Renan Duthion (Insee) : "Une baisse deux fois moins forte" de l'industrie régionale

Renan Duthion (Insee) : "Une baisse deux fois moins forte" de l'industrie régionale

Du simple au double. Alors qu'en France, l'industrie a perdu 19% de ses emplois au cours des 10 dernières années, les effectifs n'ont reculé "que" de 9% dans la région. C'est l'enseignement principal de l'étude présentée jeudi par l'Insee et la direction régionale de l'emploi. Première explication : des secteurs en difficulté comme l"'automobile, le textile mais aussi les industries du bois et du papier sont peu présentes" dans la région, note Renan Duthion, directeur de l'Insee Paca. A contrario, l'aéronautique et l'eau et les déchets y sont fortement implantés, avec "30 000 emplois" cumulés.

L'eau et les déchets, dont "les effectifs ont été multipliés par 2,6 en vingt ans", ont beaucoup profité "d'une délégation croissante des services publics vers le privé", transformant des emplois publics dans les services techniques municipaux en des emplois comptabilisés comme industriels. Mais ce secteur affiche aussi "un taux à l'exportation élevé (…) Les spécificités de Paca, région du Sud, sont transposables à des territoires du pourtour méditerranéen". Lors de la conférence de presse de présentation de l'étude, le préfet Hugues Parant s'est félicité de "cette présence très porteuse pour l'avenir, dans un contexte de rareté de l'eau, de pression urbaine et touristique très concentrée".

Le "coeur de cible" de la BPI

Mais quand on parle d'industrie, outre la pétrochimie de l'étang de Berre, qui sera étudiée plus spécifiquement via l'Atelier du territoire récemment lancé, on pense à l'agro-alimentaire. Des semouleries et minoteries liées au port de Marseille en allant vers Fralib et Netcacao dans la vallée de l'Huveaune, elle a mangé son pain noir localement. Mais à tout prendre, elle ne s'en sortirait pas si mal par rapport aux autres secteurs, étant "traditionnellement moins soumises aux cycles. Même en période de crise il faut bien se nourrir", analyse Renan Duthion. Problème : il s'agit souvent d'"unités très intégrées à l'international, avec les risque que cela comporte". Autrement dit une fermeture décidée unilatéralement par la maison-mère peut frapper quel que soit le contexte.

Ce schéma, l'industrie provençale y échappe heureusement davantage que la moyenne française. Elle comporte plus "de petites unités, notamment de moins de 10 salariés et une moindre dépendance aux groupes". Revers de la médaille : pour l'"effort à l'innovation, l'ouverture à l'export, le fait d'être adossée à un groupe est un avantage". D'où une nécessité d'accompagnement, sur laquelle le préfet a lourdement insisté jeudi. "C'est le coeur de cible de la banque publique d'investissement, la création d'emploi se fera par ces acteurs-là, que nous avons intérêt à regrouper notamment via des pôles de compétitivité".