Guérini au CG13 : une séance presque parfaite

Guérini au CG13 : une séance presque parfaite

Tout avait pourtant bien commencé. Avant le vote global du budget (2,5 milliards d'euros), prévu en fin de séance, les conseillers généraux ont débattu ce vendredi matin sur les chapitres de celui-ci : prévention sanitaire et protection maternelle et infantile, insertion sociale et professionnelle, personnes âgées, personnes handicapées, culture, vie associative, aide aux communes, transports, collèges, et on en passe… Comme dans une collectivité "normale"…

Et même mieux, puisque l'on a pu, contrairement à lundi au conseil municipal (et aux séances du CG d'habitude où la plupart est passé par la commission permanente, à huis clos), entendre chaque élu en charge des différentes délégations développer sa politique pour l'année, avant de se fondre dans les grandes masses financières : dépenses de fonctionnement (1,9 Mds€, soit +4,1%) et d'investissement (542,9 M€ soit +5,7%) et dette (173 M€ soit 88 euros par habitant, avec des produits à 100% classés A1, sans aucun risque toxique).

Personne ne le conteste, pas même Didier Reault (UMP) : "Le département n'a pas de problèmes de financement". Contrairement à la mairie de Marseille, s'est délectée la majorité. A qui Reault a tout de même demandé : "arrêtez de vous plaindre", du mauvais traitement de l'Etat, "tout ça pour dire en fin d'année que vous avez bien géré". Sur la politique poursuivie, l'opposition a ici et là pointé ses désaccords (des crédits de l'insertion jugés insuffisants, les primes de Noël aux bénéficiaires du RSA "qui n'ont plus lieu d'être" pour Didier Reault), porté le fer des dossiers (la fusion des collèges à La Capelette, le soutien aux monuments historiques marseillais, le financement du bataillon des marins-pompiers de Marseille).

Transports métropolitains "sur un plat"

Sur un sujet aussi crucial que les transports, où le département dispose de la compétence au niveau des cars inter-urbains, on a pu entendre le bilan et les orientations du vice-président André Guinde : 8 millions de voyages, dont 2,3 sur la navette Aix-Marseille, 15 000 connexions par jour sur le site Le Pilote, qui a bénéficié en 2011 d'un relookage.

Du côté de l'UMP, Anne-Marie Bertrand a déploré la lenteur avec laquelle le syndicat mixte des transports, créé en 2009 et censé remplacer à terme la kyrielle d'autorités du département en la matière, se mettait en place : "Ce syndicat mixte dit de préfiguration ne produit rien de concret, alors qu'on va accueillir la capitale européenne de la culture en 2013. Comment le CG va-t-il faire pour être à la hauteur des attentes ?", a-t-elle interrogé. Un débat qui rejoint la création d'un pôle métropolitain qui serait chargé de cette compétence et les demandes de création à court terme, en attendant des investissements lourds et donc longs, de lignes express sur le modèle d'Aix-Marseille. André Guinde fait le point.

Les affaires reprennent

Au vu du déroulement de la matinée, on a même cru un moment à une surprenante trêve : conseiller général Nouveau Centre, Bruno Genzana a pris acte "que depuis la création de la commission sur la transparence un certain nombre de déséquilibres sont en train de se corriger" concernant les subventions et l'aide aux communes, que la droite accusait d'être versées de manière inéquitable, voire clientéliste.

Mais, comme le mois dernier pendant le débat d'orientation budgétaire, c'est un rapport sur la compétence déléguée à Jean-Noël Guérini "en matière de décision d'ester en justice", qui a donné l'occasion à la présidente du groupe UMP-Nouveau Centre Martine Vassal de "faire un point sur la situation dramatico-judiciaire (sic, l'expression a enchanté JNG…) à laquelle nous sommes confrontés depuis plusieurs mois".

Rien de très neuf sous le soleil, hormis le "palier de plus [qui] a été franchi" avec la levée de l'immunité parlementaire de Jean-Noël Guérini. Qui a conservé la même attitude goguenarde mêlée de dénonciation de l'instrumentalisation de l'affaire par l'UMP ("vous avez décidé de faire de moi un coupable et de considérer que ma mise en examen est une condamnation") et "des tribunaux médiatiques [qui] rendent la justice en lieu et place de l'institution judiciaire". Nouveauté de son côté : les déboires de Renaud Muselier ("un député") et Xavier Cachard ("l'un de ses amis, avocat, élu de surcroît").

Huit voix de perdues…

Passées ces amabilités, la fin de séance a permis aux membres de la majorité qui souhaitent tourner la page Guérini de se compter. Martine Vassal les avait invité auparavant, en demandant le vote à bulletin secret, à sauter le pas que personne n'avait franchi lors de la réélection de JNG en mars dernier : voter contre ou s'abstenir.

Beaucoup sont passés devant les bulletins et leur président en prenant ostensiblement uniquement le "bon" – le pour – d'autres, comme Michel Pezet et Marie-Arlette Carlotti, le "mauvais" – le blanc. Au final, les 40 voix que JNG avait récoltées – 31 socialistes, 6 communistes et 3 non inscrits et divers droite (!) a-t-on présumé à l'époque – ne sont plus que 32. Il se murmurme même qu'une voix de droite porterait le nombre de dissidents internes à neuf…

Une première sanction par un vote diversement accueillie. Marie-Arlette Carlotti y voit "une véritable défiance" :

Pour Martine Vassal, qui s'est employée à esquiver le boomerang Muselier renvoyé par Guérini, "c'est un début" :

Jean-Noël Guérini, lui, a comme à son habitude surjoué la victoire alors qu'on prédisait "un coup d'Etat" :

Face à la presse, à la suite du vote, le président du CG13 avait troqué le torse bombé pour la componction, en brandissant un mail de menaces de mort pour lequel il a déposé plainte. Décidément l'ambiance ne sera jamais totalement normale au Paquebot bleu…