Force ouvrière ne veut pas lâcher les clefs du comité d’action sociale
Une majorité de syndicats a boycotté une réunion du comité technique, instance paritaire de la métropole. Ils fustigent l'absence de dialogue social au sein de la nouvelle institution et la mainmise de Force ouvrière et du modèle social marseillais. Le cas le plus flagrant pour eux est le comité d'action sociale (CAS) où FO ne leur délèguerait que deux sièges sur douze.
Image du dernier rallye du CAS de MPM.
Ce lundi matin, le comité technique de la métropole n’a pas fait le plein. L’instance paritaire qui examine tous les dossiers liés aux personnels et à leurs conditions de travail comptait une majorité de chaises vides, du côté syndical de la salle. En effet, l’ensemble des représentants des organisations réunies en intersyndicale (FSU, UNSA, CGT, CFE-CGC, CFTC…) ont décidé de boycotter la réunion du jour. “On ne peut que constater l’échec de l’administration et des politiques à dialoguer et négocier avec les organisations syndicales”, regrettent-elles dans un communiqué commun.
En mars dernier, Marseille avait connu sa première grève métropolitaine avec, déjà en sous-texte, la question de la convergence des acquis sociaux entre les 7200 agents issus des anciennes intercommunalités. Le chantier est colossal et la tâche ardue. D’un territoire à l’autre, d’Istres à Aubagne en passant par Aix ou Salon, les avantages, les temps de travail ou les critères d’avancement varient du tout au tout. Et si la métropole est parvenue à faire “converger par le haut” le prix du ticket resto avec 8,80 euros pour tous, les disparités sont encore la règle.
Cinq réunions annulées
Or, pour l’intersyndicale, la direction générale des services peine à installer un dialogue social digne de ce nom. “Cinq réunions avaient été programmées sur la mobilité des personnels, les critères d’avancement, l’harmonisation du temps de travail et de l’action sociale, toutes ont été annulées sans motif, constate Cécile Auvity secrétaire générale de la FSU. Il n’y a pas de dialogue social, les seules réunions que nous avons sont celles où on prépare les comités techniques et où nous sommes le plus souvent mis devant le fait accompli.” Pour l’intersyndicale, cette absence de dialogue social se traduit par une simple déclinaison du système marseillais de l’ancienne communauté urbaine Marseille Provence métropole (MPM) à l’ensemble des personnels.
Un point de vue balayé par le directeur général des services à la Ville et à la métropole, Jean-Claude Gondard, pour qui le dialogue est toujours de mise. “J’ai justement choisi de repousser au prochain comité technique l’examen de dispositions sur le régime indemnitaire et le temps de travail pour laisser plus de temps d’information, se défend-il. Sur le comité d’action sociale, nous avons décidé d’élargir à l’ensemble des agents de la métropole le système mis en place dans l’ancienne communauté urbaine MPM. Car c’est de loin le plus avantageux.”.
“En mode clientéliste”
Or, cette dernière proposition fait bondir les élus de l’intersyndicale qui y voient un soutien à Force ouvrière “en mode clientéliste”. “À elles toutes, nos organisations ont fait 55 % aux dernières élections professionnelles, s’insurge Christian Cheftel secrétaire général de l’UNSA. Et tout ce qu’ils nous offrent, c’est deux pauvres strapontins au sein du comité d’action sociale. Or, c’est une vraie boîte noire dont personne ne connaît les statuts où tout se gère entre élus et délégués FO”.
En effet, jusqu’à présent, le comité d’action sociale de la Ville et de MPM reste un bastion tenu par Force ouvrière. En proposant prestations et activités de loisirs à l’ensemble des agents, le syndicat majoritaire historique dispose d’un outil indispensable pour créer du lien avec tous les agents, encartés ou pas.
Son président est le nouveau maire honoraire des 4/5 Bruno Gilles (LR), qui n’a jamais caché sa sympathie pour FO et son vice-président, le secrétaire général du syndicat Patrick Rué en personne. Les statuts de l’organisation sont verrouillés pour que le syndicat majoritaire à la Ville garde la main sur le CAS. L’élargissement du CAS à MPM n’a rien changé à cela.
