Deux jours de garde à vue pour le directeur du Samu social

Enquête
le 2 Juin 2017
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Mardi et mercredi, le directeur du Samu social était en garde à vue dans le cadre de l'enquête préliminaire en cours sur des soupçons d'emplois fictifs et de détournement de fonds publics. La première étape d'une enquête qui pourrait encore durer de longs mois.

Les voitures siglées du Samu social sillonnent la ville chaque nuit. Photo : B.G.
Les voitures siglées du Samu social sillonnent la ville chaque nuit. Photo : B.G.

Les voitures siglées du Samu social sillonnent la ville chaque nuit. Photo : B.G.

Ce mardi, le directeur du Samu Social, René Giancarli, était à nouveau convoqué dans les locaux de la section de recherche de la gendarmerie. Selon nos informations, il y était entendu sous le régime de la garde à vue dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet sur des soupçons d’emplois fictifs et de détournement de fonds publics dans ce service municipal.

Cette garde à vue s’est prolongée jusqu’à mercredi. L’ancien policier a donc passé la nuit dans les geôles de la gendarmerie, avenue de Toulon. René Giancarli s’attendait depuis plusieurs semaines à cette nouvelle convocation qui vient conclure une longue série d’auditions. Il s’y serait rendu avec l’ensemble des pièces explicatives justifiant le mode d’organisation du temps de travail au sein du Samu. Il aurait également pris conseil au préalable auprès d’un avocat dans le cas où la garde à vue serait effective. Toujours selon nos informations, il a pu détailler la manière dont le service fonctionnait sous ses ordres et, en particulier, le degré d’implication de la hiérarchie administrative.

Une présomption de 5 millions de préjudices

Comme l’ont mis au jour les enquêteurs, depuis son arrivée à la tête du Samu, les agents bénéficiaient d’un emploi du temps leur permettant de travailler dix à douze jours par mois “sans tenir compte des jours fériés, des arrêts pour maladie ou des vacances”, expliquent-ils. Or, ce temps de travail lissé ne correspond pas à ce qui était effectivement déclaré auprès de la Direction générale du personnel, selon plusieurs agents qui l’ont découvert au moment de leur audition à la gendarmerie. Le préjudice pour les caisses publiques serait évalué à 5 millions d’euros entre 2012 et 2016 selon une source citée par Le Canard Enchaîné.

Pour l’heure, le parquet se refuse à confirmer ou commenter les actes de procédure dans le cadre de l’enquête en cours. Selon deux sources distinctes, René Giancarli serait également suspendu par la Ville de ses fonctions de directeur et aurait rendu son véhicule de fonction. À l’Hôtel de Ville, on se refuse tout autant à confirmer cette décision.

Si un avocat mandaté par la municipalité était présent lors des auditions de certains agents, René Giancarli n’en a pas bénéficié. La Ville ayant annoncé qu’elle portait plainte avec constitution de partie civile, elle n’accordera pas la protection fonctionnelle aux agents éventuellement mis en cause dans le cadre de cette enquête.

Vers la saisine d’un juge d’instruction

Par ailleurs, cette constitution de partie civile a un impact direct sur le cours de l’enquête. En effet, dans La Provence, le 25 mai dernier, le parquet indiquait vouloir renvoyer rapidement les mis en causes devant le tribunal correctionnel. Avec la Ville en partie civile, le procureur est désormais contraint d’ouvrir une information judiciaire. C’est donc à un juge d’instruction que reviendra le soin de poursuivre l’enquête, en convoquant notamment les personnes citées par René Giancarli lors de sa garde à vue.

Pour leur part, les élus successifs se dédouanent clairement du suivi de l’organisation administrative du Samu social. C’est notamment le cas de Xavier Méry qui a repris cette délégation en 2014. Son prédécesseur, Michel Bourgat est sur la même ligne de séparation entre l’administratif et le politique.

“Je trouve ça un peu dégueulasse”

En revanche, l’ancien élu est moins tendre avec la manière dont la Ville traite cette affaire. “Il est en première ligne et je trouve ça un peu dégueulasse, explique-t-il vertement. Tous ces messieurs de la Ville, de la direction de la mairie, étaient bien contents quand René envoyaient des gars au milieu de la nuit pour l’évacuation d’un camp de Roms ou gérer l’arrivée de migrants au moment du printemps arabe. Et personne ne se posait alors la question de savoir comment ils faisaient pour être présents quelle que soit l’heure du jour et de la nuit”.

Il ne tarit pas d’éloges sur cet ancien policier qu’il a côtoyé lors de son premier mandat dédié à la prévention. René Giancarli occupait alors le poste de directeur du centre d’animation de la police sur la plage du Prophète. “Il était déjà ce meneur d’hommes capable de mener son équipe sur des missions pas toujours simples. Il a gardé cette mentalité au sein du Samu en le développant et en faisant avec des profils d’agents pas toujours simples à gérer.” 

En interne, certaines voix sont plus critiques sur le caractère peu orthodoxe de sa gestion des troupes. Souvent à tu et à toi avec les agents, ce peu de formalisme avait également une traduction concrète dans l’organisation du travail. Mais sa capacité à capter l’attention médiatique satisfaisait jusque là les attentes du maire. Seul couac notable, en 2014, René Giancarli avait été sommé de retirer une carte distribuée aux sans-abris, frappée d’un triangle jaune et censé réunir les informations médicales de l’intéressé. Le tollé provoqué par cette initiative, condamnée jusqu’au gouvernement, avait obligé le maire à désavouer son directeur. L’affaire judiciaire qui s’ouvre risque de provoquer des tremblements autrement plus conséquents dans l’appareil municipal.

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Commentaires

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  1. Minh Derien Minh Derien

    Pour le SAMU social de Marseille, il était donc plus facile de “badger” les SDF que de “faire badger” le personnel afin d’assurer un suivi du temps de travail…

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  2. barbapapa barbapapa

    Le gars n’a pas du tout seul braquer 5 millions d’euros dans le budget municipal, des autorisations formelles ou informelles ont du être formulées plus haut

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  3. LaPlaine _ LaPlaine _

    C’est le fusible…
    Grogodin ne savait rien voyons… et pourtant il a toujours été au plus près du quotidien de sa ville, quand don voit dans quel état elle est…

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