« Zone Portuaire » : Marseille regarde son port

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par Lagachon
le 18 Mai 2011
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« Zone Portuaire » : Marseille regarde son port
« Zone Portuaire » : Marseille regarde son port

« Zone Portuaire » : Marseille regarde son port

La Meson et la cinémathèque de Marseille présentaient hier soir le documentaire « Zone Portuaire » lors de la première soirée « Carte Blanche » à Anthony Suarez (alias DJ Tony S). « On est pas à Cannes » comme l’a souligné l’organisateur, mais comme sur la Croisette la salle était pleine à craquer et on a beaucoup applaudi en (re) découvrant ce film qui était précédé de quelques chansons en occitan jouées par la moitié du groupe Dupain (Sam Karpienia et Pierre-Lo Bertolino).

Entre sons et images

La mise en musique, sorte de première partie, nous a complètement mis dans l’ambiance : des sons graves avec des notes maritimes, une voix rocailleuse, parfois violente et en colère, des paroles qui évoquent le travail et la vie ouvrière, le tout sur des lumières rouges orangées.

Comme le voulait Anthony Suarez, le film a commencé quelques minutes avant la fin de la dernière chanson, pour qu’il n’y ait pas de rupture dans la soirée. Nous avons donc progressivement découvert les premières images d’archives exhumées et montées par Emmanuel Vigne et Julien Chesnel au son de Dupain.

Et puis nous voilà dans le Marseille du début du XXe siècle, le Port tourne a plein régime, les grues s’agitent, les marchandises s’entassent, on voit du monde, encore des grues, et surtout des cheminées d’usine partout ! Qui a lu la Porte du Sud d’Albert Londres, entend sûrement les mots du journaliste résonner par dessus les musiques d’accompagnement.

Les deux réalisateurs n’ont pas voulu le construire uniquement de manière purement chronologique mais jouer sur « l’écrasement des périodes », on a donc au moins deux grandes périodes : avant et après la seconde guerre mondiale. Durant la première, on passe des usines, aux passagers puis aux marchandises, le montage est intelligent et parle au Marseillais d’aujourd’hui, qui sourit en découvrant le Silo des années 30. La seconde est plus chronologique avec la guerre, les bombardements, la crise et les grèves.

« Il y a un problème d’archives à Marseille » a déclaré le responsable de la Cinémathèque avant la projection. Et bien nos deux réalisateurs ont entrepris un travail de recherche titanesque qui a duré plus d’un an et demi, afin de réunir 40h de vidéos, pour arriver à ces 40 minutes condensant plus d’un siècle d’histoire marseillaise. INA, Archives départementales, Institut Lumières, Parti Communiste… tout le monde conservait un petit bout de l’histoire du Port. A la Chambre de Commerce, ils ont même mis la main sur quinze cartons de bobines inédites couvrant la période 1920 – 1970 ! On les avait oubliés dans un sous-sol Boulevard des Dames…

Oublié !

Ces cartons sont aussi une image, car on peut penser que c’est la ville en général qui a oublié son Port quelque part au bout du Boulevard des Dames. En tout cas, c’est ce qui met Emmanuel en colère, lui dont le grand-père était marin et le père dans les fruits et légumes sur le Port : « Je trainais là-bas quand j’étais gamin, il me fascinait, j’en ai développé tout un imaginaire (…) mais dans les années 1970 on a scindé la ville et le Port en deux, et maintenant on veut en faire un port de plaisance ! »

Julien Chesnel et Emmanuel Vigne (photo Naïma Arroussi)

Le film fait volontairement des aller retours entre La Joliette et le centre-ville, comme pour montrer que ces bassins que l’on a déplacé du cœur de la ville au XIXe siècle, en font toujours partie. « J’existe grâce au Port » nous a aussi dit Anthony Suarez, dont la famille est arrivée par bateau, et s’est installée à Marseille parce que ces grands-parents ont trouvé un emploi… sur le Port !

Quelle est la relation des marseillais avec le Port aujourd’hui ? Un ferry pour la Corse ou le Maghreb, une source de revenus, un sujet de discussion lors des grèves ? Ce documentaire nous interroge tous sur la relation personnelle et collective que l’on peut entretenir avec cet objet de l’histoire marseillaise, ce mythe, mais surtout, cet espace attaché à la ville, à partir de laquelle elle s’est développée, car comme aime à le rappeler Emmanuel : « Marseille est née par son Port ».

C’est dans cet esprit que le Festival de Marseille avait commandé ce documentaire que l’on devrait peut-être montrer dans toutes les écoles de Marseille, comme l’a fait le Lycée Victor Hugo le mois dernier. Est-ce dans ce but qu’une version plus pédagogique est en cours de réalisation avec l’historien Alessi dell’Umbria, et sera prête fin 2012 ?

Un regard plus artistique sur le film chez Ventilo

La carte blanche à Anthony Suarez continue jusqu’à dimanche :

  • Mercredi 18 mai : « Le silence de la rue », exposition numérique au Petit Longchamp
  • Jeudi 19 mai : « Mr Isselée et DJ Sky & Oncle Bo », concerts et DJ au Petit Longchamp
  • Samedi 21 mai : « Eveil musical » et « Jazz Boom » à la Meson
  • Dimanche 22 mai : « Zibagoo » projet jazz hip-hop à la Meson
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Commentaires

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  1. JL41 JL41

    Manqué ! Est-ce que le film repasse quelque part ?

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