Guerre d'Algérie : "et si on arrêtait de se jeter nos morts à la figure ? "

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le 2 Avr 2012
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Guerre d'Algérie : "et si on arrêtait de se jeter nos morts à la figure ? "
Guerre d'Algérie : "et si on arrêtait de se jeter nos morts à la figure ? "

Guerre d'Algérie : "et si on arrêtait de se jeter nos morts à la figure ? "

Les ombres de Tipaza planaient ce week-end sur le Vieux-Port, au théâtre de La Criée, où l'hebdo Marianne avait organisé un grand colloque sur la guerre d'Algérie "50 ans après". Pendant près de 3 jours, plusieurs dizaines de débats se sont succédé, dans un casting réussi qui mélangeait historiens, journalistes, politiques et témoins directs, des deux rives de la Méditerranée. La petite poignée de manifestants et la tension souvent très présente dans les salles du théâtre pendant les débats ont montré que cette guerre n'était pas encore rentrée dans l'histoire. Dans un des articles de Marianne qui annonçait le colloque marseillais l'historien Benjamin Stora "Monsieur Guerre d'Algérie", écrivait :

La guerre du souvenir n'est pas terminée. Entre l'Algérie, où le nationalisme exacerbé instrumentalise l'histoire, et la France, encore divisée aujourd'hui sur cette période, un immense travail historique reste à faire

Michel Onfray a ouvert le bal vendredi dans une brillante exégèse de la citation d'Albert Camus "si je dois choisir entre la justice et ma mère, je choisis ma mère". Un Onfray en grande forme qui après avoir moqué la récente récupération politique du prix Nobel de Littérature par les candidats à la présidence de la république "laissons le Panthéon loin de Tipaza, arrêtez de récupérer Camus et lisez le", a dénoncé "l'injustice d'une justice qui torture ou pose des bombes, et qui rend moins juste la cause qu'elle défend, qu'elle qu'en soit sa grandeur".

>> La conférence de Michel Onfray "Vaut-il mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Camus ?" dans son intégralité (regardez jusqu'au bout ça vaut le coup) :

 

On ne saura en tout cas pas ce qu'en pense François Hollande, qui bien que longtemps annoncé dans le programme officiel n'est pas venu : "il n'en a jamais été vraiment question", nous indiquait son entourage, ni Manuel Valls, qui devait le remplacer, et qui lui, a raté son avion. Acte manqué ? Si en revanche Pierre Joxe est venu, Jack Lang s'est également fait porter pâle. Du côté de la droite, aucun représentant n'était présent. Courage fuyons. Gaudin se félicitait ce matin, que personne n'ait vraiment parlé de ce colloque, "un non événement", lui qui est aussi si mal à l'aise sur ces sujets.

Du côté algérien, en revanche, quelques pointures politiques et historiques avaient fait le déplacement, notamment, le secrétaire général du FLN, qui devait justement dialoguer avec François Hollande. Et puis surtout Zohra Drif, aujourd'hui sénatrice et grande figure de la révolution algérienne, qui, le 30 septembre 1956 posa une bombe dans le café le Milk Bar à Alger, faisant plusieurs morts et des dizaines de blessés, essentiellement des civils. C'est notamment à cause de sa venue que des manifestants ont protesté devant les portes de la Criée, durant presque les 3 jours du colloque.

Dimanche matin, pour le dernier débat, Bernard-Henri Lévy a dialogué avec Zohra Drif. Un moment fort, très dur, où BHL a espéré que la aujourd'hui très respectable parlementaire algérienne revienne sur ses actes terribles perpétrés 56 ans plus tôt. Mais Zohra Drif n'a pas bougé " je n'ai pas de cauchemars, regretter cet attentat ce serait regretter l'indépendance de mon pays, ce n'est pas possible". Danielle Michel-Chich, qui avait 5 ans le 30 septembre 1956 et mangeait une glace au Milk Bar avec sa grand-mère, était présente, elle aussi, dimanche à La Criée. Elle qui a perdu sa grand-mère et une jambe dans l'attentat mais qui n'a "aucune haine" espérait aussi quelque chose de la part de Zohra Drif, qui a refusé de la voir en tête à tête, mais a accepté d'être interpellée en public. Danielle Michel-Chich n'a finalement rien obtenu non plus. A peine un vague sourire.

