Zvi Ammar, le Président du Consistoire Israélite de Marseille dans la tempête

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le 18 Déc 2010
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Les temp sont durs pour Zvi Ammar. Englué  directement ou indirectement dans toute une série d’affaires judiciaires, le président du consistoire israélite de Marseille demeure pourtant aux commandes du navire et entend  briguer un nouveau mandat lors de l’élection anticipée qui se déroulera le 30 janvier prochain.

Un vent de  fronde souffle cependant sur une partie de la communauté et une liste concurrente conduite d’après nos sources  par le professeur de médecine Hagay Sobol espère mettre un terme à douze années de règne. L’homme d’affaires originaire de Djerba est considéré en effet comme un personnage influent et redouté. C’est une vraie success story pour celui qui est  parti de rien dans une arrière-boutique du cours Belsunce. La belle histoire  pourrait cependant tourner au vinaigre, à tel point que cet homme très proche des milieux juifs traditionnalistes  s’est fendu d’une déclaration retentissante le 17 décembre dans les colonnes de la Provence : « je veux laver mon honneur et en même temps montrer que j’ai entendu ceux qui disent que je prendrai l’institution en otage ».

Des recours suspects ?

Dernier avatar en date, l’information judiciaire ouverte pour « faux, usage de faux en écritures privées escroquerie en bande organisée et tentative d’escroquerie » qui vise  son frère, Yvon Ammar. Ce dernier, gérant et actionnaire de la société Azur Promotel est en conflit ouvert avec son associé et partenaire. Le groupe Kaufman et Broad l’accuse d’avoir orchestré une série de recours suspects  contre des permis de construire pour bloquer les travaux. 681 acheteurs sont dans les pires difficultés devant le gel  de plusieurs programmes.  Ce règlement de comptes dans le béton met en scène un contentieux financier entre la famille Ammar propriétaire des terrains concernés et le bâtisseur,  Kaufman et Broad,  autour d’une dette sociale estimée à  7 millions d’euros. Clef de l’affaire,  une avocate marseillaise qui se retrouve sur la sellette pour avoir diligenté neuf recours présumés douteux, dont certains par le biais de prête-noms. D’après nos informations un membre du Conseil de l’ordre est saisi du dossier car la responsabilité de la CARSAM, la caisse des avocats, pourrait être engagée à hauteur de la somme colossale de 12 millions d’euros.

L’avocat d’Yvon Ammar estime cependant que l’affaire pourrait rapidement se dégonfler et qu’il n’est nullement acquis que le volet pénal du dossier prospère. Tout se résume pour Pierre Ceccaldi à un pur contentieux commercial. Il n’empêche, la présence de Zvi Ammar dans la liste des fameux plaignants  – agissant au nom du consistoire pour un permis accordé dans le quartier de la Timone au motif que le chantier troublerait la quiétude du carré juif du cimetière Saint-Pierre… –  a semé un nouveau malaise dans la communauté. Le président aurait-il privilégié ici un intérêt personnel ? «  Zvi Ammar n’a aucune prise sur les affaires de son frère » estime son avocat Me Gérard Bismuth. « Ce dossier ne le concerne pas ».

Mise en examen pour « modification de scène de crime »

