[Vieilles branches] Plan-de-Cuques s’enracine en Provence avec des oliviers importés
[Vieilles branches] Plan-de-Cuques s’enracine en Provence avec des oliviers importés
Cinq oliviers pour un rond-point. Vous voici à Plan-de-Cuques, à la limite nord-est de Marseille. La frontière, végétale et administrative, ne saute pas aux yeux entre cette commune d’un peu plus de 10 000 habitants et la seconde ville de France. Traversée par le Jarret, qui prend sa source entre Garlaban et massif de l’Étoile, Plan-de-Cuques était jusqu’en 1936 rattachée à sa voisine Allauch. La commune, zone résidentielle bercée par les voitures, dispose d’un patrimoine étonnant : l’olivier “le plus vieux d’Europe”, claironne partout la municipalité, comme sur son site internet. Âge annoncé : 1 800 ans. Impossible pourtant de l’estimer précisément.
Cet arbre est venu “enorgueillir le cœur de notre village”, annonçait la mairie lors de sa plantation, il y a une bonne dizaine d’années. En effet, l’olivier, comme bien d’autres sur la commune, a été importé d’Espagne. Le maire, Jean-Pierre Bertrand (divers droite), assume cette politique de l’arbre quelque peu singulière. Plan-de-Cuques, “c’était le grenier d’Allauch, ici on faisait du blé”, admet-il. Il n’y avait donc pas de culture d’oliviers avant son arrivée à la tête de la Ville.
Une collection d’oliviers multicentenaires
“Cet arbre vient de la région du nord de Barcelone, explique-t-il. Il était devant un pépiniériste de Saint-Tropez, où nous allions souvent acheter des arbres. Ce dernier ne voulait pas le vendre. Au bout de plusieurs années, j’ai réussi à le convaincre.” Et voilà donc, à l’automne 2005, l’olivier géant arriver en camion du Var pour être installé au milieu d’une place, près d’une fontaine à tête de lion et de la route départementale qui traverse le village et fait donc office de rue principale. À ses pieds, des touffes de lavandes entourées d’une balustrade. Une grue de 10 tonnes a été nécessaire pour l’installer. “On a dû faire un trou de 5 mètres de profondeur”, se souvient le maire.
Cette acquisition, aussi surprenante soit-elle, est loin d’être isolée. “On a planté énormément d’oliviers, poursuit celui qui dirige la ville depuis 27 ans. Plan-de-Cuques doit compter une vingtaine d’oliviers qui ont plus de 500 ans et une douzaine qui ont entre 800 et 1800 ans”, explique-t-il, non sans fierté. Tous ont été achetés à des pépiniéristes, notamment à un “fournisseur espagnol, pas loin de la frontière. Du coup, il faut en prendre au moins deux ou trois pour rentabiliser le camion”. Il raconte même en avoir “acheté aux enchères d’un pépiniériste qui était en faillite et payé 500 euros des arbres de 800 ans”. “Certains pays comme le Portugal, l’Italie ou l’Espagne ont beaucoup d’oliviers et les coupent. Alors autant les acheter pour les protéger”, détaille le maire.
La Provence immortelle
Le commerce d’oliviers de grand âge est devenu un business lucratif, avec une transaction record à 64 000 euros pour un arbre portugais il y a cinq ans. Si les oliviers multicentenaires, achetés pour l’esthétique et faciles à transporter, sont aujourd’hui couramment utilisés pour agrémenter les villas neuves de particuliers, l’affaire est moins habituelle pour des collectivités qui achètent en général des arbres très jeunes. L’activité commence d’ailleurs à soulever des polémiques. En Espagne où la région de Valence a interdit de vendre les arbres de plus de 350 ans, mais aussi au Liban où l’on trouve des “cimetières d’oliviers” où ils attendent de trouver acquéreur.
“C’est un arbre fantastique, symbole de la Provence, défend Jean-Pierre Bertrand. En Afrique du Nord, ils l’appellent l’immortel. Même après l’hiver 56 ils ont repoussé depuis la souche. On a l’impression qu’ils vivent, c’est un arbre attachant”. Mais derrière la dimension esthétique, le mythe de la Provence éternelle n’est pas loin. Plan-de-Cuques, le village. Son moulin et ses oliviers. “Dans cinquante ans, on aura de arbres qui feront la fierté de notre ville et des habitants”, argumente Jean-Pierre Bertrand.
Huile d’olive de Plan-de-Cuques
Il n’est pas le premier à vouloir influencer l’identité de sa commune avec des végétaux importés. De nombreuses études se sont penchées sur la manière dont les palmiers, importés à la fin du XIXe sur la Côte d’Azur, ont été utilisés à dessein pour forger des images de villes touristiques, ensoleillées toute l’année. Au début des années 2000, Marseille avait parsemé la ville de palmiers en pot, en lointain écho de cette Côte d’azur touristique. Au point, comme Hyères, de rajouter “les-Palmiers” à son nom, comme Aubagne a souhaité récemment le faire en ajoutant “en Provence”.
À Plan-de-Cuques, dont la population a doublé entre les années 70 et les années 90, les oliviers se retrouvent désormais dans toute l’iconographie de la ville, jusqu’au livre sur son histoire, sous-titré “la Belle, et la rebelle”. Deux spécimens ont été installés de part à d’autre de l’hôtel de ville et un tableau du plus âgé décore les couloirs. La mairie organise également chaque année le ramassage des olives de ses arbres et distribue de petites bouteilles d'”huile d’olive de Plan-de-Cuques”. “Le problème aujourd’hui, confesse le maire, c’est de trouver où les planter. J’en ai déjà mis huit ou neuf au parc du bocage, ça commence à faire beaucoup.” Autre souci, à ses yeux, l’entretien. “On les surveille, il ne faut surtout pas les arroser. (…) Dans les communes, nous n’avons pas de professionnels des espaces verts, ils laissent crever. Ce ne sont pas des passionnés.” A la différence d’un maire qui, de toute évidence, a fait de ces oliviers “immortels” une affaire personnelle. Osera-t-il, d’ici la fin de son mandat, proposer de renommer son “village” Plan-de-Cuques-les-Oliviers ?
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Le “Provence immortelle” semble avoir surtout un aspect artificiel. C’est Plan-de-Cuques ou Plan-en-Toc ?
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Je suggère Manhattan-les-oliviers.
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