>> Extraits vidéos de l'échange entre BHL, Zohra Drif et Danielle Michel-Chich :

 

 

 

 

 

A la sortie du théâtre, dans le couloir de "l'entrée des artistes", les deux femmes se sont croisées, sans doute pour la dernière fois, et Zohra est passée à quelques centimètres de Danielle, la frôlant sans la voir.

 " Ce n'est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu'elle exige en retour" Albert Camus, l'homme révolté. 

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Commentaires

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  1. louanchi louanchi

    DEVOIR DE MEMOIRE
    hocine le combat d’une vie par croaclub

    lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news

    En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l¹époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l¹Ardoise, ceinturé de barbelés et de
    miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l’ isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd’hui se décide à parler.

    35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat

    Et pour compléter le documentaire, réécoutez sur SUD RADIO, « podcasts » l’émission du 8/11/11, de Karim Hacene, Enquêtes et Investigations, sur les harkis le camp de saint maurice l’ardoise

    Sur radio-alpes.net, Infos Générales – Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13)

    Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone…émotions et voile de censure levé ! Les Accords d’Evian n’effacent pas le passé, mais l’avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

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  2. Picard Picard

    Le nationalisme exacerbé algérien est extrêmement présent à Marseille où vit une importante communauté algérienne, et je peux vous dire que c’est surtout à cause de cela que la guerre d’Algérie “continue” ici en France, j’ai 18 ans j’ai pas fait l’Algérie, et franchement c’est le passé, donc j’aimerais vraiment que nous passions à autre chose.
    J’ai des amis d’origine algérienne, mais vous ne pouvez pas parler de cette période avec eux, dans le calme, sereinement, et je pense qu’on ne pourra le faire seulement lorsque la rancoeur, la haine anti française et le nationalisme exacerbé algérien auront totalement disparus !
    Par ailleurs, je trouve totalement inacceptable d’avoir invité Zohra Drif pour débattre de cette période sensible de notre histoire commune avec l’Algérie, tout comme il aurait été inacceptable d’inviter des anciens de l’OAS !

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  3. Si...Mais !! Si...Mais !!

    Picard : 18 ans ! Vraiment ? On parle de la guerre d Algérie a cet âge ,étonnant ! Quel 18 ans avez vous ?

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  4. liseron duveteux liseron duveteux

    On peut quand même se poser une question.
    Que ce serait-il passé,si à la fin de la 2ème guerre mondiale,il y avait eu une immigration aussi importante d’Allemands en France.
    Ou de Français en Allemagne.
    Il est bien évident,que la situation de notre pays depuis la fin de cette guerre d’Algérie,n’est pas pour faciliter les choses.
    Existe t-il un précedent ou aprés une guerre de ce type,un pareil phénomène d’immigration vers le pays rejeté,s’est produit.

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  5. Vieux Patriote Républicain Vieux Patriote Républicain

    @Liseron duveteux

    Jusqu’à la fin des années soixante de multiples facteurs démographiques et économiques expliquent l’appel à la main d’oeuvre algérienne :
    1° Les classes creuses :ce n’est qu’à partir de 1946 que commencera “le baby boom” ,ce n’est donc qu’à partir de 1966 que,sauf exception les enfants du baby-boom de sexe masculin seront disponibles pour le marché du travail ,notamment dans l’industrie et le BTP

