Bonjour, c'est Pointue !

Après la pluie, le beau temps. Au lendemain d'un "épisode méditerranéen" qui a une nouvelle fois vu le Vieux-Port déborder dimanche dernier, l'éclaircie est venue d'une victoire, méditerranéenne là encore, qu'on n'attendait plus. À la rédaction de Marsactu, le lundi avait commencé plus fort encore, avec la révélation de perquisitions en série à la métropole Aix-Marseille-Provence et au département.

Dans le périmètre de l'enquête du parquet de Marseille visant la gestion des collectivités dirigées par Martine Vassal : des faits présumés de corruption passive, détournement de fonds public et trafic d'influence. D'autres trafics ont fait la une de Marsactu ces derniers jours : le narcotrafic, bien sûr, avec l'épisode final de la saison 3 de notre série L'emprise, mais également un trafic de palourdes du côté de l'étang de Berre. Cette semaine, on a aussi inauguré la quatrième saison de notre podcast le Bocal, qui nous emmène dans les coulisses de notre enquête sur les coulisses du Delta festival.

Sur cette mise en abyme, je déclare ouvert ce 103e épisode de Pointue !

Cynthia Cucchi

À PICORER

Ça temporise. Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, était à Marseille ce jeudi pour installer son homologue président de la chambre régionale des comptes, Xavier Lefort. Cet été, Mosco était venu accueillir la démission de sa prédécesseuse, après une enquête interne sur ses pratiques managériales. Le temps de latence a entraîné un peu de retard dans les contrôles en cours. "Mais, en juillet et août, c'est aussi la période des congés", précise Xavier Lefort, qui évoque "un délai normal de traitement après une interruption de deux ou trois mois". Cela concerne le rapport d'observations sur la gestion de la Ville de Marseille, très attendu par les oppositions avant les élections municipales. "Le contrôle est fini, mais il n'a pas été déposé. Il faut encore qu'on l'étudie de manière collégiale avec les réponses de la collectivité." Peu de chance, donc, qu'il soit rendu public avant les élections de mars 2026. En revanche, le rapport sur le plan vélo de la métropole doit être publié prochainement.

🎁 Ça coffre. Il y a quelques semaines, la conseillère départementale LR Marine Pustorino s'est vu remettre la médaille du mérite, des mains de sa présidente Martine Vassal. Pour l'occasion, les amis et connaissances de l'élue ont décidé de mettre en place une cagnotte. "Elle permettra d’organiser un présent symbolique et fédérateur en souvenir de cette reconnaissance prestigieuse", peut-on y lire. La cagnotte a rassemblé 1005 euros. C'est un peu moins que pour l'ancien sous-préfet d'Aix, Bruno Cassette, mais cela fait déjà un joli symbole.

VÉ !

Illico cyclo. La peinture est encore fraîche. Sur le boulevard Baille, la métropole a installé une nouvelle bande cyclable, de la place Castellane à la Timone, sur un peu plus d’un kilomètre. Un tel aménagement, ça se remarque. Notamment quand il arrive quelques jours après la publication par Marsactu du bilan de notre enquête participative sur le pire et le meilleur des aménagements cyclables (mais surtout le pire), et celle du baromètre vélo 2025 de la FUB (Fédération française des usagers et usagères de la bicyclette), dont Marseille est la lanterne rouge. Et d’autant plus que la piste sur le boulevard Baille, dont les acteurs du secteur et la municipalité n’avaient pas de nouvelles, était pourtant classée comme "à l’étude" dans le bilan du plan vélo de la métropole. Et était en réalité promise par la collectivité pour… les jeux olympiques 2024. Le temps de changer de disque, de vélo ou de communication.

DANS NOS FILETS

Visite matinale. Après les pluies diluviennes de dimanche soir, le temps était encore à l'orage ce lundi matin du côté de la métropole et du département. Comme Marsactu l'a révélé, les deux institutions présidées par Martine Vassal, mais aussi son domicile personnel, ainsi que ceux de son directeur de cabinet, Marc Jolibois, et d’Erwan Davoux, l’ancien directeur des relations internationales du département, ont été visités par les enquêteurs de la police judiciaire. Tous trois sont au cœur d'une double enquête en cours, le dernier accusant notamment Martine Vassal d'entretenir une relation maritale avec son dircab, ce qui est proscrit par la loi. La présidente affirme de son côté être victime d'une cabale déclenchée par son ancien haut fonctionnaire, qu'elle qualifie de "maître-chanteur". Mais si les perquisitions permettent de confirmer les dires d'Erwan Davoux, voilà qui devrait, un peu plus encore, empoisonner la campagne de la candidate de la droite et du centre pour les prochaines municipales.

