Écologie urbaine à Marseille (4)
L’ESPACE URBAIN MARSEILLAIS
Pour penser l’écologie urbaine à Marseille, sans doute est-il important, à un certain moment, de revenir, à un certain moment, sur le sens propre du terme écologie, de revenir aux fondamentaux de l’oikos, de l’espace urbain dans lequel nous vivons, à Marseille. Pour cela, nous allons questionner un peu l’état de l’environnement dans cette ville, la façon dont nous vivons notre espace, dont nous habitons pleinement cette ville.
Commençons par ce qui frappe quand on marche dans les rues dans notre ville : leur état. On a le sentiment en parcourant les rues dans cette ville, en déambulant dans les quartiers de la ville, en particulier dans les quartiers du centre, que cette n’est pas habitée, que les gens qui y vivent ne se l’approprient pas, ne la reconnaissent pas come leur ville. S’ils l’habitaient pleinement, s’ils la considéraient comme leur ville, ils prendraient garde à l’entretenir, à la maintenir propre, à protéger leur environnement des atteintes de l’usure du temps et des dégradations environnementales qu’il subit. Or, la première sensation qui nous vient en retrouvant Marseille après l’avoir quittée il y a une vingtaine d’années, est que la ville est sale. Les rues n’y sont pas entretenues, les trottoirs sont parsemés d’immondices de toute sorte. La ville n’est pas entretenue comme devrait l’être la deuxième ville de notre pays.
À ces dégradations de l’espace qui tiennent à ce que les rues ne sont tout simplement pas maintenues propres, s’ajoute une autre forme de dégradation de l’espace : les maisons ne sont pas assez bien entretenues, elles ne sont pas ravalées ni repeintes comme elles le devraient. En-dehors de certains monuments historiques, et en-dehors de certaines rues particulièrement mises en valeur, l’espace urbain marseillais n’est pas entretenu avec le souci du patrimoine, et, en particulier, il subit insidieusement, sans que l’on s’en aperçoive pleinement, les dégradations dues à la pollution automobile. Sans doute l’espace urbain serait-il en meilleur état si la circulation était plus réduite et davantage mise en œuvre par des transports en commun, eux-mêmes confiés à des trolleys et moins à des autobus polluants. Alors que d’autres grandes villes organisent leur réseau de transports en commun en le confiant de plus en plus à des tramways et à des véhicules électriques, le tramway a reculé à Marseille, voire a disparu dans certains quartiers. Cela contribue à polluer davantage l’espace urbain.
Cette dégradation de l’espace urbain nous engage à réfléchir sur la signification politique de la politique environnementale, et, par opposition, à son absence.
La première signification de la politique environnementale, de l’écologie urbaine, est l’appropriation de l’espace par ceux qui l’habitent. Il y a deux dimensions de l’habitation. La première est la dimension singulière : j’habite dans ma maison, dans mon quartier, dans ma ville, sans me soucier des autres qui ‘habitent en même temps que moi. C’est mon espace privé, mon espace singulier, que j’habite en l’entretenant et en me souciant de son état. L’autre st la dimension collective : nous habitons ensemble un espace que nous occupons ensemble dans le souci de l’usage collectif de cet espace et dans le souci que l’espace urbain soit l’espace de tous. C’est l’articulation de ces deux dimensions de l’espace qui donne naissance à un espace pleinement politique. Or, on a le sentiment, ici, que Marseille n’est habitée que par des individus sans l’être par des citoyens porteurs d’un projet de vie partagée.
La seconde signification de la politique environnementale est le souci du temps long en même temps que de l’immédiat, du temps court. C’est le sens de la politique d’entretien du patrimoine, mais c’est aussi le sens de la maîtrise politique et sociale de l’environnement et de sa pérennité. Il est urgent d’engager à Marseille une politique de l’espace qui n’ait pas seulement la préoccupation du temps court, mais qui ait aussi celle du temps long, d’engager une politique de l’environnement qui ne s’inscrive pas seulement dans la logique de l’aujourd’hui, mais qui s’engage aussi dans la préoccupation du demain, voire de l’après-demain.
Enfin, une politique de l’environnement urbain est une politique qui articule pleinement la nature et la vie sociale. Si la mer est aussi peu présente dans une ville comme Marseille, cela rejoint la faible existence des parcs, des espaces verts, et, d’une manière plus générale, des lieux dans lesquels la nature soit présente. Pour que l’environnement urbain respire, à Marseille comme ailleurs, il importe que la vie sociale retrouve la préoccupation d’une vie naturelle plus présente, d’une énergie moins polluante, d’usages sociaux davantage soucieux de la préservation de l’articulation entre les hommes et la nature.
Sans doute est-il aujourd’hui urgent que les oolitiques urbaines réinventent une politique environnementale à Marseille, pour que l’espace urbain soit de nouveau un espace pleinement vivable, pour que ceux qui y vivent l’habitent pleinement.
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Très juste. Merci pour cet article.
Il y aurait beaucoup trop à dire pour parler du territoire urbain médiocre dans lequel nous vivons et tellement d’idées pour l’améliorer.
Malheureusement, cela ne fait pas assez débat.
Pourtant, Thierry Paquot a écrit, très justement : « La civilisation urbaine, qui se mondialise, ne pourra faire l’impasse sur cette question existentielle de fond : comment habiter, là où l’on se trouve, même si ce n’est pas notre terre natale et même si l’on n’est pas appelé à y demeurer ? » .
A méditer
Se connecter pour écrire un commentaire.