Présidence du groupe UMP au Sénat, quand Raffarin flingue Gaudin

« La psychologie, y’en a qu’une : défourailler le premier« , comme disait Audiard in Les Tontons flingueurs. Les pistolets à longs silencieux sont sortis dans les couloirs feutrés du Palais du Luxembourg à Paris.
Comme prévu, Jean-Claude Gaudin vient d’annoncer officiellement à l’AFP ce matin sa candidature à la présidence du groupe UMP au Sénat. « Pour l’instant il n’y a que moi qui suis candidat », a indiqué tout fiérot le maire de Marseille à l’agence de presse. 

Mais ça ne devrait pas durer. Car la veille, invité du Talk le Figaro, son meilleur ennemi le sénateur Jean-Pierre Raffarin envoyait 2, 3 rafales en direction de Jean-Claude : « Moi, j’ai une préférence (pour la présidence du groupe UMP, ndlr) pour une personnalité nouvelle, je pense qu’à côté du président Larcher, il faut pour représenter la majorité une personnalité plus jeune, qui n’est pas connue aujourd’hui du grand public (…) là-aussi, il faut renouveler, il faut un visage  nouveau pour le Sénat« . 

Pan.  »Je ne saute pas des haies, je ne gagne pas des concours de tennis, mais la carte électorale, je connais » a immédiatement répliqué l’homme de Mazargues au picto-charentais. Franche camaraderie à l’UMP.

En réalité Raffarin n’a jamais pardonné la trahison de son ami Gaudin lors de l’élection du président du Sénat en 2008. Un très, très mauvais souvenir pour l’ancien premier ministre, qui avait dû subir une humiliante défaite, en se faisant battre par Gérard Larcher. Pourtant jusqu’au dernier moment, Gaudin avait assuré Raffarin de son soutien, tous les deux étant issus de la même famille politique, le Parti républicain, alors que Larcher est un pur produit du RPR. 

Mais au moment du vote, sous les ors de la salle Clémenceau, le tigre de Mazargues avait flingué ce pauvre Raffarin, sans doute sur ordre de Sarkozy, et contre la garantie d’une vice-présidence et les 2,3 bricoles qui vont avec (voiture avec chauffeur, grand bureau…). Le pauvre picto-charentais avait dû quitter les lieux, au bord des larmes, quelques minutes après le triomphe de Larcher.

A Poitiers aussi, la vengeance est un plat qui se mange froid et les quelques jours qui restent avant l’élection de cette présidence du groupe UMP, qui doit avoir lieu mardi prochain, risquent de ne pas être un long Huveaune tranquille pour Gaudin, qui va pouvoir méditer sur cette célèbre raffarinade :  » La route est droite mais la pente est raide« . Sachant qu’en plus, selon le monde.fr son ami Brice Hortefeux, viré de la place Beauveau, et qui cherche un nouveau job, aimerait bien piquer la présidence de la commission des investitures au pôvre Jean-Claude. Actibus immensis urbs fulget massiliensis ?

« Sénat : Gaudin veut diriger le groupe UMP sur le JDD.fr »

l’interview au Talk le Figaro sur le blog de l’homme du poitou