Parrainages dans le département : la surprise Dupont-Aignan

Parrainages dans le département : la surprise Dupont-Aignan

C'est le marronnier des campagnes présidentielles : qui a parrainé qui ? Ce week-end, une liste de 500 noms par candidat a été devoilée par le conseil constitutionnel dans le journal officiel. Un simple échantillon car les 500 élus par tête de pipe ont été choisis par tirage au sort. Dans cette sélection, on surveille particulièrement les "petits" maires, plus libres des appareils politiques que les députés ou les conseillers régionaux.

A ce petit jeu, pas grand chose à se mettre sous la dent pour le scribouillard marseillais. Certes, il y a le soutien surprise du conseiller général Félix Weygand, fils de l'ancien président du département Lucien, au candidat anticapitaliste Philippe Poutou. Mais ça fait pas un papier. Pour nous sauver, il fallait bien un Nicolas : Nicolas Dupont-Aignan, candidat souverainiste et président de Debout la république.

Huit soutiens dans les Bouches-du-Rhône

Le pourfendeur des prix à la pompe qui décollent et de l'euro a réalisé une jolie razzia dans les Bouches-du-Rhône. Huit maires, quatre de gauche, quatre de droite (voir carte ci-dessous), ont choisi de l'appuyer dans son chemin vers le premier tour. "On me demandait un parrainage, j'ai fait 900% (ndlr, en incluant un parrainage obtenu à Pourcieux dans le Var)", lance, pas peu fier, le responsable de DLR 13, Raoul Cayol. Cet octogénaire, médecin à la retraite  qui s'est passionné pour l'économie, a passé des coups de fil, écumé les mairies pour convaincre les édiles d'apporter leur concours.

Pour cela, peu importe la couleur politique.  "Ce n'était pas forcément plus compliqué dans les mairies de gauche", souligne-t-il. Sa recette ? Convoquer ses vieux souvenirs de gaulliste qui à 12 ans s'était "arrêté de pleurer la défaite en écoutant sur radio Londres le général de Gaulle le 18 juin 40". "M. Lenel, le maire (communiste, ndlr) de Saint-Savournin a signé tout de suite, poursuit-il. On s'est souvenu qu'avec le général de Gaulle, on avait signé ensemble le programme du Conseil national de la résistance." L'argument convainc notamment Jean-Pierre Dufour. Le maire divers gauche de Sainte-Estève-Janson votera Jean-Luc Mélenchon au premier tour. Même s'il n'adhère pas aux solutions proposées, il dit "partager avec Dupont-Aignan une même analyse critique du système" reprenant un parallèle que ne dément pas le candidat. Même raisonnement pour son homologue de Saint-Pol-les-Durance, Roger Pizot : "Il veut renationaliser EDF, les autoroutes, évidemment que ça me parle mais ce n'est pas pour ça que je voterai pour lui."

L'entrain de Raoul Cayol a, nous explique certains édiles, influé sur leur décision. "Il est venu me voir deux ou trois fois, témoigne le maire de Cuges-les-pins, Gilles Aicardi. Il est très sympathique, c'est un vieux monsieur, il a beaucoup insisté…" Et ce communiste a signé avec une logique simple, "ça peut servir à diviser le camp d'en face. C'aurait pu être un autre. Si Dominique de Villepin m'avait contacté plus tôt, s'il était venu me voir plusieurs fois, peut-être que je l'aurais soutenu lui. Pour la division, c'était peut-être mieux !"

Contre la réforme territoriale

Pour parvenir à ses fins, Nicolas Dupont-Aignan a lui aussi donné de sa personne. Son passage lors du 94e congrès des maires de France à Paris en novembre dernier a marqué les esprits. Il s'est longuement attardé sur le stand de la fédération des Bouches-du-Rhône, l'occasion pour les maires d'évoquer leur principale préoccupation, la réforme territoriale qui amoindrira leurs prérogatives au profit des intercommunalités. Une technique aussi employée par Jacques Cheminade [lien payant]. NDA, maire d'une petite ville de l'Essonne, Yerres, les a écouté et approuvé, estime André Lenel. "Il comprend nos problèmes et il est tout à fait d'accord avec nous sur la réforme", appuie le premier magistrat de Saint-Savournin.

Le président de DLR n'a pas attendu 2012 pour commencer à faire campagne. Partout en France, il a multiplié les voyages sans jamais oublier les petites communes. "Il était venu pour parler agriculture, on avait visité des exploitations", se souvient le maire de Rognonas Yves Picarda, "plutôt proche avant de De Villiers" qui a trouvé en Dupont-Aignan un personnage "qui correspond à [sa] sensibilité". En plus d'un parrainage, NDA a peut-être gagné un électeur. Ce qui, vu les derniers sondages, ne serait pas du luxe.