    2°En effet la fixation à 16 ans en 1959 de la fin de la scolarité obligatoire ,le service militaire obligatoire ramené à un an seulement en 1970 ,l’augmentation du nombre de jeunes poursuivant des études secondaires et supérieures nécessiteront l’appel à la main d’oeuvre étrangère pour occuper les emplois peu qualifiés
    Cela d’autant plus que la France est entrée dans le boom des 30 glorieuses
    Les algériens et notamment les originaires de kabylie francophones ,du constantinois durs à la tache,acceptant des conditions de logement souvent indignes ,seront bien placés pour tenir les emplois peu ou pas qualifiés désertés par la main d’oeuvre autochtone qui aspirait à mieux
    3) La comparaison avec l’Allemagne de 1945 ne tient pas dans la mesure 0ù l’ampleur des destructions du pays,les pertes humaines permettaient aux allemands de rester chez eux pour reconstruire leur pays
    On imagine mal aussi (bien qu’il y ait eu des exceptions) les européens d’Algérie rapatriés aller travailler en usine( comme le firent de nombreux russes blancs immigrés en France et issus de la noblesse tsariste)Cadres moyens,employés ,fonctionnaires (nombreux) les européens furent majoritairement reclassés dans le secteur tertiaire tandis que les harkis étaient parqués dans des camps

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  6. Vieux Patriote Républicain Vieux Patriote Républicain

    @Picard

    La grande majorité de nos concitoyens de parents originaires d’Algérie (puis de France car leur famille est Marseillaise depuis parfois le début du siécle précèdent)sont FRANCAIS ,comme les originaires d’Espagne ,d’Italie ,d’Arménie etc Ils ont d’autres sujets de préoccupation que de ressasser la guerre d’Algérie Les personnes qui parmi eux ont fait de brillantes études,que ce soit en France ou en Algérie ,malgré toutes les difficulté qu’ils ont du surmonter ne sont pas rares. Leur succès prouve que l’histoire aurait été tout autre, si La France avait donné la citoyenneté à part entiére des 1870 aux algériens La République menacée à l’extérieur par l’Allemagne ,à l’intérieur par l’Église alliée aux conservateurs a eu tort de céder devant la minorité européenne composée notamment d’immigrés espagnols et italiens manipulés par des élus racistes , qui voulaient une main d’oeuvre sous-payée et docile

    Enfin vous êtes bien mal informé et je doute fort que vous ayez de vrais amis ou amies “algériens” En effet quand on a des amis venus de l’autre rive on a d’autres sujets de conversation que d’évoquer en permanence la guerre d’Algérie
    Pour info enfin allez consulter le sondage et l’article sur les dates de la guerre d’Algérie publiés par “El watan” le grand quotidien francophone .Vous serez surpris par le résultat
    De toutes façons cinquante ans ont passé la page est écrite on ne peut la déchirer mais il est grand temps de regarder ensemble l’avenir

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  7. Vieux Patriote Républicain Vieux Patriote Républicain

    Personne n’a écouté Zorha Drif Lorsque elle a répondu à Danièle Michel-Chich, qui l’interrogeait sur la légitimité de son geste, Zohra Drif répond : « Ce n’est pas à moi qu’il faut vous adresser, c’est à l’Etat français qui est venu asservir mon pays. A titre personnel et humain, je reconnais que c’était tragique, tous ces drames, les nôtres comme les vôtres. Nous étions pris dans une tourmente qui nous dépassait, qui vous dépassait.» (ces derniers mots prouvent que Mme Drif a bien ressenti la souffrance de son interlocutrice)
    Faut-il rappeler qu’au moment des faits Mme Drif ,une des rares étudiantes en droit de culture musulmane de la fac d’Alger avait 22ans, et que le terrorisme “était au moins implicitement légitimé par une partie des intellectuels français
    Quant aux gens de l’OAS tels le Dr Perez dont “les commandos” (sic)ont assassiné dans le dos des femmes de ménage ,tué des dockers avec une voiture piégée, leur présence aurait été inutile, car ils n’ont aucun regret et continuent à propager la haine

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  8. Picard Picard

    @Si…Mais !!
    Oui j’ai 18 ans (19 le 29 avril)je suis né le 29/04/1993, et oui on peut parler de la guerre d’Algérie quand on a 18 ans et qu’on est intéressé par l’histoire de son pays !Je vois pas ce qui vous étonne !

    @Vieux Patriote Républicain, Tout à fait vous avez parfaitement raison, ils sont français, et j’aimerais qu’ils se sentent français jusqu’à la moelle !!

