La taxe sur les mutuelles, « c'est mépriser notre système de santé »
La taxe sur les mutuelles, « c'est mépriser notre système de santé »
Il n’y a pas que la taxe sur les sodas qui fait tousser. Environ 500 personnes (selon les organisateurs) se sont rassemblés hier devant la préfecture de Région à Marseille à l’appel de la Mutualité française Paca. En cause, l’une des mesures annoncées par François Fillon le 25 août dernier lors de la présentation de son plan d’austérité : une taxe supplémentaire de 3,5% sur les contrats de complémentaire santé (en plus des 3,5% déjà adoptés en janvier dernier, soit un doublement de la taxe). Elle devrait rapporter 1,1 milliard d’euros par an à partir de 2012.
Précarité médicale
« Cette nouvelle taxe est inadmissible, c’est mépriser notre système de santé et l’accès aux soins à tous, tonne Jean-Paul Benoît, président de la mutualité française pour la région PACA. Sans mutuelles, il devient difficile de se payer des examens sanguins, des radios… Il existe déjà 250 000 personnes dans la région qui n’ont pas accès à une couverture santé complémentaire et cela risque donc de s’aggraver. Les classes moyennes ont de plus en plus de mal à assumer le coût d’une mutuelle et de plus en plus de monde est confronté à la précarité médicale ».
Avec derrière le risque d’un renoncement aux soins, dont on sait qu’il peut entraîner in fine des coûts plus élevés pour le système de santé lorsque les pathologies se sont aggravées.
Remise à plat exigée
Jean-Paul Benoît rappelle que les mutuelles financent déjà en totalité la couverture maladie universelle (CMU) et que les marges de manœuvres sont de plus en plus réduites. Façon de dire qu’elles ne pourront absorber à elles seules cette augmentation de leur fiscalité et que donc, les adhérents en paieront le prix : « Le serpent se mord la queue, image-t-il. CMU comprise, l’Etat nous taxe à 13,26%. C’est deux fois ce qui était prévu pour les parcs à thème avant que la ponction ne soit abandonnée… On parle quand même de santé publique ! ». Les mutuelles qui, dans le département, connaissent notamment de graves difficultés financières liées aux centres de santé qu’elles gèrent.
D’où l’exigence d’un « retrait de cette nouvelle taxe mais surtout une remise à plat du système de santé et de son financement. On ne peut plus continuer comme ça. Le trou de la sécu, c’est 30 milliards d’euros, cette mesurette, 1,1 milliard d’euros… Les pansements ne suffisent plus ». Alors comment redistribuer les cartes ? « Par exemple revoir les cotisations des employeurs, qui se font uniquement sur la masse salariale. On dit souvent que les grandes entreprises payent moins d’impôts que les autres et c’est encore plus vrai sur ces cotisations-là qui sont surtout assumés par les sous-traitants et les PME, là où la masse salariale est la plus importante », remarque-t-il. La réorganisation du système fiscal sera donc l’une des pistes que la Mutualité proposera lors d’un rassemblement le 17 octobre, avant d’entamer une longue campagne de communication et de sensibilisation en vue d’un grand débat public organisé en janvier prochain au Parc Chanot.
Une taxe qui pénalise tout le monde
Entre les mutualistes et autres syndicalistes, étaient surtout présents des adhérents aux 236 mutuelles de la région. Lucienne et Serge Vitelli, couple de retraités, en ont marre « de voir leurs dépenses de santé augmenter, comme toutes les autres charges, alors qu’avec la retraite, nos revenus ont chuté. On gagne à nous deux 2 400 € par mois et la mutuelle nous revient à 126 €. Ça a commencé par une baisse des remboursements des médicaments puis des hausses en pagaille du coût des cotisations. Alors oui, on continuera coûte que coûte à payer une complémentaire santé mais peut-être avec des avantages moindres pour le même prix… ».
Confirmation de l’autre côté de l’échiquier social, chez les étudiants : « Cette taxe ne va qu’aggraver la situation. On est obligés de proposer des mutuelles moins chères mais qui remboursent forcément moins bien ou alors de garder le même budget pour des prestations moins performantes », explique Karim Saïd, responsable académique à la la Mutuelle des étudiants (LMDE). Selon une étude maison, ce sont aujourd’hui 19% des étudiants qui se privent d’une mutuelle et des avantages qui vont avec, contre 13% en 2005.
