LA POLITIQUE DE L’ENVIRONNEMENT À MARSEILLE (2)
Pour poursuivre la réflexion engagée sur la politique de l’environnement à Marseille, abordons aujourd’hui les questions relatives à ce que l’on peut appeler la politique écologique de la ville.
Les inégalités écologiques dans l’espace urbain
L’écologie et l’importance donnée à l’environnement sont étroitement articulées à l’aggravation des inégalités dans les différents quartiers de l’espace urbain et métropolitain. C’est que la véritable question de la politique de l’environnement dans l’espace urbain est là. La question environnementale devient un véritable problème politique dès lors que ce sont les inégalités sociales qu’elle manifeste. D’abord, il s’agit des inégalités entre les quartiers. L’environnement n’est pas perçu ni aménagé ni entretenu de la même manière selon les quartiers. En effet, la question environnementale ne semble pas présenter le même caractère d’urgence selon que l’on habite dans les quartiers du Nord ou dans les quartiers du Sud. C’est que la qualité architecturale n’y est pas la même et, par conséquent, que l’écologie n’y est pas autant présente, car l’aménagement ne lui laisse pas la même place et parce que celles et ceux qui vivent dans les différents quartiers n’y sont pas interpellés avec la même gravité : comme ils n’y sont pas également pris à la gorge par les nécessités économiques et les questions d’emploi, ils ont plus ou le moins de temps de penser à l’écologie. Par ailleurs, il s’agit des inégalités culturelles. Pour être sensible à la question environnementale, encore faut-il y avoir été préparé au cours de ses années de formation, d’apprentissage, d’études, mais aussi par les cultures familiales et sociales dont on est porteur, par les débats et les échanges auxquels on peut participer. C’est là que la question environnementale dépend des aspects culturels de l’identité. Enfin, les inégalités écologiques sont sont fondées sur les politiques menées par les pouvoirs sur la ville (pouvoirs d’arrondissements, pouvoirs urbains, pouvoirs métropolitains) qui sont elles-mêmes élaborées de façon très inégalitaire selon les engagements politiques des uns et des autres.
Les acteurs d’une politique écologique de la ville
En effet, une politique écologique engage plusieurs acteurs et elle implique l’intervention de plusieurs pouvoirs. Une telle politique suscite l’opposition entre ces pouvoirs ou la mise en œuvre de leur complémentarité. Si la municipalité intervient dans le domaine de l’entretien de l’espace de la ville, c’est la métropole qui dispose des pouvoirs dans le domaine des transports qui joue une place essentielle dans une politique urbaine pleinement écologique. Les pouvoirs interviennent ainsi de façon très diverse dans le domaine des politiques écologiques. On peut même parler d’une identité écologique des pouvoirs qui dirigent la ville, tous sensibles de manières très différentes selon leur engagement à la question de l’aménagement et de la préservation de l’environnement. Pour certains, il s’agit de questions à laisser librement aux acteurs du marché de l’aménagement ou du logement, tandis que, pour d’autres, il s’agit d’un élément essentiel des politiques municipales. Mais les acteurs de la politique écologique de la ville ne sont pas seulement les pouvoirs : il s’agit aussi des associations qui engagent des politiques de sensibilisation des habitantes et des habitants et des politiques d’intervention auprès des pouvoirs, et, parmi les acteurs qui jouent un rôle dans ce domaine, il ne faut pas oublier, justement, les acteurs professionnels qui peuvent jouer un rôle de pression ou qui sont plus ou moins fortement impliqués dans leur partenariat avec les pouvoirs.
La place de l’écologie politique dans les projets municipaux
N’oublions pas que, l’an prochain, auront lieu les élections municipales, qui vont être un moment où les projets politiques des uns et des autres vont se confronter dans un vaste débat public dont l’issue sera le choix d’une municipalité. Il importe, par conséquent, que les projets en compétition manifestent clairement la place qu’ils donnent à l’écologie politique. Il ne s’agit pas seulement, d’ailleurs, de projets électoraux, mais il s’agit, plus largement, de la place de l’écologie dans l’identité politique des acteurs qui interviennent dans le débat public de façon permanente. L’écologie a constitué un des domaines dans lesquels un véritable renouvellement des discours et des pratiques politiques s’est exprimé. Dans les projets municipaux qui habitent le débat public à Marseille, l’écologie occupe plusieurs places. La première est celle de la revendication d’une véritable politique urbaine et solidaire. Il s’agit de fonder sur la préoccupation écologique la recomposition des aménagements urbains à des fins d’égalité et de solidarité. C’est ainsi, en particulier qu’il s’agit de repenser la politique urbaine du logement en privilégiant le renouvellement des immeubles anciens et non la destruction du bâti appelé à être remplacé par de l’immobilier neuf sans préoccupation esthétique. Une autre place importante de l’écologie dans les projets municipaux est celle de la politique des transports et des déplacements, fondée sur l’importance des transports en commun et sur la réduction de l’usage de la voiture particulière. D’abord, cela accentue la place du transport dans les politiques de partage de l’espace et d’amélioration de la sociabilité et des relations entre les habitants. Ensuite, il s’agit d’une politique économique et énergétique de diminution de la place du marché dans les politiques de déplacements et de circulation. La troisième politique urbaine que l’écologie se donne pour vocation de nourrir et d’améliorer est la politique de l’urbanisme et de l’aménagement. À Marseille, il s’agit d’améliorer l’entretien du patrimoine architectural que les politiques engagées par les pouvoirs de la droite ont laissé se dégrader pendant si longtemps (la municipalité a été dirigée par J.-C. Gaudin pendant quatre mandats, de 1995 à 2020) qu’il faudra un temps considérable pour rattraper le temps ainsi perdu. Mais il s’agit aussi d’imaginer de nouvelles politiques d’aménagement et d’améliorer l’engagement écologique des politiques de gauche. Finalement, c’est une Marseille nouvelle que l’écologie politique doit nous permettre d’imaginer et de construire.
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