    Je suis d’accord avec vous, je pense et je le regrette, si l’état français avait donné la citoyenneté aux musulmans d’Algérie, je pense qu’un véritable avenir commun aurait pu être possible, enfin passons.

    [ Enfin vous êtes bien mal informé et je doute fort que vous ayez de vrais amis ou amies “algériens” En effet quand on a des amis venus de l’autre rive on a d’autres sujets de conversation que d’évoquer en permanence la guerre d’Algérie ]
    Ce n’est pas une question d’information, dans mon précédent commentaire je vous fait part de situations concrètes.
    Enfin vous me traitez carrément de menteur ^^, si si j’ai plein d’amis français d’origine algérienne, j’ai grandi dans le quartier du panier, j’ai été scolarisé au collège du vieux port et je suis moi même de mère française et de père tunisien, donc je pense que j’ai assez de légitimité pour parler de ce sujet, si ce n’est peut être plus que vous lorsque qu’il s’agit de parler de cette jeunesse là !

    Enfin, effectivement nous avons d’autres sujets de conversation, nous ne parlons pas seulement, de la guerre d’Algérie et tant mieux !
    Mais l’un n’empêche pas l’autre !
    Ne pas reconnaître qu’aujourd’hui au sein de la jeunesse d’origine algérienne et plus généralement maghrébine, il y a un véritable nationalisme, des revendication d’identité voire du communautarisme, en fait, même chez ceux qui sont nés en France, c’est bien mal connaître les jeunes mon cher monsieur, mais bon cela n’est pas dramatique, ce n’est pas tabou, je pense que des solutions sont possibles, il faut que cette jeunesse se sente pleinement française !
    Cordialement.

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  9. liseron duveteux liseron duveteux

    Vieux Patriote,vous êtes insatiable sur ce sujet que vous connaissez à fond dans votre être,et que vous vivez avec beaucoup de nostalgie.
    Pourtant je ne peux,et cela n’engage que moi,penser que si comme vous le dites si bien chacun était resté chez soi,aprés les accords d’Evian,la relation serait plus apaisée.
    C’est quand même un grave échec pour les dirigeants passés et actuels de l’Algérie,de savoir que leur jeunesse rêve de la France.
    C’est un grave échec de la France, d’avoir laissé venir,toute cette immigration et de l’avoir si peu intégrée.
    D’une certaine vision contemporaine tout est échec dans cette affaire.
    Du début de la colonisation a sa fin,et même aprés c’est un drame humain.
    Et pourtant qu’en sera t-il dans un siècle,et plus.
    Y aurait-il un président des Etats Unis noir,s’il n’y avait pas eu l’esclavage…

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  10. Vieux Patriote Républicain Vieux Patriote Républicain

    @ Picard Vous dites , Tout à fait vous avez parfaitement raison, ils sont français, et j’aimerais qu’ils se sentent français jusqu’à la moelle !!
    Ne faudrait-il pas d’abord tenter de définir ce qu’on entend par Français ? °Faut-il pour se sentir Français renier pour autant renier ses racines provinciales ou étrangères ? ° Surtout ne croyez vous pas que « se sentir français jusqu’à la moelle » devient plus difficile lorsque les plus hautes autorités de l’État et certaines « faiseuses » tiennent en permanence un discours d’exclusion ? Cela pour draguer les voix de personnes, dont je respecte la tristesse, mais qui ne font pas l’effort de comprendre pourquoi ils ont du quitter « leur’ » beau pays
    Pour ma part plutôt que de chercher des boucs émissaires, et sans pour autant nier les difficultés d’intégration, je tente de m’émanciper des stéréotypes et de contribuer autant que faire ce peux pour ma modeste part à améliorer notre « vivre ensemble »en insistant sur les points positifs de la présence de ces jeunes français ;
    En d’autre termes rappeler notre histoire commune, à commencer par celle de Marseille qui fut libérée grâce aux tirailleurs et aux goumiers Il y a aussi les harkis et leurs descendants ainsi que les travailleurs immigrés qui ont beaucoup contribué aux trente glorieuses
    Ensuite en rappelant que beaucoup réussissent souvent de façon remarquable
    Il y a aussi notre langue et notre littérature qui se sont enrichi des apports des écrivain(e)s algériens, marocains, tunisiens, subsahariens
    ….C’est pourquoi j’annexe plus loin un copier-coller du compte –rendu par « Le Matin.dz »d’un débat ,occulté par la presse française, Il présentait, de mon point de vue, autant d’intérêt sinon plus que celui ,qui fait, apparaitre la muflerie condescendante , les éructations et la bouderie de notre « philosophe » BHL contre Mme Drif Celle-cii méritait davantage d’égards compte tenu de ses fonctions et car elle était notre invitée,
    Si BHL s’était documenté (mais s’en donne-t-il la peine)il saurait également que Mme Drif n’a rien , nonobstant son rang de vice présidente du Sénat algérien d’une beni oui oui Elle critique en termes très durs et pertinents la position des gouvernements algériens notamment en matière de droit des femmes
    J’ai d’ailleurs admiré chez celle-ci son sang froid, et sa maitrise parfaite de notre langue et observé sa compassion à l’égard de Mme Chiche

