Comment les promoteurs s'approprient les espaces publics
VINCI ET LES ESPACES
Deux lieux se font, en ce moment, écho l’un à l’autre : la Corderie et Notre-Dame des Landes, en Loire-Atlantique. Dans ces deux lieux, Vinci est en train de dégrader l’espace, ici par la construction d’un immeuble qui vient détruire les traces du passé marseillais, et là par la construction d’un aéroport inutile, coûteux et destructeur pour l’environnement.
L’appropriation des espaces par les promoteurs
Dans les deux lieux dont il sera question ici aujourd’hui, une entreprise de construction, Vinci, s’est emparée d’un espace public pour en faire un espace de promotion immobilière ou un espace de promotion des transports – en l’occurrence des transports aériens. Mais ce que font apparaître ces initiatives de Vinci dans des lieux très éloignés l’un de l’autre, c’est la façon dont les entreprises peuvent véritablement voler des espaces publics en s’emparant d’eux à leur guise, en-dehors de toute rationalité. À Marseille, sur le site de la Corderie, il s’agit de voler un espace porteur d’informations archéologiques sur l’histoire de la ville pour y construire un immeuble de construction et, ainsi, pour faire du profit par la vente de ce qui sera devenu un ensemble de biens immobiliers. À Notre-Dame des Landes, dans la banlieue de Nantes, il s’agit de construire un aéroport sans commune mesure avec les besoins réels de l’agglomération nantaise en termes de transports aériens, et, ainsi, de soumettre l’usage de l’espace à la seule rationalité du profit, sans aucune considération pour la réalité de l’usage réel pourrait être fait de cet espace. Dans ces deux lieux, les promoteurs immobiliers s’emparent d’un site sans considération pour ce que l’on peut appeler la raison de l’usage de l’espace, mais en le soumettant à la seule logique du profit. C’est en ce sens qu’il s’agit d’un vol.
Qu’est-ce qu’un espace dégradé ?
Au-delà même de la logique qui préside à l’appropriation de l’espace par Vinci, il s’agit d’une entreprise de dégradation de l’environnement. À Nantes, comme il ne peut tout de même pas y avoir deux aéroports pour cette ville, l’espace occupé par l’actuel aéroport deviendra un espace simplement dégradé, sans considération pour les usages qui pourraient en être faits. La dynamique immobilière et foncière de la construction des aéroports vient bétonner l’espace et le soumettre à la logique du profit sans considération pour l’environnement du lieu. À Marseille, sur le site de la Corderie, c’est un passé, une histoire, qui se trouve faire l’objet d’une dégradation, d’une destruction, tandis que ce qui aurait pu être un espace public de rencontres, de découvertes, d’échanges, un lieu de paroles et de communication, va devenir un simple espace de valeur immobilière et contribuer de cette manière à l’aggravation de la détérioration de l’environnement urbain à Marseille, pourtant déjà bien affaibli par la pollution liée à la circulation automobile et par la multiplication des espaces commerciaux livrés au profit et à la vente.
L’écologie politique et les espaces
C’est sur ce plan qu’intervient ce que l’on peut appeler une rationalité écologique de l’espace. L’écologie politique a trois significations que l’on peut pleinement retrouver dans le débat en cours à Marseille. La première de ces significations, celle qui est, en quelque sorte, sa signification première, est la recherche des logiques de préservation de l’environnement de toutes les pollutions, en particulier industrielles, qui viennent le dégrader. Dans la suite, l’écologie politique a engagé toute une réflexion critique sur les usages de l’espace et sur la recherche de formes d’habitation, de culture et de construction propres à maintenir un espace dans lequel il peut être agréable de vivre, un espace qu’il soit possible d’habiter sans faire courir des risques à sa santé, à sa sécurité et, d’une manière générale, à sa vie quotidienne. C’est ainsi que l’écologie politique a fini par se donner une troisième signification, celle d’une critique politique générale des usages de l’espace et de la construction de ce que ‘on pourrait appeler une économie politique de l’espace. C’est en ce sens que, de la même manière que l’on sait, depuis Marx, qu’il ne peut y avoir d’économie qui ne soit pas politique, on sait, depuis les apports de l’écologie et des mouvements écologistes, qu’il ne peut y avoir d’écologie qui ne soit pas politique, car il ne peut y avoir d’écologie qui ne questionne de façon critique la confiscation de l’espace par le libéralisme et par les logiques du profit. Finalement, comme à Nantes et à Notre-Dame des Landes, il importe de dénoncer, à la Corderie, ce qu’il faut bien appeler le vol d’un espace public par Vinci et par les projets de cette entreprise.
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