1500 euros d’amende pour une photo promotionnelle dans les Calanques
En 2019, une opération de communication de la marque Kia réalisée dans les Calanques avait suscité l'agacement du parc national. Une première amende de 1500 euros vient d'être signifiée par la justice à un journaliste auto.
Le parc des Calanques met en place une politique restrictive concernant les images réalisées dans son enceinte. (Photo : Clémentine Vaysse)
La menace a été mise à exécution. Le parc national des Calanques a gagné sa première bataille de communication devant la justice. Un journaliste auto marseillais vient de recevoir une amende de 1500 euros pour “exercice non autorisé d’activité de photo, cinéma, radio ou télévision au cœur d’un parc national“.
Les faits remontent à septembre 2019. Pour une opération promotionnelle de sa nouvelle voiture, le constructeur auto Kia s’était installé sur les plus belles routes marseillaises. Les photos du SUV se sont retrouvées dans le dossier de presse ou sur les médias des journalistes spécialisés invités au lancement. L’opération n’avait pas plu au parc national qui avait réclamé le retrait des photos aux auteurs. Kia avait décidé de courber l’échine, mais quelques récalcitrants n’avaient toujours pas fait le nécessaire et la procédure est donc passée au niveau supérieur. Le dossier est arrivé devant la justice au milieu de l’année 2020. La première condamnation vient donc de tomber ce 27 septembre 2021, confirme le parc des Calanques.
“Je suis le seul condamné alors que 500 journalistes étaient là”
Le tribunal de police de Marseille a envoyé une ordonnance pénale à Philippe Lacroix, journaliste automobile local, qui avait publié des photos de la voiture sur un site web Lefilauto. Ce dernier n’existe plus depuis un an et demi mais la poursuite avait déjà été lancée. Pour les infractions de faible gravité, la procédure se déroule sans audience. Pour cette condamnation le tribunal a opté pour la peine la plus importante : une amende de classe 5, soit 1500 euros. “Il n’y a aucun panneau sur place qui indique que les photos sont soumises à autorisation“, s’indigne le journaliste pour qui cette affaire n’est qu’un “règlement de compte personnel“. “Je suis le seul à être condamné alors que près de 500 journalistes étaient présents.“. Sur son site web, le journal Le Point affiche d’ailleurs encore les clichés. “On fait du journalisme, pas du commerce !”, défend encore Philippe Lacroix. Il annonce vouloir déposer un recours, comme la procédure l’y autorise.
Le parc rappelle de son côté que l’autorisation préalable est indispensable pour les longs formats comme les fictions, films, documentaires, contrairement à la réalisation d’articles d’actualité. Avant de saisir la justice, il formule des demandes de retrait par voie administrative. Domitille Pelissier, chargée de la police du parc national, assure que le dialogue est privilégié et qu’une certaine souplesse est tolérée concernant les délais de retrait. Mais cette fois-ci, il semblerait que la communication n’ait pas fonctionné. Philippe Lacroix n’a reçu aucune convocation. “Il y a eu une tentative de médiation qui a été infructueuse“, rapporte la responsable du parc. Cette amende, si elle est confirmée, serait une première pour le parc.
Le parc fait le tri parmi les demandes d’autorisation
Cette réglementation est pensée pour préserver l’espace naturel, mais aussi son image. “Nous avons l’intention de faire reculer les véhicules motorisés.“, indique Domitille Pelissier. Et cela passe aussi par le fait de ne pas promouvoir leur présence sur le site. La route du cap Croisette sur laquelle la Kia figurait est d’ailleurs à ce jour fermée et le parc a lancé depuis quelques mois une opération de “démarketing” pour lutter contre la surfréquentation des Calanques.
Espace public protégé, le parc national des Calanques est devenu un décor de plus en plus prisé au fil des années. Un tas de marques cherchent un cadre paradisiaque, des rochers et de l’eau turquoise, pour appâter les consommateurs. Le parc opère donc une sélection parmi les demandes et quand il s’agit de poursuivre une image non autorisée. Les produits viticoles éloignés du territoire, les produits cosmétiques ou les marques automobiles sont dans le viseur. “Tous les projets qui ont un impact direct et indirect sur la marchandisation du paysage ne sont pas acceptables et sont poursuivis“, justifie la chargée de la police du parc. Elle évoque aussi un nouveau modèle de marketing auquel le parc doit faire face : les influenceurs. “C’est un nouveau chantier à conduire ! Ils ignorent parfois sincèrement notre réglementation spéciale d’espace protégé. Et ils ne bénéficient pas encore en France de statut juridique ou fiscal”, souligne-t-elle.
Une sélection injuste pour Philippe Lacroix qui ne l’entend pas de cette oreille. “Cette décision cause du tort aux hôtels, aux restaurants, aux commerces qui accueillent les promoteurs, répond le journaliste. Kia a annoncé ne jamais remettre les pieds dans la ville“. Pour le plus grand bonheur du parc.
Modification apportée le 14/10 à 12H27 : Philippe Lacroix nous a précisé ne jamais avoir reçu de courriers de convocation par la police du parc.
Commentaires
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“”Kia a annoncé ne jamais remettre les pieds dans la ville“. Pour le plus grand bonheur du parc.”
Hé bien voilà ! Ça c’est du démarketing !
Montrez-nous plutôt nos caisses dans des bouchons, dans des garages pourris et serrées, pare-chocs défoncés, dans les rues de Marseille !
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Kia a annoncé ne jamais remettre les pieds dans la ville“. Pour le plus grand bonheur du parc…
et plus modestement du mien
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Journalistes ? plutôt des rédacteurs publicitaires automobiles, gamelards, toujours une super voiture prêtée, voyages exquis, cadeaux royaux, restaus étoilés et textes bien léchés lécheurs.
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L’industrie automobile est si habituée à mentir à ses clients qu’elle trouve normal de mettre en scène ses véhicules dans des endroits qui leur sont interdits : zones piétonnes, pistes cyclables, monuments historiques, espaces naturels protégés. Tout cela pour vendre la “liberté”… d’être coincé dans les bouchons. Et elle s’offusque qu’on s’en offusque. Bon vent à Kia, on ne regrettera pas cette marque irresponsable.
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500 journalistes étaient là, et ils étaient pas tous venus à vélo j’imagine ? et en effet pour faire de la promotion, un concept assez éloigné du journalisme ? Une vraie mini-catastrophe écologique en effet.
C’est pas cher payé. Dégagez, à jamais, les SUV ! Le Parc National aura tout l’appui des nombreux marseillais amoureux de la Nature.
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1 500€ ? C’est RIEN mdr TRISTE
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Juste une blague, bien d accord…
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Et bien voila c’est le début….. et bientôt l’inscription avant les visites pour respecter la jauge, avant d’en arriver au paiement tout simplement pour regarder les calanques.
Quelle honte!, en plus les Kia elles sont très bien notamment la ceed….
rappelons que les premières actions des gestionnaires du parc ont été de s’installer a sormiou et d’y mouiller leurs bateaux, alors que leur primo intention était de déconstruire les routes pour ne permettre l’accès qu’aux 4X4, dont le leur bien sur.
Quelles améliorations pour les usagers?
Et je vous assure Kia ou autres ça casse toujours.
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