Bonsoir, c'est Pointue !

"Il y a des hasards heureux", écrivait Barjavel. Et l'un d'eux a voulu que la semaine où le président de la République fait découvrir la CMA CGM Marseille au Premier ministre indien, Marsactu révèle qu'un des investisseurs de l'Open 13, dont nous documentons par ailleurs le lucratif modèle économique, était impliqué dans un vaste scandale politico-financier au pays de Narendra Modi.

Également au sommaire de Pointue cette semaine, la mise en examen d'un chirurgien marseillais, un décryptage du "plan Arbres" de la Ville, une enquête sur la pizza arménienne et un site web "marseillais" en roue libre.

Pointue, saison 3, épisode 20, c'est parti !

Cynthia Cucchi

À PICORER

Ça pique. Martine Vassal et Renaud Muselier font front ensemble contre le projet de réforme de la loi PLM. Mais si les deux leaders de la droite locale s’affichent unis sur ce sujet, leurs ambitions municipales ne sont jamais loin. Il y a quelques jours, Martine Vassal glissait à Marsactu, à propos de l’hypothèse d’un changement du mode de scrutin électoral à Marseille : "Vous voyez que j’ai bien fait de ne pas me positionner." Comprendre : ne pas imiter Renaud Muselier, qui s’est déjà déclaré candidat dans le 6/8 alors qu’on ne sait même pas encore si les listes dans les mairies de secteur existeront toujours sous cette forme l'année prochaine. La déclaration de candidature surprise de Renaud Muselier fin 2024 avait été vue par certains comme une manière d'"empêcher Martine Vassal d’être maître des horloges". Avec ce projet de réforme, c'est François Bayrou qui pourrait être le souverain du temps.

🔫 Ça confisque. Le président du Yachting Club de la Pointe-Rouge, Christian Tommasini, n’en a pas fini avec les tribunaux pour avoir déclaré vouloir être "le premier à s'armer pour aller faire de la ratonnade". Cela lui a valu d'être condamné pour injure publique raciale et provocation publique à la haine ou à la violence raciale. La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a ordonné dans la foulée le dessaisissement de ses armes et munitions. Christian Tommasini conteste devant le tribunal administratif cette procédure, portant sur un droit au port d’armes qu’il possède depuis plusieurs décennies en tant que chasseur. Il estime que sa condamnation est un événement isolé qui ne doit pas remettre ce droit en question. L’audience s’est déroulée ce mardi 11 février et le rapporteur public a conclu au rejet de sa demande. Le délibéré doit tomber d'ici à quelques semaines

Ça tatoue. Les publications de la Ville se suivent et ne se ressemblent pas. Pour la prochaine expo de la Vieille Charité, les musées préparent un projet participatif, "sous la forme d'une bande dessinée ou d'un fanzine", qui rassemblerait des portraits de Marseillais et de Marseillaises et de leurs tatouages. L'ouvrage sera mis en vente dans le cadre de l'expo Tatouages. Une histoire de la Méditerranée qui démarre en mai. "L’enjeu consiste à rendre compte de la diversité culturelle marseillaise, dans un esprit dynamique et inclusif", peut-on lire dans les documents du marché. "Évocation d’un souvenir, célébration d’un club de foot, d’une ville, d’un quartier ou d’un événement, déclaration d’amour, affirmation d’un héritage culturel en situation de diaspora…" Si votre mémé a un "Allez l'OM" tatoué sur l'omoplate, elle y aura toute sa place.

DANS NOS FILETS

Raquette organisée. C'est une "petite entreprise" qui ne connaît pas la crise. "Géré en famille" sous la houlette de l'ancien tennisman Jean-François Caujolle, l'Open 13 dégage, chaque année ou presque, plusieurs centaines de milliers d'euros de bénéfices. Bien aidé en cela par les collectivités territoriales, qui abondent largement à ses recettes via "l'achat de prestations". En se penchant sur le modèle économique du tournoi marseillais, nos journalistes Violette Artaud et Julien Vinzent sont tombés sur une nébuleuse capitalistique gravitant autour de... Jo-Wilfried Tsonga. Propriétaire d'une multitude de holdings entre la Suisse et le Luxembourg, l'ancien numéro 5 mondial est désormais président et actionnaire majoritaire de l'Open 13. Et n'hésite pas à développer son juteux business en piochant dans la trésorerie de l'événement. Mais ce "Jo-Wilfried Tsongate", comme l'a malicieusement nommé un abonné de Marsactu, n'est pas la seule ombre au tableau d'affichage du tournoi. Notre enquête nous a en effet menés jusqu'au pays de Modi, où un investisseur de l'Open 13 est impliqué dans un scandale politico-financier tentaculaire, qui a notamment conduit à l'emprisonnement de l'ex-ministre des Finances indien.