La prime majoritaire
“C’est normal puisque Force ouvrière reste majoritaire même avec 45 % des voix, estime Jean-Claude Gondard, le directeur des services municipaux. Les autres syndicats se sont présentés aux élections séparément. Ils ne peuvent pas arriver après en disant qu’à eux tous, ils sont majoritaires. Dans ce cas, ils n’avaient qu’à se présenter ensemble.” Lequel ajoute avoir tout de même demandé à Force ouvrière de faire évoluer les statuts pour faire entrer des représentants d’autres syndicats.
“Nous allons introduire une dose de proportionnelle effectivement, explique Patrick Rué. Au comité technique nous avons 7 élus sur 15 membres. Dans les comités où les représentants sont moins nombreux, la proportion de représentants de Force ouvrière augmente, c’est normal”. Le secrétaire général de FO reconnaît tout de même que Jean-Claude Gondard a dû insister un peu pour que la dose de proportionnelle ne concerne pas que l’assemblée générale mais également le conseil d’administration, exclusivement FO. “C’est vrai qu’il y avait un risque qu’il reste FO même en modifiant la composition de l’assemblée générale”, constate Patrick Rué.
Un siège pour la FSU, l’autre pour la CGT
En 2002, les six élus municipaux du CAS et le représentant du comité communal d’action sociale s’étaient vu adjoindre cinq représentants de MPM, tous FO. Désormais les statuts évolueraient de façon à créer un dispositif paritaire avec 12 représentants de l’administration. Et l’ex MPM serait remplacée par la plus vaste métropole, avec toujours 5 représentants. “C’est sur ce quota-là que nous proposons deux sièges, un pour la FSU et l’autre pour la CGT, mais c’est encore en discussion”, explique Patrick Rué.
Pour lui, tous les agents de la métropole sont ravis de pouvoir avoir bientôt accès “au premier comité d’action sociale de France”, pour reprendre son slogan. Sur sa page Facebook, le syndicaliste ne manque pas de rappeler les prochaines destinations “croisières aux Caraïbes, Cuba, Jamaïque, séjour aux Antilles, aux Cyclades ou dans l’Ouest américain” tout en soulignant dans les commentaires qu’à cause “des mauvais perdants, cela ne peut pas bénéficier à tous les agents de la métropole”.
En réponse, l’intersyndicale propose les premiers assises de l’action sociale métropolitaine à Aix, le 14 novembre prochain “pour faire un tour d’horizon de ce qui existe dans les territoires afin de bâtir ensemble l’action sociale métropolitaine de demain”. C’est un peu moins sexy qu’une mini-croisière en Italie pour les 45 ans du CAS.
Commentaires
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Cette volonté de conserver le CAS doit bien cacher encore quelques avantages , peut être ?
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Peut-être voir sans doute.
Mais ce qui est limpide c’est la toile clientéliste que FO tisse .
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FO ton univers impitoyable,
FO, malheur à celui qui n’a pas compris,
FO, glorifie la loi du plus fort…
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J’adore les éléments de langage de Gaudin et ses porte-flingues : avec 45 %, FO est “majoritaire”. Sic. Et par conséquent, 55 % c’est une minorité. Re-sic.
Quand on en est réduit à vider les mots de leur sens et à tordre la réalité, il faut peut-être envisager de consulter.
L’extension à l’ensemble de la métropole des liens mafieux entre les politiques et les “syndicalistes” (re-re-sic) de FO est vraiment le plus beau cadeau qu’on ait pu faire à nos voisins.
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Gaudin oublie de préciser qu’il s’agit d’une majorité… relative. Au diable ce genre de détail. Ils ont le pouvoir épicetou.
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Certaines souris sont confortablement installées dans le gruyère et n’en veulent surtout pas sortir.
Pour le reste, l’odeur de ce marigot politico-syndical devient de plus en plus nauséabonde, à fortiori quand on imagine l’argent public qui y est déversé.
