "Le jardin et la maison de quartier sont délabrés. Après les travaux, tout sera neuf et aux normes". Pour lui, pas de quoi se révolter. Quant à la végétation, "certes il n’y aura plus les arbres centenaires, mais il y aura de vrais arbres et pas des arbustes comme nous avons pu l’entendre". Le conseiller d’arrondissement veut rassurer les habitants qui voient leur parc changer de propriétaire : "il sera prévu dans le rapport du conseil municipal, que le bâtiment d’Unicil abritera le centre social et que le promoteur rendra la parcelle destinée à devenir le nouvel espace vert Michel Levy". Sur ce dernier point, la municipalité doit encore vaincre le scepticisme des riverains.