PS 13 : Ciot n'est pas prophète en son pays d'Aix

"Le résultat ? Mais je l'avais déjà hier, on est au PS 13 quand même !" Derrière la bravade, la ministre marseillaise Marie-Arlette Carlotti résumait bien jeudi soir le vote qui venait de se dérouler pour le premier secrétaire de la fédération : le renouvellement de Jean-David Ciot ne faisait pas de doute.

Une manière de relativiser la défaite de la candidate qu'elle soutenait, la conseillère municipale Nathalie Pigamo. En insistant en revanche sur un score qui tranche avec les plébiscites habituels : 30% environ, son résultat définitif n'étant pas encore connu en raison de ses contestations entourant le vote dans une dizaine de sections (l'échelon de base du parti). "Je ne pensais pas qu'elle ferait autant", glisse la ministre.

"On sort d'un rapport de force artificiel fait par Paris pour essayer de préserver l'équilibre afin de mettre en place la rénovation. Dans la vie, il y a des rapports de force, il faut qu'ils s'établissent, maintenant que c'est fait, il faut travailler ensemble", commentait dans la soirée Jean-David Ciot. "Je n'ai pas de difficulté à avancer avec lui, mais il faut montrer qu'il le souhaite, sinon on va aller à Fontanel (secrétaire national à la rénovation, ndlr)", répond Patrick Mennucci, l'autre soutien principal de Pigamo. Les opposants à Ciot réclament en effet 30 % des sièges réservés à la motion Désir au conseil fédéral (le "parlement" du parti) et la reconnaissance de certaines irrégularités de vote. On est quand même loin des ambitions de victoire initiales.

Nouveau vote pour la suppléante de Ciot ?

On le voit, l'hégémonie ne sera pas de mise, même si le collectif Renouveau PS 13 persiste dans son idée de passer par une intervention de Paris pour rétablir la situation. "On est en tête dans six arrondissements à Marseille et à Aix", se félicite pour sa part Nathalie Pigamo. Elle est là la vraie surprise de la soirée : député de la 14e circonscription, qui regroupe le nord-est d'Aix et du pays aixois, postulant pressenti aux primaires pour les municipales, Jean-David Ciot est arrivé derrière Nathalie Pigamo dans les deux sections de la ville (101 voix à 90 au total).

Affront supplémentaire, les secrétaires des sections qu'il soutenait ont été mis en difficulté. À l'ouest, Jacky Lecuivre a été réélu haut la main. A l'est, l'élection se joue à une voix : celle d'une permanente de la fédération, qui a voté… depuis Marseille. Pendant qu'à Aix, si l'on en croit Jacky Lecuivre le vote donnait Guillaume Guerre gagnant d'une voix face à Noëlle Ciccolini-Jouffret, la suppléante de Jean-David Ciot aux législatives. Un scrutin validé par huissier, "le même" qui en octobre avait pris Lecuivre en train de se carapater avec l'urne et les bulletins car il contestait l'élection dans sa section.

"Pour nous, l'affaire était entendue. On nous a expliqué dans la soirée que l'on avait oublié de prendre en compte la voix d'une permanente de la fédération", raconte Lecuivre, scandalisé. Retour à égalité, on revotera dans sept jours. "Elle était sur le listing, ça se passe toujours comme ça partout en France", rétorque Magali Le François, secrétaire générale de la fédération, qui affirme que Paris a validé le vote. Une salariée dont le bulletin n'avait du coup rien de secret… "Elle savait très bien que tout le monde saurait", reprend-t-elle. Quoi qu'il en soit, le deuxième tour n'arrange pas les affaires de Ciot.

Mignard prend le 8e, Pigamo échoue dans le 6e

Si ailleurs dans le département l'habitude du candidat unique a été souvent respectée, deux duels ont montré que des militants ont été sensibles au discours de rénovation de Nathalie Pigamo. Dans le 6e arrondissement, sa soeur Marion n'a perdu que d'une voix face à l'historique Claude Moser, acclamé dans la soirée par des guérinistes purs et durs. Dans le 8e, Annie Levy-Mozziconacci, proche de Jean-Pierre Mignard, a largement battu André Sivrissarian, successeur de Jean-Philippe Vigneron, out pour cause d'emploi au conseil général.

Mais une autre section, celle du 7e arrondissement, montre que la rénovation peut être à géométrie variable. Là aussi, un secrétaire de section en place de longue date – Louis Fabre – a vu arriver une challenger portant haut le renouvellement : Camille Bal, avocate qui se dit très sensible à la démarche de Jean-Pierre Mignard. Mais cette fois-ci, le premier était soutenu par une des personnalités du groupe de Nathalie Pigamo dit des "rénovateurs" : le député et maire du 1/7 Patrick Mennucci, qui lui reverse même 250 euros par mois de ses indemnités. "Le problème est qu'elle a parlé de Fabre comme Nathalie parle de Guérini", nuance Mennucci, qui ajoute de manière symptomatique : "Si j'avais voulu changer de secrétaire de section, ce n'est pas elle que j'aurais proposée".

Actualisation, le 19 novembre : dans un communiqué, Jean-David Ciot annonce qu'après une rencontre avec les deux candidats ex aequo à Aix Est – Noël Ciccolini-Jouffret et Guillaume Guerre – la première a retiré sa candidature au profit du second, qui s'est "engagé à favoriser la représentation et l’expression de toutes les sensibilités".

Les résultats par section du vote pour le premier secrétaire fédéral :

Ceux du vote pour les secrétaires de section :