Dans un contexte de forte demande, sans-abris et migrants sont aujourd’hui (mis) en concurrence, notamment sur Marseille où la précarité a droit de cité.
SDF vs migrants, l’opposition qui n’a pas (de) lieu d’être
Cet article provient du sixième numéro de Chicane, le petit observateur de controverses réalisé par les étudiants du master Métiers de l'information Sciences Po Aix/EJCAM, qui ouvre la controverse autour de l'accueil des migrants en région PACA. Nous publierons prochainement sur l'agora de Marsactu l'intégralité des contenus produits dans le cadre de ce projet
SDF vs migrants, l’opposition qui n’a pas (de) lieu d’être
Problème épineux et ancien, le phénomène prend une autre dimension avec l’arrivée de populations migrantes, qui, choisissant pour la plupart de vivre dans la clandestinité, se réfugient dans des hébergements d’urgence. Dans le contexte marseillais, l’accueil des migrants est d’autant plus problématique qu’il ravive des débats sur les risques d’une concurrence avec les autres sans domicile fixe. Le Front national a en effet fait de l’opposition SDF-migrants un de ses chevaux de bataille en vue des présidentielles d’avril 2017. Se basant sur le dernier rapport annuel de la Cour des comptes, le parti d’extrême droite préconise ainsi de mettre fin à "l’afflux massif de migrants" pour "sortir de la rue les sans-abri et les loger convenablement". Ces affirmations s’ajoutent à d’autres initiatives, comme la très controversées charte "Ma commune sans migrants" proposées par les élus FN en septembre dernier.
Abandon des défavorisés
Pour Christèle Marchand Lagier, maître de conférence en science politique et auteure de plusieurs travaux de recherches sur le vote FN, cette argumentation n’a rien de surprenant. Elle rappelle que l’immigration est un "thème porteur" du FN depuis sa création et souligne l’importance du contexte actuel de menace terroriste, d’état d’urgence et demande sécuritaire: "une des constantes historiques du discours traditionnel tenu par le FN est d’opposer Français et étrangers, et de distiller l’idée d’une menace venue de l’extérieur". La chercheuse renvoie également la nouvelle résonance du Front national aux faiblesses de la droite mais aussi de la gauche qui a, selon elle, abandonné les catégories sociales moyennes-inférieures: "aujourd’hui les catégories sociales les plus défavorisés ont peur du déclassement et un moyen de se protéger est de désigner et différencier (…) la différence est qu’elles ne recourent plus à des critères sociaux, de classes sociales, mais des critères ethniques". Ainsi conclut-elle, si cette concurrence entre SDF et migrants n’est pas vérifiable dans les faits, elle obtient un ancrage solide dans les imaginaires populaires en raison de la conjoncture et du matraquage médiatique autour du FN. Vincent Erario
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