A 17h30, une délégation était reçue en Préfecture. Le combat des mutuelles ne fait que commencer et leurs représentants sont conscients que la situation ne risque pas d’évoluer avant l’échéance présidentielle de l’année prochaine, comme le glisse Jean-Marc Maillard, délégué syndical CGT chez Mutuelle France-Sud : « On sait bien que rien ne bougera avant l’élection mais si on ne se mobilise pas maintenant, on nous oubliera, et ça c’est sûr, rien ne changera ». C’est la première fois depuis une bonne dizaine d’années que le mouvement mutualiste se mobilise, affirme Karim Saïd pour souligner l’urgence du combat.
Commentaires
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250.000 personnes privées de la couverture santé complémentaire.
Des classes moyennes,ayant de plus en plus de mal à assumer le coût d’une
mutuelle. Et si on commençait par suggérer aux mutuelles de revoir leurs tarifs en ne
remboursant plus les “dépassements d’honoraires” ce qui augmente les cotisations et qui,
encourrage encore plus les praticiens les imposer!
Ces pratiques ,non justifiées et honteuses, sont l’ouverture à “” On ne soigne que les riches””!! J’aimerais bien voir la “bouille ” de l’un d’eux si pour la vidange de leur ‘BM’,le
mécano, leur disait: ça fera 500Eu de dépassement d’honoraire ???
L’état peut toujours nous rajouter des taxes,nos dirrigeants, ne risquent pas
le “renoncement aux soins” Effectivement,quand on voit la vitesse avec laquelle une
nouvelle pousse l’autre,c’est sûr qu’il faudra y revenir! De qui parlait on il y a deux jours???
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les sénateurs et députés sont remboursés intégralement vde leurs soins , sans cotisation
de mutuelle ou de sécurité sociale ( une sorte de caisse noire …)
Ils ne montrent pas l’exemple, mais ce n’est pas nouveau
nous représentent ils vraiment cela meriterait une analyse
Personne ne bronche, tous sont acros aux gadgets industriels payés à crédit et fabriqués en Chine …….jusque ou cela peut il aller?
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Encore une fois il est dommage que les nouvelles déboulent si vite ,l’une chassant l’autre
avant d’en avoir fait le tour.C’est bien ce que ce que je déplorais encore le 24 septembre.
D’après le peu de commentaires au sujet des répercutions des nouvelles taxes visant les mutuelles ,et donc la qualité de nos soins,sur cet article pourtant bien clair,
j’ai le sentiment que finalement peu se sentent concernés..
Mais quand mème,juste une remarque! Avant d’en remettre une couche,
si “nos” dirigeants enlevaient un peu la poussièrre?
Dans cet article: les mutuelles connaissent de graves difficultés financières
liées aux centres de santé qu’elles gèrent!!Juste pour dire:
Dans “Que choisir Santé” d’octobre 2011,dans la rubrique’actualités’,page trois,on peut ,venant de la Délégation nationale à la lutte contre la fraude,lire un rapport qui signale
que les champions de la fraude à l’assurance maladie ,sont ,les professionnels!
On peut lire: sur les 156,3 millions d’euros de fraude,seuls 2,5 millions sont le fait des assurés.Le reste provient en premier lieu des hôpitaux et des cliniques,puis de l’ensemble des professionnels de santé.
Faire propre ,ça aiderait non?
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Mr Clement CHASSOT,je n’en ai plus l’âge,mais je crois que je n’aurais pas pû faire le travail que vous faites.
Tout ce temps passé à récolter des infos,à consulter des personnes,des études etc,et,
se rendre compte que finalement ( et pratiquement sur tous les sujets ) ,les gens surfent
d’une nouvelle sur l’autre sans bien appreçier l’importance des faits !!. Faits annonçés et
aussi dénonçés par des personnes qui, comme vous, Pierre,Julien et d’autres, si je peux
me permettre,prennent le risque quelque fois de la mise en examen pour simplement avoir
“écrit ” haut , ce que les autres pensent tout bas!! Mais merci de le faire malgrè tout.
Mon père disait,et, je crois qu’il avait raison: Peut être que les gens n’ont
pas faim,et ça les rend indiffèrents .Attaches les cinq jours sur un saule avec un bon mistral,
et tu verras qu’en descendant ,ils remarqueront le moindre bout de pain qui traine!
En ce qui concerne nôtre (si on peut encore le dire) Santé,si personne
ne redresse la barre,il nous faudra un dérrailleur pour passer les différentes vitesses
auxquelles nous serons soignés.
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