D’autres évènements,  comme la faillite en 2009 de la compagnie aérienne New Axis Airways ou le dossier de l’hôtel Bardo qui avait amené en 2001 la condamnation de la société Zvitex à reloger ses occupants vivant dans des conditions insalubres, ont en revanche bel et bien écorné l’image. Mais c’est une tout autre activité, celle de « major » sur l’exportation d’articles de sports à destination de l’Afrique  qui provoque sans nul doute le plus de remous au sein des israélites de Marseille.  Zvi  Ammar a en effet connu une ascension fulgurante en commercialisant vers le Maghreb et certains états d’Afrique noire des articles dits de  second choix, sans compter plusieurs boutiques implantées sur le Cours Belsunce. Tout allait dans le meilleur des business jusqu’à ce jour maudit du 8 novembre 2007. Vers 13 heures un scooter chevauché par deux individus non identifiés s’approche d’une Ford Fiesta stationnée sur le parking de la société ISF (International Sport Fashion). Oliviers Plançon, 40 ans se trouve au volant. Ce commercial de la société monégasque Mercure International of Monaco ( MIM) sort d’une réunion de deux heures avec Zvi Amar et s’apprête à repartir avec son collègue Simon Roque,  assis lui aussi à l’avant du véhicule. Les deux hommes viennent d’entreposer trois sacs dans la voiture. Soudain, le scooter s’approche, le passager sort un fusil à pompe. Il donne un premier coup sur la vitre avec le canon de l’arme, puis un second qui provoque apparemment un tir accidentel. Olivier Plançon, est tué sur le coup, frappé en pleine tête. Les auteurs sans doute effrayés disparaissant alors dans les rues du quartier du Canet.

Les policiers arrivés sur place récupèrent  les trois fameux sacs dans le bureau de Zvi Ammar. Plusieurs témoins affirment avoir vu l’intéressé récupérer précipitamment les sacs dans la voiture dans les secondes qui ont suivi le crime. Les enquêteurs détaillent leur contenu, notamment une somme de 15.000 euros en espèces, divers article de sport, une enveloppe cachetée avec quatre traites d’un montant de 820.000 euros et surtout un petit bout de carton sur lequel est griffonné un décompte de billets pour un montant de 346.360 euros. Une expertise déterminera qu’il s’agit là de l’écriture de l’un des employés qui n’est autre que Simon Ammar, le frère de Zvi.

La justice soupçonne dès lors ce dernier d’avoir récupéré une somme en espèces très importante remise  à la victime. MIM apparait dans ce scénario comme le « blanchisseur » à Monaco des fonds d’ISF. Une information judiciaire pour « blanchiment en bande organisée» est d’ailleurs ouverte. Mais à ce jour,  tant ISF que MIM n’ont pas été inquiétés. Les soupçons policiers s’appuient notamment sur les déclarations de la compagne d’Olivier  Plançon. Elle explique que son mari était le « porteur de fonds de MIM » et qu’il venait récupérer à ISF 1,5 millions d’euros dont 500.000 en espèces.  Elle soupçonne le commando  d’avoir été informé de la présence de ce pactole.

Pour les enquêteurs le scénario est donc clair, d’où la mise en examen en juillet dernier de Zvi Ammar pour « modification d’une scène de crime ». Son frère Simon  est lui aussi épinglé notamment pour « recel d’objet de nature à faciliter la découverte d’un crime ». Mais pour Gérard Bismuth cette thèse ne tient pas. Selon les déclarations de son client, c’est  Simon Roque qui a  sorti lui-même les sacs de la voiture pour les confier à Zvi Ammar et les mettre en lieu sûr dans l’attente de l’arrivée de la police. « Pour moi la vraie piste est celle des 15.000 euros récupérés la veille du crime par Olivier Plançon auprès d’un autre client.  J’ajoute que les 346.600 euros se trouvaient bien dans le coffre de la société et correspondaient à des transactions en liquide opérées dans le cadre d’activités commerciales tout à fait légales d’ISF. Suite à cette affaire, un contrôle fiscal a d’ailleurs été ordonné, il n’a rien signalé. D’autres investigations ont été menées dans la comptabilité de la société monégasque, sans plus de résultats ».

Un proche de Jean-Noël Guérini

La présence à la tête de MIM du milliardaire d’origine libanaise Adnan Houdrouge a donné lieu
en effet à certaines spéculations. Cette personnalité monégasque a fait fortune elle aussi dans le business des articles de sport en Afrique avant de s’orienter vers d’autres activités, notamment l’alimentaire. Houdrouge est par ailleurs actionnaire et vice-président du club de foot de l’ASM. La principale énigme concerne en fait la présence du fameux décompte dans les sacs d’Olivier Plançon. Elle persiste à étayer le soupçon autour des relations Houdrouge-Zvi Ammar. On comprend que le poids de cette affaire empoisonne la vie du consistoire, à tel point que Zvi Ammar envisage en cas de réélection de nommer un président délégué tant qu’il n’a pas été blanchi par la justice.

