Minorités imprévisibles

Idées de sortie
le 27 Oct 2017
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Minorités imprévisibles
Minorités imprévisibles

Minorités imprévisibles

Depuis sa création, la compagnie Mémoires Vives, à l’origine de nombreux projets participatifs, fait voyager son festival O.Q.P. (Opération Quartiers Populaires) et sillonne la France à la rencontre des habitants. Ce festival itinérant arrive aux quais, non loin du Vieux-Port, des quartiers populaires de Marseille.

Depuis plusieurs années déjà, la compagnie Mémoires Vives traverse les paysage ruraux comme urbains avec la même revendication : promouvoir les créations artistiques d’acteurs minoritaires, fruits de la mixité sociale, volontairement négligées par les médias et sociétés de production. Indépendamment du fait que la compagnie soit un vecteur de communication au sein des quartiers populaires, elle valorise le cosmopolitisme du territoire, son charme et sa richesse multiculturelle. Avec le soutien de la Fondation Abbé Pierre et du C.G.E.T. (Commissariat Général à l’Égalité des Territoires), O.Q.P. dépose ses valises quinze jours sur les planches du Théâtre de l’Œuvre, et plus généralement à Belsunce, le quartier populaire du centre de la ville.

Deux semaines durant, spectacles vivants, documentaires et expositions, débats et ateliers interrogeront le public, lui offrant même l’occasion de jouer un rôle contributoire. Mettre en lumière les invisibles de la rentrée culturelle, niche artistique trop souvent méprisée, c’est le défi que s’est lancé O.Q.P. à travers une programmation d’œuvres intelligentes et efficaces, chacune mettant en scène les problématiques morales, sociales et culturelles liées aux quartiers populaires. L’ambiance, à l’image du festival, s’annonce enthousiaste et interactive, à l’instar de la soirée d’ouverture, inaugurée par le spectacle Les Raisons d’un retour au pays natal.

Créé par la compagnie Mémoires Vives en 2015, ce récit initiatique et « comique » autour du thème très actuel de l’exil des réfugiés s’amorce autour de la rencontre hasardeuse entre deux jeunes « sans-papiers » partageant la même quête de vie nouvelle. « L’un est sénégalais, jeune diplômé de la classe moyenne, sans perspective d’embauche, il veut compléter ses études supérieures en Europe et rêve de changer le destin de l’Afrique. L’autre est Comorien, fils d’un paysan déshérité, qui veut faire fortune et racheter la dignité de sa famille qui croupie dans un bidonville de Moroni. »

Toujours côté théâtre, on courra voir l’adaptation d’Histoire universelle de Marseille par le collectif Manifeste Rien. La pièce, de nombreuse fois applaudie par ici, retrace l’histoire de Marseille, vieille de 2 600 ans, du Moyen-Âge à aujourd’hui. Illustrée par l’affrontement entre personnages historiques, tels qu’Henri IV ou Louis XIV, et héros anonymes marseillais revendiquant une république indépendante, cette adaptation est « faite de combats, de trahison, de poésie, qui se clôt sur les dites mutations urbaines que connait aujourd’hui Marseille. » En parfait contrepoint, Marie Beschon, chercheuse associée au collectif, mènera une enquête historique sous la forme d’un atelier d’éducation populaire autour du livre d’Alèssi Dell’Umbria.

Deux films, signés Saïd Bahi et Rachid Akiyahou, ne manqueront pas également d’alimenter le débat. Dans la comédie Ils l’ont fait, le personnage principal, un jeune Français d’origine sénégalaise radié de Pôle Emploi, décide de se présenter aux élections municipales et d’endurer toutes les contraintes de son statut. Dans l’espoir de changer les choses et de se battre pour les gens de son quartier, il devra déjouer les pièges du maire installé depuis des décennies… Dans un documentaire cette fois (Les Héritiers du silence), Said Bahij décrypte la « foret de symboles » du Val fourré, l’une des plus vieilles cités de France dont il garde tous ses souvenirs d’enfance. S’autoproclamant « sociologue de gouttière » auprès de Pierre Bourdieu, il discrédite tous les clichés de ces « zones franches à hautes tensions », toujours avec humour.

Amandine El Allaui

Festival O.Q.P. – Opération Quartiers Populaires : du 23/10 au 4/11 au Théâtre de l’Œuvre (1 rue mission de la France, 1er) et dans le quartier Belsunce.

Rens. : 04 91 90 17 20 / http://cie-memoires-vives.org/la-quinzaine-oqp-marseille/

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Le programme complet du Festival O.Q.P. ici

 

Commentaires

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  1. barbapapa barbapapa

    Très intrigué par cette photo https://marsactu.fr/wp-content/uploads/2017/10/image-l-inquietante-etrangete-02.jpg , qui semble avoir été prise en 1943 après la destruction d’une partie du quartier du Panier, depuis le quai de la mairie, un peu avant celle-ci, à l’emplacement des premiers immeubles Pouillon. Je sais que la Mairie et la maison diamantée n’avaient pas été touchés, mais cet immeuble resté seul qui n’existe apparemment plus, quelqu’un saurait pourquoi il est resté droit ?
    Anecdotique : on dirait que le figuier du Vieux Port a toujours été la !

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