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LE SUIVI

Atroce du genou. Violences volontaires, exercice illégal de la médecine, escroquerie... Il y en a douze au total. Douze chefs de prévention qui ont conduit à la mise en examen de Michel Assor. Comme Marsactu l'avait révélé l'an passé, les pratiques du chirurgien orthopédiste, qui se présente comme un pionnier dans la résorption de l'arthrose du genou, s'étaient avérées aussi lucratives que traumatisantes. Au point que 53 de ses patients, marqués à vie par leur passage entre ses mains, ont porté plainte contre le médecin. Outre sa mise en examen, assortie d'une saisie pénale de 680 000 euros et d'un placement sous contrôle judiciaire, il est aussi interdit à Michel Assor d’exercer la profession de chirurgien en orthopédie et traumatologie. "Mais s’il voulait opérer autre chose, il aurait le droit de le faire", a jugé bon d'ajouter son avocat au sortir de l'audience. Pas sûr que la patientèle se bouscule au portillon de son cabinet.

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ON A CREUSÉ

Plants de secours. Les petits oiseaux qui nichent sur le cyprès jouxtant les fenêtres de Marsactu ont beau pépier à cœur joie, force est de constater qu'ils manquent singulièrement d'espaces pour s'exprimer, dans une ville qui n'a cessé de clamer son amour pour le béton. Début 2023, la mairie de Marseille s'attaquait au sujet, en votant un "plan arbres" prévoyant la plantation de 300 000 arbres d'ici à 2029. Dont un tiers serait déjà en terre, vante le service com' de la Ville, qui oublie cependant de préciser que les arbres donnant leur nom au projet représentent en réalité moins de 2 % des végétaux plantés jusqu'ici. Ce mensonge communicationnel évacué, la rédaction s'est penchée sur cet ambitieux plan, évalué à 11,4 millions d'euros. Augmentation du patrimoine arboré, inventaire précis de l'existant, relance de la pépinière municipale : les chantiers ne manquent pas pour la municipalité, qui aura mis les moyens pour ne pas se planter.

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ÇA SE DISCUTE

"j’ouvre une cagnotte leetchi."

Commentaire de vékiya, au sujet du maire d'Istres François Bernardini, à qui le Conseil d'État a refusé la protection fonctionnelle.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Miam. Après avoir raconté, pendant près de quatre ans, les nuits marseillaises dans nos colonnes, Iliès Hagoug se lance dans une nouvelle traversée de la ville, gastronomique cette fois. Pour inaugurer sa chronique "Que de la bouche !", le journaliste s'attaque à un monument de l'art culinaire local : la pizza arménienne. Mêlant viande hachée, poivrons et oignons, la spécialité n'aurait pas vraiment dépassé les frontières de la ville, dont elle raconte l'histoire à sa manière : "une recette orientale, ramenée par des immigrés réfugiés arméniens, adaptée sur un plat italien, cuisinée par des Maghrébins." N'écoutant que son sens du sacrifice, notre chroniqueur a arpenté les rues de Marseille sur les traces du lahmacun, la galette à l’origine de la pizza arménienne, de Jacob Grill, rue d'Italie, à la Bella Pizza dans le 12e. En passant par Charly Pizza, à Noailles, qui ose y ajouter du fromage, donnant une dimension "ouvrière" à ce plat iconique.

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ET AVEC ÇA

IA comme un problème. "Nos images sont à but illustratif et peuvent ne pas représenter la réalité." C'est par cette "mention prudente", comme la qualifie Libération, que se clôt chaque article de News of Marseille. Mais les plus "perspicaces" des visiteurs de ce site web touristique, qui en attire chaque mois plus de 640 000, auront sans doute déjà remarqué que ses illustrations présentent une vision pour le moins particulière de la réalité. En témoigne cette "image ridicule" (c'est un euphémisme) de l'Orange Vélodrome que Libé a capturée, "représentation littérale du nom du stade, où la pelouse est remplacée… par une piste de cyclisme, entourée de sièges orange vif, le tout étant recouvert d’un toit." Et le reste de la plateforme est à l'avenant, entre "approximations récurrentes", "photos hallucinatoires et rédacteurs virtuels", comme nous le raconte en détail le quotidien national, dans le cadre d'un dossier remarquable consacré à l'IA.

Pointue, 81e épisode, c'est fini pour aujourd'hui ! On se retrouve la semaine prochaine, toujours dans votre boîte mail, pour un nouveau tour des terrains de l'info locale.

En attendant, pour toute question, info ou bon plant, écrivez à pointue@marsactu.fr.

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