Certains murmurent par ailleurs que Zvi Ammar ferait les frais d’une relation très privilégiée avec Jean-Noël Guérini qu’il a d’ailleurs récemment accompagné lors d’un voyage en Israël. Un Guérini qui n’est guère en odeur de sainteté ces derniers temps auprès de la JIRS de Marseille. Ce contexte très politique  expliquerait notamment l’interpellation manu militari du président du consistoire à son domicile en juillet, juste avant sa mise en examen.  Une « mesure vexatoire et inutile » pour Gérard Bismuth. « Il suffisait de le convoquer, mais on a voulu faire du spectacle ».

Jean-Michel Verne

Un lien Réactualisé le 8 mars : Zvi Ammar est en garde à vue depuis hier matin :

Un lien Le convoyeur assassiné et le mystère du sac à roulettes sur le point.fr

Un lien ISF le site de la société de Zvi Ammar

Un lien Le groupe MIM, las société de Adnan Houdrouge

Un lien le site du Consistoire Israélite de Marseille

Un lien Le comité de soutien à la famille d’Olivier Plançon

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Commentaires

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  1. Gérard Legendre Gérard Legendre

    Zvi Ammar et Jean-Noël Guérini devraient démissionner car le doute qui se porte sur leurs personnes et leurs entourages jette le discrédit sur le PS et la Communauté juive qui les ont choisi pour les représenter.
    Libérez les socialistes marseillais et les juifs marseillais de ces climats malsains.
    Je plains les socialistes juifs marseillais proche de Zvi Ammar et de Jean-Noël Guérini.
    Je les connais tous les deux, l’un est de droite, l’autre est de gauche, l’un est de Djerba, l’autre est corse mais les hommes se ressemblent tant qu’ils pourraient être frères. Alexandre, Yvon, Zvi, Jean-Noël … quelle famille ?

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  2. Gérard Legendre Gérard Legendre

    Il veut dire quoi “cestpasmoijelejure” avec ses insinuations malsaines ?

    Parce qu’il y a des choses à dire sur le communautarisme antirépublicain à Marseille.
    Que vont faire tous les élus en délégations sans cesse en Arménie, en Israël, en Algérie etc…
    C’est quoi ces subventions à toutes les communautés religieuses ou ethniques à travers leurs nombreuses associations ?
    C’est la même chose que ce qu’à fait Sylvie Andrieux avec les associations des quartiers Nord.
    Du clientélisme !
    Avant nous étions des citoyens français égaux, maintenant nous sommes des corses joueurs de boules, des juifs qui défendent des manifestations culturelles, des musulmans qui souhaitent partager l’Aïd, des Arméniens qui cultivent la mémoire de leurs génocide, des chrétiens qui font de la radio… et j’en oublie.
    Je n’ai aucun mépris envers ces communautés mais elle doivent s’organiser en toute indépendance sans les deniers publics distribués trop généreusement par les collectivités locales.
    L’argent doit revenir aux structures associatives laïques et françaises à l’intérieur desquelles les citoyens français doivent s’intégrer sans différenciations ethniques ou religieuses.
    Sitôt qu’une association fait référence à une origine géographique ou religieuse (c’est aussi valable pour les bretons) elles devraient être privées de toute subvention.
    On en est loin…

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  3. MEYER MEYER

    Je trouve vos propos completement deplaces car vous ne comprenez rien a la politique et encore moins aux affaires.Qu’ils soient de droite ou de gauche lorsqu’ on occupe des postes mediatiques la moindre erreur est demultipliee et on ne prends malheuresement pas le temps de verifier l information.Sachez que le president zvi ammar travaille énormement pour la communauté juive et gratuitement par dessus le marché.

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