Alexandre Guérini n'habite plus à l'adresse indiquée

Alexandre Guérini n'habite plus à l'adresse indiquée

C'est une page qui se tourne pour la famille Guérini. En effet, depuis deux générations au moins, la famille jouissait d'une adresse dans un immeuble HLM parmi les plus prisés de Marseille. Propriété d'Habitat Marseille Provence, logeur social de la Ville, ce bâtiment de quinze étages donne sur la mer de tous côtés ou presque. Les plus chanceux des locataires ont même une vue directe sur la plage des Catalans.

Autant dire qu'un HLM à cet endroit se chérit comme un patrimoine familial. C'est ce que la famille Guérini avait réussi à faire. Antoine, le père de Jean-Noël et Alexandre bénéficiait d'un appartement à deux pas du cercle des nageurs depuis le temps des grandes largesses defferristes relayées par les élus de terrain comme le tonton du Panier. C'est là que Jean-Noël a débarqué depuis le village corse de Calenzana où la famille a ses racines.

Cette adresse a reparu dans les méandres de l'affaire judiciaire qui vaut aux deux frangins d'être mis en examen pour association de malfaiteurs, entre autres chefs d'accusation. En décembre 2010, le Canard Enchaîné révélait l'affaire. Un simple oubli de l'office municipal qui percevait le loyer d'un locataire décédé et ne s'interrogeait pas sur l'identité de ceux qui avaient pris sa suite. A la suite de l'hebdomadaire satirique, Médiapart questionnait le directeur général de l'office HLM, Jean-Luc Ivaldi qui notait alors qu'un courrier était parti «dans le cadre de la procédure normale, pour demander à son frère Jean-Noël Guérini un double de l'acte de décès». 

Longs courriers

Visiblement, la Poste connaît une certaine thrombose à Marseille. En effet, plus de deux ans après ledit courrier, fin 2012, Alexandre Guérini crêchait toujours dans la belle barre blanche. L'édition du 1er février des Nouvelles Publications présentait en page 51 une annonce légale concernant la SMA Environnement, une des sociétés de la galaxie d'Alex. Cette annonce fait état de la nomination d'un directeur général "suivant décision en date du 24 décembre 2012, le président de la société, Monsieur Gilles Pascal, a nommé à compter de ce jour Monsieur Alexandre Guérini, demeurant 40 rue César-Aleman 13007, Marseille en qualité de directeur général".

N'écoutant que leur courage, les reporters de Marsactu se sont immédiatement rendus sur les lieux pour vérifier si le sieur Guérini avait toujours du linge au balcon. Il a fallu passer le double barrage d'un digicode à caméra. Pour ce faire, nous avons honteusement profité de la présence d'un sénior en galère avec l'électronique pour nous introduire à sa suite. Au pied du 40, la liste de noms n'indique aucun Guérini, ce que le gardien confirme : "Ah non, pensez vous, ce monsieur, cela fait un an qu'il est parti. Il y a ce monsieur à la place". A l'appui de ses dires, il pointe une boîte aux lettres dont on ne peut pas lire le nom.

Comme une information ne vaut que si elle est vérifiée, nous avons doublé ce reportage d'un appel à Habitat Marseille Provence. Chez le logeur, on nous enjoint de faire un courrier : "On ne donne pas ce type d'informations par téléphone". Aussitôt dit, aussitôt fait. Au bout de quelques semaines d'attente, une lettre du directeur de l'exploitation et de la proximité d'HMP arrive à l'adresse de Marsactu.

Cette dame écrit : "En retour je vous confirme que Monsieur Guérini n'est plus locataire de notre organisme depuis le 27 décembre 2012". Soit trois jours après la décision du président de SMA Environnement. Il aura donc fallu deux ans quasiment jour pour jour pour qu'HMP réussisse à déloger Alexandre Guérini de son HLM patrimonial. Quant à l'annonce légale, elle ne l'est qu'à trois jours près.

Rectification : Jeudi 21 mars, le directeur général d'HMP, Jean-Luc Ivaldi nous a appelé pour nous informer d'une boulette commise par ses services. En effet, contrairement à ce qu'écrivait le directeur de l'exploitation et de la proximité du logeur social dans un courrier à nous adressé, Alexandre Guérini a quitté son logement des Catalans le 27 décembre 2011 et non pas en 2012. Par conséquence, l'annonce légale parue en décembre 2012 ne l'est pas (légale) puisqu'elle mentionne une adresse qu'il n'habite plus .