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  11. Vieux Patriote Républicain Vieux Patriote Républicain

    Colloque Marianne-El Khaibar sur “la guerre d’Algérie”, à Marseille. Dernier acte. Cette fois, il s’agissait de parler de francophonie.
    Le débat devait réunir Jack Lang et Boualem Sansal, qui s’impose de plus en plus comme un écrivain de langue française majeur. L’ancien ministre de la Culture de François Mitterrand a, comme son ami Hollande, fait faux bon. Il a été brillamment suppléé par le cinéaste Lakhta Hamina qui souligne d’emblée la nature hautement politique de l’enjeu francophonie. Dès, l’indépendance a-t-il rappelé, Ben Bella qui déclarait “nous sommes Arabes, nous sommes Arabes, nous sommes Arabes”, mettait, de fait, les locuteurs francophones et berbérophones hors la loi !
    Il est vrai que dans ce pays pillé et humilié durant la colonisation, on s’est attelé dés 1962 à dilapider ce que Kateb Yacine appelait, dans un éclair de lucidité, un butin de guerre, la langue française en l’occurrence. Même s’ils reconnaissent à l’Algérien quelque légitimité à vouloir recouvrer son identité après 132 ans d’entreprise de dépersonnalisation intensive, les deux intervenants dénoncent vigoureusement les méthodes utilisées, entre autres “l’idéologisation” à outrance et forcenée de l’arabisation ou l’importation massive d’enseignants non qualifiés des pays du Moyen-Orient. Ces hordes de douktours ont, en fait, débarqué avec, dans leurs besaces, à défaut de savoir, les germes de l’islamisme et de l’obscurantisme. Ces bouchers ou cordonniers égyptiens, irakiens ou palestiniens sont surtout venus profiter de la manne de la reconstruction et asseoir dans le cœur des Algériens la haine de l’Occident et de la langue française. Cette langue, qui comme le dit justement, Boualem Sansal, restera, en dépit des extravagances et de la malhonnêteté des politicards.
    Cinquante ans après l’indépendance, on se retrouve dans un pays, a-t-on coutume de dire, peuplé d’analphabètes trilingues ! On continue à s’échiner avec une incomparable névrose à éliminer tout ce qui peut rappeler la France, et en tout premier lieu sa langue, ce formidable outil de travail si bien maîtrisé et répandu en Algérie. Ceux qui s’aventurent à défendre cette langue, dont on continue, pourtant, à avoir bien besoin, sont systématiquement rangés au rang des nostalgiques de fafa. On aime à les traiter de hizb frança. La France dont on continue tout de même à consommer frénétiquement les produits manufacturés, le camembert et le Pastis !
    Boualem Sansal déclare, sans complexe, que l’utilisation de la langue française ne lui pose pas problème : “J’en userai même si, un jour, on en venait à l’arabiser (le français).”
    Tout, selon Hàmina et Sansal, ne baigne pas dans l’huile car malgré une présence non désirée et pourtant effective,de la langue française, en Algérie, elle reste, cependant, difficile d’accès. Ils en veulent pour preuve la cherté des livres la censure, la disparition des salles de cinéma, etc.
    Boualem Sansal a un bon mot pour qualifier ces entraves au développement de la langue française : “Nous avons, incontestablement, cette langue mais nous n’avons plus la culture qui va avec. Pourtant, il nous aurait suffi d’un peu de bon sens pour admettre que seule cette langue française que nous possédons encore pour quelque temps, peut nous assurer l’accès à l’universel.”
    Le pouvoir, enfermé dans ses approximations idéologique cherche-t-il, seulement, à accéder à l’universel, lui qui donne l’impression de redoubler d’un morbide ingéniosité lorsqu’il s’agit de trouver de nouvelles ruses pouvant amener à l’enfermement des Algériens dans une autarcie assassine. Chacun sait qu’en matière d’isolement, nous n’avons rien à envier à la Corée du Nord!
    La France n’est pas en reste en matière de dilapidation du crédit de sa langue. Les communicants que nous avons écoutés étriper les responsables qui sont en charge de la francophonie dans le monde. C’est une institution bureaucratique, accusent-ils, un fromage lancé à ses membres africains auxquels on demanderait presque de venir aux réunions avec des tam-tam!
    Nécessairement, lorsqu’on parle du statut de la langue française en Algérie, on se trouve dans l’obligation d’évoquer cette école algérienne prise en otage par Benbouzid et ses sbires islamistes prétendus pédagogues qui rejettent catégoriquement toute velléité de réforme qui risquerait de révéler leur incapacité à dispenser un enseignement moderne, de qualité et surtout dénué de contenu religieux et surtout ouvert sur le monde…
    Un mot a été lancé de la tribune à la face du public : “L’arabisation, en Algérie, rappelle par bien des aspects, un crime contre l’humanité !” Malgré les quelques huées qu’elle a soulevées, je ne suis pas loin de partager cette sentence. Le prochain chantier de l’Algérie reste, il ne faut plus qu’on se voile la face, celui de la refonte de son école. Il y a péril en la demeure. Cette fabrique à terroristes et à intégristes doit être détruite pour être reconstruite avec des Hommes plus sains et, surtout épris de justice, d’équité et de liberté.
    Meziane Ourad