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Ah qu’elles sont sexy ces destinations ! et pour les marseillais c’est impôts élevés + rats qui grouillent + immondices dans les rues + services publics déficients
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Franchement , la place doit être bonne pour en arriver à sortir de telles énormités et pour ne pas dire autre chose (Comme disait CHIRAC : plus c’est gros et plus ça passe .Parole d’un esthète en la matière) , d’ailleurs je ne vois pas pourquoi je pose un conditionnel: la place est vraiment bonne, visiblement.
Quant à FO , c’est à vomir, même pas la peine de parler du système de promotion interne, de la couverture des bizarreries à la mairie, du placement à des postes rémunérateurs des syndicalistes etc.
Force est de constater aussi que ce système convient aussi aux employés municipaux ( du moins à certains)et ne les écœurent pas (45 % de votes favorables) puisque quelque part , ils doivent en profiter aussi , voire sûrement.
“Le poisson pourrit toujours par la tête” .Ce proverbe chinois est encore vérifié, une fois de plus à Marseille, malheureusement.
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A la tête, il y a l’adhérent “d’honneur” (encore sic), alias adhérent donneur.
Et si Bruno Gilles parvient à lui succéder, on repartira pour une nouvelle période de ce désuet mélange des genres – dont le Marseillais de base voit tous les jours l’effet sur l’efficacité des services publics municipaux, mais aussi sur le montant des impôts locaux.
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Pour finir en beauté RUE sera conseiller municipal comme MOSCATI et la boucle sera bouclée avec B.GILLES
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Ce qui transparaît fortement c’est que tous connaissent les rapports mafieux qu’entretient FO et refuse qu’elle gangrène les autres villes et leurs services à l’ombre de la métropole, du coup je me pose cette question : mais que fait l’état qui est sensé arbitrer tout cela; à moins que les récents sejours Marcronien sur Marseille explique les regards détournés et autres réjouissances.
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On peut penser que, indépendamment des discours successifs sur l’aide qui doit être apportée à Marseille en termes d’investissements, transports etc., personne mais alors personne en “haut-lieu” ne veut mettre les mains dans le cambouis marseillais tellement la situation est dégradée politiquement et explosive socialement. On laisse donc la “classe” politico-syndicale locale gérer la pétaudière en prenant son eco au passage (rentes, avantages, clientélisme, etc). Cette ville (métropole demain?) est sous cloche et de l’extérieur on regarde son agitation et sa dégénérescence. Ceux qui en souffrent le plus sont les citoyens émérites de ce territoire, partisans d’une vraie politique de la ville, intelligente et au service de chacun; ceux-là sont prisonnier du système et n’ont d’autre choix quand c’est possible de partir vers d’autres cieux urbains.
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En effet, personnellement en cas d’élection de Bruno Gilles je me preparais au départ
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L’Etat ?.Et bien il pousse la poussière sous le tapis. Il met son mouchoir dessus.
Cette ville devrait être à la vue de sa situation entre autre financière mise sous tutelle. mais entre coquins donc entre copains l’on attend que cela se passe.
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Oui, c’est par là qu’il aurait fallu commencer, pour ensuite…, mais encore fallait il pour cela un pouvoir politique national doté d’un minima de lucidité; Et voila déjà quelque temps que ça n’est pas arrivé!
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Magouilles et collusions entre Force Ouvrière et les élus républicains !!! Le cas est la pompe à finance de FO avec la complicite de g
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Magouilles et collusions entre Force Ouvrière et les élus républicains !!! Le CAS serait il la pompe à finance de FO ? avec la complicité de certains élus LR et haut fonctionnaires de la Métropole et de la Mairie
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Des élections professionnelles se dérouleront le 6 décembre 2018.
Pour que les choses changent, il faut que les abstentionnistes très nombreux, en 2014, se mobilisent et votent pour ré équilibrer les puissances syndicales représentatives au Comité Technique.
Aujourd’hui la principale raison du chaos est tout simplement la formidable mobilisation des électeurs qui ont beaucoup à perdre si le clientélisme disparaissait avec tous les avantages indus dont ils bénéficient aujourd’hui !
Un paysage syndicale équilibré permettra un dialogue social équilibré et un service public, rendu par les agents, de qualité pour l’ensemble des citoyens de cette Métropole.