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💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

LE SUIVI

Priorités à droite. "Police partout, justice nulle part" : le slogan contestataire — que l'on doit en fait à... Victor Hugo qui, alors député, dénonçait, en juillet 1851 à l'Assemblée nationale, la dérive autoritaire du pouvoir — aurait pu servir de titre à l'épisode final de la saison 3 de notre série L'emprise. Notre journaliste Clara Martot Bacry y dresse un constat implacable : si la présence policière à Marseille est bien perceptible sur la voie publique, vantée à grands coups de com' et d'opérations "place nette XXL" par Emmanuel Macron et les ministres de l'Intérieur successifs, elle peine à enrayer un trafic de stupéfiants toujours plus volatil. D'autant que la PJ, censée traquer le "haut du spectre" est, à l'instar de la machine judiciaire dans son ensemble, au bord de l'asphyxie. Et que la lutte contre l'immigration irrégulière est venue, sous la houlette de l'omnipotent préfet Georges-François Leclerc, rejoindre celle contre le narcotrafic dans les priorités (très) sécuritaires des services de l'État dans la région.

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MAKING OF

Le flou du spectacle. "Que vous ayez participé, ou pas, au Delta, vous avez financé ce festival. Mais comment exactement ?" Ainsi notre podcasteuse en chef Violette Artaud introduit-elle le premier épisode de la nouvelle saison du Bocal de Marsactu. À ses côtés dans la pièce la plus confidentielle de la rédaction, Julien Vinzent répond à la question en revenant sur son enquête dans les coulisses de l'événement, désormais incontournable, qui se déroule chaque été sur les plages du Prado, à Marseille. Notre journaliste et directeur de la publication, qui connaît bien les chiffres, a décortiqué le modèle économique du festival. Lequel évolue dans une espèce de flou artistique entre association et entreprise à but (très) lucratif. Avec le soutien constant des collectivités locales.

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ÇA SE DISCUTE

"La palourde aux métaux lourds. Trois cents kilos la douzaine."

Commentaire de Patafanari, au sujet du trafic présumé de palourdes dans l’étang de Berre.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Péché en eau trouble. À la barre, en ce mardi 23 septembre au tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence, personne ne nie. M.C., la seule femme parmi les cinq pêcheurs "à pied" sur le banc des prévenus, avoue même sans ciller avoir "déjà fait trois cents kilos en une semaine". Au total, ce sont pas moins de vingt-quatre tonnes de palourdes de l'étang de Berre que ces pêcheurs non professionnels ont revendu à la société Cap Horn, en toute illégalité. Pire, certains d'entre eux ne se sont pas contentés de pêcher dans des quantités et des jours interdits, mais ont aussi prélevé des palourdes alors que la préfecture l'avait formellement proscrit, en raison de la présence de la bactérie E.coli dans l'eau. Quant au gérant de Cap Horn, auquel les éléments du dossier attribuent un rôle très actif dans ce trafic présumé, il plaide l'"erreur conjoncturelle" et avance que "le préjudice écologique n’est pas démontré". Ce commerce illégal d'espèces sauvages n'est pourtant pas sans impact sur la biodiversité et, par ricochet, sur le réchauffement climatique, comme n'ont pas manqué de le rappeler les associations de protection de l’environnement, parties civiles dans l'affaire.

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ET AVEC ÇA

De l'orange dans l'air. C'est une ingénieuse idée qu'a eue le site d'information StreetPress à la veille de la bataille des municipales : s'inspirer du Nutri-score pour évaluer les risques que l'extrême droite remporte les élections dans chaque commune de France. Comme son modèle nutritionnel, ce système d'étiquetage électoral comporte cinq niveaux, allant de A (risque faible) à E (risque élevé) et du vert au rouge. Autant dire que la carte des Bouches-du-Rhône n'a que très peu de nuances, oscillant entre orange foncé et orange clair. Seules les deux plus grandes villes du département se démarquent en affichant la couleur de l'espoir. Nos confrères sont catégoriques : Aix-en-Provence, qui arbore un "facho-score" A, "ne passera pas à l'extrême droite en 2026". Marseille a pour sa part obtenu un "B" et devrait, selon eux, suivre le chemin de l'autre ville-centre de la métropole, "sauf en cas d'erreur stratégique majeure des candidats et candidates des autres blocs".

Pointue, saison 4, épisode 4, c'est fini pour aujourd'hui. Rendez-vous jeudi prochain, même heure, même boîte mail, pour un nouveau bulletin météo de l'info locale indépendante.

D'ici là, pour toute question ou info, écrivez à pointue@marsactu.fr.

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