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  12. Picard Picard

    Qu’est-ce qu’être français, je ne saurais l’expliquer. Donc je vais parler pour moi, je me sens profondément français, outre le fait qu’il y a ce lien du sang, j’aime la France tout simplement, son identité, ses valeurs, sont héritage chrétien (bien que je sois athée), ses siècles d’histoire pas toujours glorieuse, et puis c’est aussi vouloir aller de l’avant, avoir la volonté de bâtir un avenir commun, sortir des différents clivages, qu’ils soient politiques, religieux ou ethniques, (J’aime bien le candidat Bayrou pour ça).
    Après je pense que malheureusement le multiculturalisme à la sauce US est un échec, ce n’est qu’une superposition de communautés qui ne se mélangent pas…C’est pourquoi je suis opposé à la double nationalité, par exemple j’ai un ami qui est de mère française et de père algérien, né en France, qui a cette bi nationalité, et bien il se sent algérien et non français pourtant il n’y a jamais mis un pied !
    Enfin, je veux rester optimiste pour l’avenir.

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  13. Vieux Patriote Républicain Vieux Patriote Républicain

    Je me permets de revenir vers vous pour continuer cet échange et pour vous donner mon opinion sur les différents points que vous évoquez cela dans un esprit de tolérance
    Débutons par « le lien du sang » comme critère de « l’identité française »
    Vous écrivez en effet : « être français, je ne saurais l’expliquer. Donc je vais parler pour moi, je me sens profondément français, outre le fait qu’il y a ce lien du sang’ »
    Pour ma part cette référence au lien du sang m’interpelle ? N’avez vous pas écrit précédemment que vous-même vous étes de père tunisien et de mère française ? Imaginons que celle-ci que je respecte bien évidemment soit compte tenu, du lieu de votre naissance peut- étre aussi de sang Italien Napolitain, Sicilien, Maltais, etc Dans ce cas il n’est pas improbable qu’elle ait hérité d’un peu du sang de tous les hardis navigateurs phéniciens ,grecs ,arabes ,ottomans qui ont parcouru la Méditerranée
    notre Mer commune au cours des siècles
    Surtout le lien du sang comme critère de la nationalité renvoi à toutes les doctrines racistes et aux épurations ethniques
    : Citons l’expulsion d’Espagne des morisques des marranes dont faisaient partie les ascendants du grand-père maternel de M. Sarkozy qui était venu de Salonique , Ce fut une ville moderne et prospère à la vie intellectuelle intense « la deuxième Jérusalem » , grâce notamment à ses sujets ottomans de confession juive protégés du Grand Seigneur ,dont ils étaient souvent les conseillers écoutés
    Une expulsion, accompagnée de massacres de tortures fut justifiée notamment par la Loi du « sang pur » imaginée par la très « sainte inquisition » pour justifier les crimes des rois « très catholiques »
