Bonjour, c'est Pointue !

Il est des semaines où les infos se bousculent au portillon de Marsactu, à tel point que fixer le sommaire de cette newsletter relève du dilemme cornélien. Depuis quelques jours, la rédaction est en ébullition et nos journalistes se disputent la une à coups de révélations et d'actus croustillantes. En fin de semaine dernière, l'éviction de la présidente de 13 Habitat, Nora Preziosi, par Martine Vassal faisait ainsi "l'événement", illustrant les répercussions de notre travail d’investigation.

Mais depuis, moult autres sujets sont venus lui voler la vedette : une usine hautement inflammable à Rognac, un "mélange des genres malsain" qui met en colère les cadres de La Provence, du racisme décomplexé à Aix-Marseille Université, ou encore le récit glaçant de mineures en foyer contraintes de se prostituer.

On vous propose de découvrir tout ça dans ce 35e épisode de la saison 3 de Pointue !

Cynthia Cucchi

À PICORER

📰 Ça diffuse. Mercredi 18 juin, Renaud Muselier (Renaissance, ex-Les Républicains) n’en peut plus de colère contre l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin. Les causes de l’ire du président de région ? La participation de l’ex-locataire de Matignon aux célébrations de l’appel du 18 Juin aux côtés du maire de la ville, Benoît Payan (divers gauche). De Villepin est aussi une voix discordante à droite sur Gaza, comme sur la dérive "réactionnaire" qu’il constate chez le ministre de l’Intérieur et président de LR, Bruno Retailleau. Pour ne rien arranger, De Villepin se dit, le même jour dans La Provence, "heureux d’aller saluer Benoît Payan". Voilà qui déclenche l’envoi d’un communiqué lunaire et atrabilaire de Renaud Muselier, qui en appelle au général De Gaulle himself. Diffusion assurée auprès des journalistes par... le service de presse de la région. En quoi cet accès de fièvre est-il lié aux affaires régionales ? En rien, mon général. Pas plus qu’il ne l’est avec les compétences départementales. Ce qui n’empêche pas Martine Vassal, présidente divers droite du département, de se fendre d’une déclaration du même tonneau via le service de presse du département. Note pour plus tard : à partir de septembre, ce genre de com’, il ne faudra pas oublier de l’imputer à ses dépenses de campagne...

♀️Ça féminise. Pluie de femmes à venir dans les collèges du département. Beaucoup d'établissements scolaires portent le nom d'un quartier ou même d'une simple voie attenante. Le conseil départemental devrait corriger cela en renommant des collèges du nom de femmes célèbres. Le collège Fraissinet à la Timone va ainsi porter le nom d'Ariane Ascaride. Celui de Vallon des Pins s'appellera Katherine Johnson, en hommage à la chercheuse de la Nasa, restée méconnue. Le collège du Jas-de-Bouffan, à Aix, célèbrera Muriel Hurtis, athlète de renom. À Rognes, le collège des Garrigues portera le nom de la navigatrice Florence Arthaud. Celui de Château-Double s'appellera Gisèle Halimi et celui de La Ciotat Alice Guy, en référence à la pionnière du cinéma français. Seule exception, le collège Longchamp devient Jean de Bernardy.

✍️ Ça signe. Voilà un engagement qui ne coûte pas bien cher et demande peu de courage politique. Le 17 juin dernier, dans une tribune parue dans Le Monde, les maires de Strasbourg et Paris s’émeuvent de la possible disparition des haltes soins addictions (HSA) dont leurs communes sont dotées. Ces salles de consommation à moindre risque — abusivement appelées "salles de shoot" — ont fait leurs preuves, écrivent les édiles, avant de s’alarmer du fait qu’elles "pourraient bientôt disparaître : au 1er janvier 2026, le cadre légal permettant leur ouverture n’existera plus"Le texte est suivi d’une dizaine de signatures… dont celle du maire de Marseille, Benoît Payan (divers gauche). Lequel, malgré ses engagements répétés à doter la ville d’un équipement de cet ordre pour les usagers de drogues, n’a pas tenu cette promesse de campagne.

DANS NOS FILETS

Inflammable. "Tout a brûlé", mais l'incendie qui s'est déclaré le week-end dernier à Rognac sur le site de traitement de déchets toxiques Spur Environnement n'en a sans doute pas fini de faire des ravages. Une partie des eaux utilisées pour éteindre les flammes s’est en effet retrouvée dans l’étang de Berre, entrainant l'interdiction des activités nautiques dans l’ensemble de la lagune jusqu'à ce vendredi. Notre journaliste Violette Artaud s'est intéressée à Spur Environnement et révèle que cette filiale de Veolia n’en est pas à son coup d’essai en matière d’accident industriel. Plusieurs incendies, sans compter de multiples départs de feu, s'y sont produits ces dernières années, à tel point que la société s'est fait épingler par les services de l'État. Mais ces alertes n'ont manifestement pas permis d'éviter la catastrophe. Et l'extrême toxicité, pour l'environnement comme pour l'être humain, des produits stockés par l'entreprise n'a rien pour nous rassurer.

