Au Mucem, François Hollande inaugure la métropole

Au Mucem, François Hollande inaugure la métropole

“Je suis venu à une inauguration, me voilà invité à un mariage. J’accepte la proposition bien volontiers”. Entre François Hollande et Jean-Claude Gaudin, l’ambiance était à l’union au Mucem, que le président de la République inaugurait ce mardi après-midi. En clôture de son discours, le maire de Marseille avait conclu par un “voilà, c’est un mariage pour tous”. Le bon mot fera rire jaune l’UMP – dont de nombreux élus étaient présents sur le J4 – et les manifestants qui ont essayé depuis le Pharo de signifier leur opposition à la loi entrée en vigueur fin mai. Surtout à deux pas d’une exposition “Au bazar du genre” qui les hérisse tout autant. Mais pour entendre de la bouche du président que “l’État sera toujours derrière cette grande ville, cette grande métropole qu’est Marseille”, cela vaut bien de froisser quelque peu Catherine Giner, son adjointe en pointe dans la Manif pour tous 13.

Il n’était pas non plus interdit de voir dans le mariage évoqué autre chose que ce musée national décentralisé financé en grande partie par l’État ou la continuité qui voit Hollande inaugurer un bâtiment où Sarkozy prononçait l’année précédente ses voeux à la culture. C’est aussi celui des trois universités, celui des territoires au sein de Marseille-Provence 2013… et celui qui se profile au sein de la métropole Aix-Marseille Provence. Pour ses opposants comme le sénateur et rapporteur du premier projet de loi de décentralisation Alain Richard, cela reste tout de même “un mariage forcé”.

“Des silences qui en disent long”

“La métropole, j’ai prononcé le mot”, s’est amusé François Hollande face aux parlementaires de gauche massés aux premiers rangs, pour beaucoup opposés au projet de loi. “Je sens ici des silences qui en disent long, a-t-il ajouté pour ceux qui n’auraient pas compris les destinataires de ses paroles ce jour-ci. Il existe aujourd’hui au sein de la métropole six intercommunalités. Peut-on avoir six politiques de transports, du logement, de l’énergie, six réseaux d’aides aux entreprises ? Poser la question, c’est déjà avoir la réponse.”

Je souhaite que le dialogue se poursuive, que la concertation s’engage autant que possible, mais il arrive un moment ou la décision doit être prise (…) L’Etat ne veut pas décider à votre place, surtout pas de Paris, mais l’État ne peut pas être insensible, indifférent par rapport à l’avenir de la métropole Marseillaise.

Alors que certains pensaient Marylise Lebranchu peu soutenue au gouvernement, l’intervention du président pèse, à l’heure même où le débat au Sénat arrivait au cas marseillais (finalement repoussé en attendant le vote du cadre sur les métropoles “classiques”). “C’est sûr que la métropole se fera. Marylise Lebranchu l’a dit, Jean-Marc Ayrault aussi et François Hollande vient d’affirmer clairement sa volonté”, admet Vincent Burroni, député opposé au projet de loi porté. “Je ne suis pas opposé à la métropole en tant que telle, précise-t-il. Ce sont les conditions – à marche forcée, avec trop d’étapes en même temps.”

Répartition des richesses

Le maire de Marseille, qui réserve encore son vote sur la loi, aura lui apprécié cette phrase : “Est-ce qu’on peut accepter qu’il y ait de la prospérité s’il y a des lieux de pauvreté sur le même territoire, est-ce qu’on ne va pas créer des confrontations pour demain ?” Une variante de son classique “corset montagneux qui entoure Marseille, la richesse étant à l’extérieur”. Même s’il a dû se parer d’un masque impassible lorsqu’un sujet de discorde – les emplois d’avenir qu’il rechigne à mettre en route à la mairie – est arrivé au menu.

“Il m’est rapporté que ce dispositif ne rencontre pas encore ici tout le succès qui était attendu. Je saisis cette occasion pour lancer un appel à toutes les grandes collectivités ici représentées : l’État met 75%, si les autres collectivités font le reste, nous pouvons proposer 100% aux associations.” Le message vise en premier lieu la mairie de Marseille, qui n’a pour l’instant pas signé la moindre embauche sous cette formule. Mais à défaut de Jean-Noël Guérini et Sylvie Andrieux, socialistes absents que le chef de l’État ne tenait de toute façon pas spécialement à croiser, il avait tout de même face à lui deux élus aussi touchés par les affaires. François Bernardini est l’ancien premier secrétaire du PS13 condamné pour abus de confiance et le sénateur divers gauche Serge Andréoni, à qui il a serré la main, est mis en examen dans l’affaire Guérini. Enfin bon, tant que ces deux maires, respectivement d’Istres et de Berre, financent des emplois d’avenir…