QUAND L’ÉTAT ET LA VILLE S’ALLIENT POUR PRIVATISER L’ENTRETIEN : LE GRAND FORCING DES SPLAIN

Billet de blog
le 15 Avr 2025
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QUAND L’ÉTAT ET LA VILLE S’ALLIENT POUR PRIVATISER L’ENTRETIEN : LE GRAND FORCING DES SPLAIN
QUAND L’ÉTAT ET LA VILLE S’ALLIENT POUR PRIVATISER L’ENTRETIEN : LE GRAND FORCING DES SPLAIN

QUAND L’ÉTAT ET LA VILLE S’ALLIENT POUR PRIVATISER L’ENTRETIEN : LE GRAND FORCING DES SPLAIN

Crédit photo : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Marseille_-_Ecole_%C3%A9l%C3%A9mentaire_Chevalier_Paul_%2816250916739%29.jpg

Mini-site d’informations : https://L327-3.ovh 

Nous sommes trois membres du collectif des écoles de Marseille, et nous contestons juridiquement le fait qu’une Société Publique Locale d’Aménagement à Intérêt National, une SPLA-IN (en l’occurrence la Société Publique des écoles Marseillaises, la SPEM) assure la maintenance des écoles, ce qui dépasse son champ légal. Nous avons obtenu gain de cause en première instance au Tribunal Administratif. La Ville et l’État cherchent à contourner ce jugement via un amendement « discrètement » introduit dans une autre loi.

Les faits en quelques mots

Le Sénat a adopté, le premier avril en « catimini », un amendement n°8 à la proposition de loi « Clarifier les obligations de rénovation énergétique des logements » (PPL n°94). Cet amendement vise à autoriser les SPLA-IN (Sociétés Publiques Locales d’Aménagement d’Intérêt National) à assurer la maintenance et l’entretien des équipements publics qu’elles construisent ou réhabilitent. Le texte est maintenant en passe d’être examiné à l’Assemblée nationale, avec un risque d’adoption définitive rapide.

Or, cet amendement n’a clairement rien à voir avec l’objectif initial de la PPL (clarifier les obligations de rénovation énergétique des logements) et constitue un cavalier législatif. Il n’est là que pour contrer le jugement rendu le 20 janvier dernier sur notre recours contre le marché de partenariat. S’il est adopté en l’état, il va fragiliser les finances publiques et généraliser de nouveaux montages, très coûteux à long terme, pour les collectivités. Il prévoit tout simplement que des Sociétés Publiques Locales d’Aménagement à Intérêt National puissent tout simplement gérer du patrimoine sur plusieurs années. Nous rappelons qu’un société Publique local d’aménagement n’a que très peu de personnel, et son principal enjeu est de passer des marchés de travaux, il en sera de même pour l’entretien en la maintenance.

Voir la vidéo du Sénat : https://videos.senat.fr/video.5233640_67ebd19b1cf93.seance-publique-du-1-avril-2025-apres-midi?timecode=9673000

Les sénateurs et députés sont trompés, lors de l’audience publique, la rapporteur cite la SPLA-IN Aix-Marseille Provence, SPLA-IN dont le périmètre est le traitement de l’habitat privé dégradé. A aucun moment, cette SPLA-IN dirigée par Franck Caro n’a vocation à gérer le patrimoine dans le cadre des Opérations d’Aménagement, et fort heureusement ! La destination cachée de cet amendement est bien la SPLA-IN Société Publique des écoles Marseillaises qui traite de la reconstructions et rénovation des écoles.


Pourquoi cet amendement est dangereux

Les marchés globaux de performance (MGP) que souhaitent utiliser ces SPLA-IN ressemblent fortement à des PPP : l’entretien et la maintenance à long terme sont confiés à des groupes privés, moyennant la possibilité d’un paiement différé. Comme le souhaite Jean Bensaïd, directeur de la Mission d’appui aux partenariats public-privé (FIN INFRA), ces schémas contractuels favorisent la privatisation des services techniques des collectivités. Les collectivités sont désormais de plus en plus incitées, sous couvert de performance, à signer des « packages tout-en-un » (conception, construction, exploitation, maintenance), un montage jadis connu sous le terme de PPP, qui s’est avéré très coûteux pour la puissance publique (hôpitaux en PPP, stades, etc.).

Les contrats de maintenance sur 20 ou 30 ans, signés avec de grands groupes de BTP, se révèlent bien plus chers que l’entretien géré en interne ou via des marchés séparés. Les collectivités perdront la main sur les coûts, et devront payer des pénalités élevées en cas de résiliation anticipée.

Les services techniques territoriaux se vident de leurs compétences, faute d’investir dans la formation et le recrutement d’agents publics, pour se reposer sur la sous-traitance privée.

Nous alertons également sur le fait que le cavalier législatif est caractérisé.

L’amendement n°8 portée au sénat sur le Projet de Loi n’apparaît nullement lié à la rénovation énergétique des logements ou à la lutte contre l’habitat indigne.Il concerne l’entretien et la maintenance dans son entièreté.

Contrairement aux propos de la rapporteur et de la ministre, il n’y a aucune garantie pour l’investissement public. Les montages « marché global de performance » (MGP) ou assimilés n’entraînent pas de transfert de risque réel au privé : ce sont toujours les collectivités qui, in fine, assument les surcoûts. Les retours d’expérience prouvent que la maîtrise publique est perdue et que la collectivité paye au final au prix fort son équipement.


Voici les menaces sur les finances locales et la souveraineté des collectivités

Une explosion des coûts : Sous couvert de « performance », les entreprises privées réclament souvent des révisions de prix, des avenants ou des pénalités coûteuses.

Une Perte de compétence publique : À force de tout externaliser, la collectivité perd la connaissance et la maîtrise technique de son patrimoine.

Une rigidité contractuelle : Les contrats seront rapidement signés pour 15, 20 ou 30 ans, rendant impossible tout changement de stratégie ou adaptation sans indemnités majeures.

Un précédent : Une fois légalisé dans la loi, le même schéma pourrait s’imposer partout (collèges, lycées, bâtiments administratifs…), au détriment de la gestion directe et des régies publiques.


Ce que nous demandons

Aux députés : Supprimer l’amendement n°8 lors du passage à l’Assemblée nationale. Cette disposition doit faire l’objet d’un débat public transparent et non être imposée en tant que cavalier dans une loi sans rapport.

Aux collectivités : Refuser de valider la « privatisation de la maintenance » des équipements publics. Les collectivités doivent conserver la main sur l’entretien de leurs bâtiments, en développant l’expertise de leurs services techniques et en maîtrisant leurs coûts.

Aux élus : Exiger un audit et un bilan des PPP / MGP existants. Avant de généraliser ces montages, il faut un état des lieux de leurs dérives financières et de leurs conséquences sur la qualité du service public.

Aux élus marseillais : Respecter les décisions de la justice administrative. Si la juridiction a annulé l’accord-cadre initial de la SPEM, ce n’est pas pour qu’on contourne la loi à marche forcée, mais pour qu’on repense un montage plus respectueux du droit et de l’intérêt général.


L’urgence d’un sursaut

 

 
 
 
 
 
 

 

Un enjeu National de 40Md€ et plus de travaux qui dépasse le projet de rénovation des écoles de Marseille

 

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