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💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

AUSSI DANS NOS FILETS

Emploi affectif. L'homme est un habitué des colonnes de Marsactu. Il était même à la une de notre journal en septembre dernier, à l'occasion du procès des fausses procurations de la droite aux municipales de 2020, à l'issue duquel il a été condamné à six mois de sursis simple et un an d’inéligibilité. Mais c'est coiffé d'une tout autre casquette qu'Yves Moraine fait aujourd'hui nos gros titres : comme le révèle notre corédactrice en chef Coralie Bonnefoy, l'élu LR s'est en effet vu confier par Rodolphe Saadé la formation sur le harcèlement au travail des cadres de La Provence, dont le boss de la CMA CGM est le propriétaire. Et c'est un euphémisme de dire que cette décision ne passe pas au sein de la rédaction du quotidien, qui y voit un "vrai casus belli", "intenable" et "surréaliste". Dans un communiqué cinglant, le Syndicat national des journalistes dénonce un "mélange des genres malsain et [un] conflit d’intérêts ahurissant". Voilà qui illustre en tout cas l'impérieuse nécessité d'une presse indépendante des pouvoirs économiques et politiques.

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ON A CREUSÉ

Froid dans l'ado. "Horrible", "glaçant", "atroce" : l'enquête en deux volets de Myriam Léon sur l'exploitation sexuelle des mineures placées à l'aide sociale à l'enfance n'a pas manqué de provoquer l'émoi parmi les lecteurs de Marsactu. Émotion légitime. Il y a d'abord le récit, effroyable, de l'itinéraire fracassé d'Ilona. Battue par son père depuis ses cinq ans, l'adolescente s'est retrouvée, de douze à quinze ans, dans des foyers où d’autres mineures la recrutaient pour se prostituer. Il y a aussi le témoignage de Frédérique, quinze ans, dont la maison d’enfants à caractère social, où elle a été contrainte de se prostituer par trois filles, est décrite comme un "bordel". L'enquête dévoile la banalisation du proxénétisme dans les foyers, les budgets publics qui s'amenuisent, les conditions d'accueil dégradées, le renoncement de certains éducateurs spécialisés... Et, au final, une "protection de l'enfance" qui porte de plus en plus mal son nom.

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LE SUIVI

Xénofolie. Il flotte comme un parfum de racisme décomplexé dans le milieu universitaire. Les frasques xénophobes de certains étudiants n'en finissent plus, en tout cas, de défrayer la chronique. Romain Zanol nous relate la dernière affaire en date : des carabins d'Aix-Marseille Université ont fait, sur leurs réseaux sociaux, la promotion d'une "soirée Algérie" en utilisant des clichés discriminants. Soit à peine quelques jours après la convocation en conseil de discipline de plusieurs étudiants en licence d'histoire, toujours au sein d'AMU. Et ce, tandis que la direction de l'école Centrale Méditerranée a saisi le procureur de la République de Marseille suite aux révélations de Marsactu sur la diffusion, par certains de ses élèves, de vidéos présentant un caractère antisémite, raciste et sexiste. D'aucuns voient dans ces délits la continuité d’une libération progressive de la parole d’extrême droite au sein du milieu étudiant. Comme un reflet de la société ?

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VÉ !

Tous en piste(s) ! C'est la métropole elle-même qui le dit, dans une note d’auto-évaluation que Marsactu a pu consulter : les objectifs de son plan vélo, mis en place en 2019, ne sont pas atteints. Alors que la phase 2 de ce schéma est en préparation, Marsactu mobilise ses lecteurs pour répertorier les besoins en aménagements cyclables à Marseille. Notre plan de "re-cyclage" métropolitain avance vite, et compte plus de 300 contributions en moins d'une journée. Gageons que cette carte participative, que nous vous invitons à partager, sera bientôt entièrement recouverte d'épingles jaunes et rouges.

Accéder à la carte participative

ÇA SE DISCUTE

"Est-ce qu’il donne des cours sur la fraude électorale ? Il pourrait faire des adeptes pour les procurations."

Commentaire de julijo, au sujet de la formation sur le harcèlement dispensée par l’élu Yves Moraine aux cadres de La Provence.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Ras le bowl. C'est un spot "mythique" pour tout ce que la planète compte de skaters. Immortalisé par le jeu vidéo Tony Hawk Pro Skater 2, le bowl du Prado a placé Marseille sur la mappemonde des sports de glisse. Mais, depuis quelque temps, les lieux sont désertés. En cause : le décapage du skatepark entrepris par la Ville au printemps. Depuis, ça dérape. Le côté lisse du sol s'est dégradé et les rares personnes qui se risquent à rider accumulent les "pizzas", ces brûlures causées par le frottement du béton contre la peau. D'où la colère grandissante des usagers du lieu. La mairie assure étudier la question, mais les travaux pour "redonner aux utilisateurs un skatepark praticable pour toutes et tous" ne seraient pas prévus avant la fin de l'été. Il faudra donc encore patienter avant que tout roule de nouveau.

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Pointue, 96e du nom, c'est fini pour aujourd'hui. On se retrouve jeudi prochain, même heure, même boîte mail, pour une nouvelle salve d'actus impactantes.

D'ici là, pour toute question ou info, écrivez à pointue@marsactu.fr.

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