Rien de plus folklo qu'un vote au PS 13

Au PS 13, beaucoup le réclament : il faut "laver le linge sale en famille". C'est sûrement pour ça qu'on convie parfois des huissiers aux agapes. Rien ne dit si un représentant de l'honorable profession surveillera ce soir le vote devant désigner le premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône dont le résultat – la réélection de Jean-David Ciot – ne semble guère faire de doutes. Pour trouver du suspense, il faudra plutôt descendre d'un cran dans la hiérarchie socialiste avec les élections des secrétaires de section.

Après un vote partiel en octobre dans les nouvelles sections nées de la division des groupes trop imposants, tous les militants sont cette fois-ci appelées à désigner leur chef local pour 3 ans. Particularité, une des deux sections aixoises votera pour son patron pour la troisième fois en un mois. Rien que ça. Patrice Poli y affronte Jacky Lecuivre, le sortant qui a ravi à la surprise générale il y a deux ans le poste face à Olivier Sana, un proche du conseiller général et ancien candidat à la mairie Alexandre Medvedowsky.

Lecuivre depuis mène sa barque comme il l'entend – quitte à s'attirer les foudres de certains dont Jean-David Ciot – et n'hésite à faire savoir à quel moment il est en désaccord. Ainsi, en mars 2011, il fait voter une motion adressée au premier fédéral pour contester le mode de désignation de Jean-Noël Guérini comme candidat du PS à la tête du conseil général. "Nous regrettons que malgré tous les talents de nos conseillers généraux, une seule candidature nous soit proposée ce soir", écrit-il à l'époque.

Des fichiers "pas mis à jour" ?

Cette stratégie du vote frondeur, il l'a ressortie début octobre alors qu'il s'agissait d'élire les secrétaire des deux nouvelles sections aixoises, la seconde étant rendue nécessaire par le dépassement du seuil maximum de 250 adhérents. Au cours d'une assemblée générale, Lecuivre s'emporte et dénonce des listes électorales pipées pour atteindre 256 militants et ainsi rendre le redécoupage obligatoire. Ces listings sont arrivés bien tard, même les équipes en place l'ont reconnu, mais Lecuivre va plus loin : "Les fichiers ne sont pas mis à jour, des morts n'ont pas été rayés, des départs n'ont pas été pris en compte, des nouveaux noms sont arrivés", lâche-t-il face à une assemblée médusée sans préciser qu'il a aussi un rôle à jouer dans leur tenue. Il poursuit et cite Abraham Lincoln – "Il n'y a que les lâches qui se taisent" –  et fait voter dans la confusion le boycott de l'élection des secrétaires de section qui doit avoir lieu le jeudi.

Mais le jeudi suivant, les urnes sont transparentes, belles et bien installées. La fédération a mandaté un huissier de justice, Me Didier Duplaa, qui surveille de près le secrétaire récalcitrant. Le langage technique employé ne fait que rajouter du sel à la scène.

Quelques minutes après notre arrivée nous constatons une agitation des personnes présentes. Il nous est indiqué que les deux urnes destinées au vote des Sections ont été emportées par des personnes présentes. Nous intervenons. Nous constatons que Mr Jacky LECUIVRE porte une urne. Nous l'invitons à la restituer et la remettre en place afin que le vote puisse intervenir. Il indique contester la tenue de cette élection. Après discussion entre les présents les urnes sont remises en place.

Selon Didier Duplaa, il tente à nouveau de faire respecter par la ruse la décision de l'assemblée générale.

A 21 h 15, il nous est signalé que les bulletins de vote du bureau 2 ont été subtilisés par Mr Jacky Lecuivre. Nous constatons que celui-ci se dirige vers l’extérieur et disparaît. ll est décidé de fabriquer des bulletins de vote à partir de feuilles vierges. Le vote continue. A 22 h 00 le scrutin est clos. Il est procédé au dépouillement.

Les résultats sont finalement proclamés. Match nul 27 à 27, un bulletin nul. Il faudra revoter une semaine plus tard pour cette section Aix-ouest. Le jeudi suivant, le 18 octobre, deuxième tour, Lecuivre l'emporte largement. C'est ce mandat – de quatre semaines – qu'il remet en jeu ce soir, toujours face au même adversaire. A priori, sans trop de risques d'être balayé ce coup-ci. Mais, pour une raison légitime ou non, la sortie d'une secrétaire de section n'aura pas grandi le PS 13.

Ce soir, Nathalie Pigamo comme Jean-David Ciot, les deux candidats auront chacun un observateur (et des huissiers ?) dans chaque bureau de vote. Le gagnant, quel qu'il soit, aura du boulot pour redonner du lustre à cette fédération dont l'élection du soir sera qui plus est boycottée par certains militants dont Michel Pezet et Renouveau PS 13.

Le constat d'huissier :