Après l'Opéra d'Erevan cet été, "Ararat Mon Amour" à l'assaut du Casino de Paris, c'est ça aussi le melting-pot culturel marseillais
Pendant que beaucoup de marseillais faisaient relâche, notamment dans le domaine culturel, il parait qu’il y aurait une « saison » culturelle au mois d’août, euh ça a dû nous échapper, en tout cas Pascal Chamassian le Directeur artistique de la Compagnie Araxe Sassoun, n’a pas chômé. Il revient en effet d’une tournée en Arménie, et se prépare à affronter le Casino de Paris, le 11 septembre prochain. Pas mal pour une compagnie d’amateurs. C’est l’occasion de bavarder avec le représentant d’une des plus importantes communautés à Marseille, et de mieux comprendre cet engagement politique et artistique, quant on est comme lui un immigré de la 3 ième génération.
Marsactu : Bonjour, vous pouvez vous nous parler d’ Araxe Sassoun ? C’est une compagnie de danse arménienne, un orchestre, une compagnie folklorique ?
Pascal Chamassian : C’est un peu tout ça à la fois. Tout d’abord, Araxe Sassoun est l’ensemble de la JAF, la Jeunesse Arménienne de France. Araxe qui est le nom d’un fleuve frontalier entre l’Arménie et la Turquie, ce sont 40 danseurs et Sassoun qui représente une région de l’Arménie historique, aujourd’hui en Turquie, c’est 25 musiciens. Tous ces artistes sont bénévoles, tous amateurs. J’en suis le directeur artistique, mais je suis comme eux, un amateur et un bénévole. Il existe en Arménie une très grande tradition de la danse, une « école de la danse », comparable en son temps à l’école russe. C’est ce que nous avons voulu créer ici à Marseille, avec Michael Vemian, le Chef d’Orchestre d’Araxe Sassoun, et Marion, mon épouse qui est également danseuse. Dans cette ville qui compte près de 80 000 marseillais d’origine arménienne, il nous semblait normal de continuer à faire vivre notre culture, à travers cette compagnie.
Marsactu : Comment quand on a 44 ans, quant on a jamais vécu en Arménie, on s’intéresse à ce passé ?
Pascal Chamassian : Même si j’ai grandi dans une famille qui baignait dans une ambiance arménienne, je dois dire que tout ça est en réalité arrivé par hasard. Au début des années 90, mon employeur France Télécom m’avait muté à Paris. J’avais toujours vécu à Marseille, je ne connaissais pas grand monde dans la capitale, et j’ai pris contact avec une amie, d’origine arménienne comme moi qui m’a aidé. Elle dansait dans une compagnie parisienne de danse arménienne. Je suis allé un jour la voir répéter, ça m’a tout de suite plu, je m’y suis mis, c’est devenu une passion. Du coup cette passion artistique est peu à peu devenue également un engagement politique. Car de retour à Marseille, quelques années plus trad, pour pouvoir continuer à danser, je me suis inscrit à la JAF. La Jeunesse Arménienne de France. La JAF, ce sont des valeurs très fortes, issues des mouvements de résistance, et dont Missak Manouchian le héros des FTP MOI est l’un des inspirateurs. Au fil du temps, mon engagement est allé au-delà de la danse, j’ai pris des responsabilités « politiques » au sein de la communauté arménienne. J’ai donc pu concilier la danse, la culture, le militantisme et in fine la politique. Tout ceci est intimement lié, et a été pour moi une suite logique sur ces 20 dernières années.Je suis d’ailleurs aujourd’hui un conseiller municipal d’opposition à la Mairie de Marseille et Secrétaire National du CCAF, qui est un peu le « crif » de la communauté arménienne.
Marsactu.fr : Vous revenez d’une tournée en Arménie, racontez nous ?
Pascal Chamassian : un moment incroyable ! Nous avons pu jouer notre dernier spectacle, Ararat Mon Amour, qui raconte l’histoire de 2 frères séparés par le génocide, à l’opéra d’Erevan, devant plus de 2000 personnes. Nous sommes également aller jouer à Gumri, une ville qui avait été très touchée par le terrible tremblement de terre de 1988. Des moments inoubliables pour l’ensemble de la troupe.Nous avons fait des télés, des radios, rencontré les personnalités politiques locales, une expérience forte pour nous tous.
Marsactu.fr : Et le 11 septembre prochain, le Casino de Paris, pas trop audacieux ?
PC : Si nous avons pris de gros risques, je vous rappelle que nous sommes une compagnie d’amateurs, mais nous souhaitions absolument monter et joeur Ararat Mon Amour à Paris. Il y a une forte communauté arménienne en Région Parisienne, et c’est également un moyen de faire connaitre notre culture, nos racines et notre combat politique, qui est de faire en sorte que la Turquie reconnaisse un jour le génocide dont mon peuple a souffert. C’est ça que raconte Ararat Mon Amour, le Mont Ararat étant le symbole de ce combat, de la lutte pour cette reconnaissance. C’est le plus haut sommet d’Arménie ( 5165 mètres) mais il est aujourd’hui en territoire turc. A travers cette chorégraphie, en 3 actes, on raconte cette histoire qui est pour moi aussi un peu celle de ma famille, et je m’en suis inspiré pour l’écrire. Quant on voit aujourd’hui les débats actuels sur l’identité nationale, les Roms… tous ces sujets, sont forcément d’actualité. Si la thématique est difficile, nous avons néanmoins voulut y apporter une touche de modernité, de dynamisme. L’idée est de remettre au goût du jour, ce patrimoine de la danse et de la musique. C’est la raison pour laquelle, nous espérons que nous ferons le plein, au Casino de Paris le 11 septembre.
Pour ceux qui veulent assister le 11 septemebre au spectacle à l’Olympia de Paris, vous pouvez réserver ici
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Une immense joie de voir une troupe marseillaise qui plus est constituée d’amatrurs de se lancer à l’assaut de Paris. Prouesse artistique et technique… Merci pour la culture armeno-marseillise.. Et pour la culture plus simplement et largement
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