"Marseille est en train de devenir modeste"

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le 4 Déc 2012
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"Marseille est en train de devenir modeste"
"Marseille est en train de devenir modeste"

"Marseille est en train de devenir modeste"

Bonheur du calendrier, l'agence d'urbanisme de Marseille (Agam) a sorti de ses cartons une très belle exposition intitulée "Marseille, de la ville à la métropole", au moment précis où le sujet agite le landernau politique jusqu'à Paris. Dans le cadre de cette exposition, l'Agam propose une série de conférences qui éclaire la question métropolitaine. Ce jeudi, c'est l'architecte et historien, René Borruey qui planche sur le sujet et place la métropole dans une perspective historique sous l'intitulée "Histoire de l'avenir métropolitain".

"L'histoire ne doit pas être regardée comme un grand bloc du passé. Elle s'écrit aujourd'hui", analyse cet historien de l'espace portuaire. "On commence à en parler à la fin du XIXe siècle. Et, surtout au début du XXe siècle. On parle déjà du grand Marseille. C'est à la mode à l'époque, on parle du grand Paris, du grand Londres". Forte de son industrie et de la rente coloniale, Marseille triomphe sur tous les continents avec une vraie certitude de sa puissance. "Déjà, on regarde à l'ouest, du côté de l'étang de Berre et du golfe de Fos où l'on sait déjà que l'on peut construire un grand port. A l'époque, l'idée que l'on a de l'avenir métropolitain, c'est un grand Marseille qui colonise son territoire. Et je dis ça à dessein car il y a une vision de la suprématie de Marseille".

"L'astre Marseille décline"

Curiosité de l'histoire, Aix n'apparaît pas dans ce schéma d'expansion. "Elle reste dans le blanc de la carte. C'est sans doute la ville provençale magnifique qu'elle est aujourd'hui mais elle n'entre pas dans le schéma industrialo-portuaire de Marseille". A l'époque, Marseille apparaît sûre de sa suprématie. Ce schéma d'aménagement attendra plusieurs décennies avant d'être mis en oeuvre par l'Etat gaullien. Entre temps, l'économie marseillaise s'effondre avec la décolonisation. "Or, le capitale marseillais n'a pas les moyens d'investir à l'ouest comme il en avait le projet mais investit dans l'immobilier. L'état prend en charge l'idée et voit la position géo-stratégique de Marseille. Il construit un projet d'aménagement industriel autour de Fos-sur-Mer. Pour l'Etat, le futur de Marseille, c'est toute cette région là et, cette fois, Aix-en-Provence est considéré".

Pour l'historien de la métropole "Marseille va s'exclure de ce schéma". Elle doit être le centre directionnel de ce dispositif. Un centre directionnel est même imaginé à côté du centre bourse. Mais la Ville finit par se méfier de cette promesse de l'ouest et des communes de l'étang-de-Berre. Gaston Defferre refuse alors de s'asseoir à la même table d'une communauté urbaine qui comprendrait ces villes et ces maires concurrents. "Notre département compte les plus grandes communes de France. 119 communes alors que la moyenne nationale est de 360 communes. Ces maires ne sont pas des gens qui sont prêts à admettre que Marseille les domine". A l'époque, c'est Aix qui tire son épingle du jeu et joue de son identité provençale pour acquérir une image internationale. Pendant ce temps, "l'astre Marseille décline".

Pour René Borruey, cet astre affaiblit retourne une vigueur sous l'impulsion de l'Etat notamment avec la création d'Euroméditerranée "qui est une opération qui a un sens dans l'aire urbaine et au-delà". Pour l'historien, il y a encore des raisons d'espérer. "Marseille est en train de redevenir modeste en admettant qu'elle n'a plus la puissance qu'elle a eu par le passé et qu'il faut qu'elle apprenne à la reconstruire autrement". L'aire métropolitaine marseillaise pourrait alors devenir "Aix-Marseille Métropole".

Conférence de René Borruey, jeudi 6 décembre, Hall Castel, DDTM/Dréal, 16 rue Zarattra, Marseille (3e)

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Commentaires

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  1. puig puig

    la nouvelle structure, indispensable, doit reposer sur l’« harmonie conflictuelle », comme l’appelle le sociologue Michel Maffesoli. C’est à dire une régulation spontanée et réciproque d’éventuels différends, parallèlement à une confiance totale dans la souveraineté intrinsèque de chacun.

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  2. Militant exaspéré Militant exaspéré

    Monsieur Boucaud, embauchez Puig , il ferait des articles de temps en temps, et arrêterait de philosopher à longueur de temps avec ses commentaires qui n’intéresse que très peu le lecteur lambda. Merci

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  3. Anonyme Anonyme

    Marseille a toujours été une très grande ville par son banditisme connu dans le mond entier.
    Sur ce point de vue, elle serait même en expansion.

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  4. athe athe

    Une métropole Aix-Marseille.. génial! C’est en gros ce qu’on a actuellement. Et le problème, c’est que rien n’avance parce que ,justement, Aix et tous les autres petits barons du coin se contentent de bloquer toute évolution. La métropole n’a qu’un sens, si on a une vision, si on sait ce qu’on veut en faire. Sinon on peut laisser les choses tout simplement comme elles sont.
    Une métropole Aix-Marseille est en tout cas grotesque.

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  5. Bod66 Bod66

    Ils sont déjà d’accord sur le conflictuel, reste à accorder leurs violons pour le caractère harmonique
    De la chose.

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