    Pour mémoire les marranes furent recueillis par les Ottomans .Jusqu’ au génocide des arméniens par les nationalistes « jeunes turcs, » L’Empire Ottoman s’était montré beaucoup plus tolérants que L’Europe Chrétienne à l’égard des minorités qu’elles soient chrétiennes, juives, parsis, druzes etc
    A la même époque les Européens se déchiraient entre chrétiens pour des questions de dogmes Louis XIV le Roi « très chrétien » expulsait les protestants. Quant aux juifs ils étaient de longue date bannis du Royaume par ses prédécesseurs dont « saint’ » Louis IX
    Le « lien du sang » c’est celui qui justifiait jusqu’à la Révolution les privilèges de la monarchie qui se disait héritière de Clovis (Louis) et de la noblesse Ceux-ci fondaient leur prépondérance notamment par leurs origines « franques »
    Le lien du sang ? Ce sont les Drumont, Maurras, Céline, ces faiseurs d’opinion (dont les héritiers ont pignon sur rue et dont certains hantent les couloirs de l’Élysée) A partir de l’Affaire Dreyfus ils inculquèrent aux « bons français » la haine du juif, « du métèque, de l’allogène » du bougnoule disaient, écrivaient-ils ,
    C’est la théorie du lien du sang qui sous le régime de Vichy conduisit des « bons français » « de souche » »le maréchal » ses ministres, ses préfets à édicter avec zèle , sans que les nazis leur demandent des lois antisémites, permettant le recensement des Français et étrangers de confession juives, Ces textes les aideront à pourvoir les camps de la mort
    C’est la théorie du lien du sang qui conduisit le régime de Vichy à « dénaturaliser » en Algérie les Français d’origine maghrébine et de confession juive comme les parents d’Éric Zemmour par exemple
    Pendant ce temps là, fidèles à l’esprit de tolérance à l’égard des gens du Livre prescrit par le Coran, le Sultan du Maroc, le recteur Français « musulman » de la Mosquée de Paris et le bey de Tunis s’opposaient à cette infamie
    La théorie du lien du sang. c’est la guerre en Bosnie , les charniers de Sébréniska ,l’épuration ethnique au Kosovo ,le génocide des Tutsis, la Palestine transformée en ghettos
    Enfin savez-vous que la Loi instituant la naturalisation automatique par le droit du sol en France fut promulguée à la fin du XIXème siècle avec le service militaire obligatoire pour tous, à la demande des parlementaires d’Algérie et des départements frontaliers du Nord et de l’Est En effet les enfants des immigrés d’origine espagnole, italienne maltaise etc nombreux dans ces régions, échappaient à l’impôt du sang en raison de leur nationalité de leurs parents
    Le lien du sang c’est aussi l’endogamie des cours royales européennes, qui répandait l’hémophilie dans leur cercle, c’est l’endogamie , qui ,dans certaines vallées alpines isolées ,qui avec le manque d’iode, était responsable des « crétins des alpes »
    (à suivre)

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