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He bien, forcement, ça a mis du temps, mais tout arrive. Oui, la métropole est ainsi faite que Marseille (ses us, coutumes et vieilles, mais tenaces, habitudes de fonctionnement) gangrène effectivement l’ensemble des territoires de la “métropole”, les territoires voisins, ce que le defferrisme n’était pas arrivé à faire (sa seule limite, dans l’abjection, était géographique; Defferre était resté très réaliste sur ce point, sinon ça l’aurait pas fait!). Les robinets et autres égouts, sont désormais ouverts… Sous le haut patronage de l’adhérent d’honneur/donneur (joli coup, Electeur du 8è!), le solide institué (1947-2017) va tenir l’instituant la tête dans l’ea..le marigot, espérant qu’il s’étouffe, et usant pour ce faire de toute ses ressources, et il en a (47/17). Non seulement ça va être bloquant, douloureux et couteux pour tout ceux qui ne sont pas aux commandes, mais ça sera bigrement instructif, à l’image de ce qu’il se passera dans de tous autres domaines. Et de l’instructif, il en faut, si en croyons le nombre de celles et ceux qui pensaient que Marseille et consorts avaient pris 50 ans de retard qui seraient ainsi rattrapés, avec une entrée dans le modernisme urbain up to date. Si l’on en croit également le niveau de l’opprobre déversée sur ceux qui étaient contre, qui disais oui mais, non mais, pas comme ça, non pas à la hussarde… à la monstropole. Les territoriaux d’aix-martigues et autres annexes n’ont pas fini de devoir reconsidérer leurs savoirs de base, pour un “nouveau” monde, où la majorité est minoritaire, et réciproquement, où tout est dans tout et réciproquement, où… (Faut s’inscrire, FO va sans doute faire des stages…pas très chers). Bon, le seul conseil (marseillais) qu’on puisse, à ce jour, donner à leurs représentants, c’est de ne pas oublier d’aller, fréquemment, bruler un cierge à la Bonne Mère, pour le repos de l’âme de Mm Débranchue, de M Hollande, et de M Valls (il va pas tarder à s’occuper de la Nouvelle Calédonie, le Groooossseee Paris n’ayant pas voulu de lui). Certes c’est un peu court, mais le mal est fait, et nous avons, à l’heure qu’il est, rien d’autre en magazin.
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Bon les majoritaires globaux, minoritaires de fait c’est notre présent. Les derniers régnants minoritaires : Trump, Macron, Merkel, Gaudin, … tout est dans l’art du découpage électoral, et il y a des experts !
Pour les destinations lointaines, ça fait joli sur le catalogue, mais les places sont comptées : à qui bénéficient-elles ? 1 % ? Et si on compare aux CE du privé … , on ne vole pas bien haut en niveau de gratification. Ceci dit, comme tous les CE du privé, la CAS reste la clé des relations aux électeurs, reproduisant le système “clientéliste” que les français plébiscitent : un député c’est fait pour attirer les crédits de l’Etat sur son territoire, non ?
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Plusieurs commentaires :
– minoritaire à 55%, il fallait en effet la sortir. Les clientélistes gaudino-FO ne sont pas à une énormité près ;
-je suis favorable à l’intercommunalité, MPM hier, Métropole aujourd’hui ;
– toutefois, je ne eux soutenir l’extension à ces deux périmètres des connivences Elus – FO qui gangrènent les services publics locaux. Nous payons cher, de plus en plus cher, des services publics minables et nous apprenons que le syndicat FO propose (avec nos sous) des croisières à ses affidés. Le con-tribuable local ne sert lui qu’à se faire tondre. Et silence dans les rangs !!!! ;
– quand on atteint un tel niveau d’incompétence, de détournements de l’argent public pour des choses inutiles (fonctionnaires trop nombreux, inefficaces, voitures de fonctions, investissements inutiles, détournements de fonds, absentéisme des agents, ….), un endettement astronomique et une qualité comptable sans cesse critiquée par a Chambre régionale des comptes, il n’y a qu’une solution ; la mise sous tutelle de la ville et de la métropole, le licenciement de 50% des fonctionnaires territoriaux, de 100% des élus.
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