Incendies : les jours d’après
Après les flammes, les premiers bilans. Dans les communes touchées par cette série d'incendies d'une rare ampleur, habitants et pouvoirs publics doivent déjà penser à l'après, aux aides qu'ils pourront trouver et à la nécessaire reconstruction. Marsactu fait le point.
Photo Margaïd Quioc
Les Bouches-du-Rhône n’avaient pas connu cela a minima depuis 1997 et l’incendie de Septèmes et Allauch. La présidente du conseil départemental Martine Vassal (LR) parle même d’une “catastrophe sans précédent”. Mercredi et jeudi, ce sont près de 3300 hectares, 2500 entre Rognac et les Pennes-Mirabeau et 800 à Fos-sur-Mer, de terres qui ont été emportées par les flammes, accélérées par le mistral. Alors que les pompiers estiment avoir “maîtrisé” l’incendie, l’heure est au bilan. Avec la vingtaine de maisons touchées et trois blessés dont un grave, il est certes important mais tous les acteurs s’accordent à dire que cela aurait pu être bien pire.
Le lycée des Pennes, principal bâtiment touché
C’est l’équipement public le plus touché. Le lycée ÉREA (pour établissement régional d’enseignement adapté) des Pennes-Mirabeau a été sévèrement endommagé par les flammes. “Je vois mal comment on pourrait faire autrement que tout reconstruire. Les charpentes ont été endommagées”, résume Michel Amiel, maire (divers gauche) de la commune. Le conseiller régional délégué aux lycées, Maurice Battin (LR), préfère attendre de visiter les lieux ce vendredi pour pouvoir évaluer l’avenir de l’établissement. “Nous sommes en train de regarder ce qui peut être sauvé ou pas au niveau des bâtiments comme au niveau du matériel, explique-t-il. Je n’exclus pas totalement que certaines formations, certains enseignements puissent être dispensés sur place, peut-être en installant des Algeco”.
Le rectorat assure déjà travailler avec la région pour réfléchir à relocaliser certains élèves et indique chercher “des établissements aux alentours où installer certaines sections”, le lycée accueillant essentiellement des enseignements professionnels qui nécessitent des installations spécifiques. “Il y a la question des élèves mais aussi des enseignants : il faut savoir qui va pouvoir être déplacé. C’est un lycée qui accueille un public difficile, 150 élèves. Nous avons deux lycées du même type dans la région, à Venelles et à Sisteron. Certains iront sûrement là-bas en internat ou par navette.”, précise Maurice Battin.
L’industrie de Fos épargnée
Fos est la ville où les départs de feu – quatre au total et tous à proximité de sites industriels – auraient pu avoir les conséquences les plus désastreuses. “On a vu le feu s’arrêter juste aux clôtures des installations, commente, encore impressionné, le maire (divers gauche) de la ville René Raimondi, le feu a traversé des zones où il y avait des camions-citernes, la moindre étincelle aurait pu faire de gros dégâts, qu’ils soient vides ou remplis”. 800 hectares ont brûlé sur la commune, les flammes dévalant jusqu’au front de mer. Chaque site industriel a fait appel à son propre service incendie, ce qui a permis d’anticiper l’arrivée du feu. D’après la mairie, aucun d’entre eux n’a subi de dommage important ni connu de blessé.
L’usine d’acier ArcelorMittal, dont une partie a été évacuée pendant plusieurs heures, expliquait jeudi matin dans un communiqué que “les installations de production n’ont pas été touchées, mais la marche de l’usine est ralentie : un seul haut-fourneau sur les 2 est en fonctionnement et la Cokerie tourne également. Les autres installations devraient redémarrer progressivement dès que les conditions seront réunies.” Jeudi en fin d’après-midi, un foyer continuait de brûler sur ce site des bassins Ouest, sous la surveillance des pompiers. Il s’agirait d’un stock de composants en caoutchouc d’après René Raimondi. Un autre incendie avait toujours cours jeudi soir dans l’entreprise de stockage CarFos, où 35 tonnes de bois destinées à la centrale de Gardanne partaient en fumée. Faute de moyens suffisants pour y mettre fin, les pompiers ont décidé de laisser faire la combustion, ce qui pourrait prendre plusieurs jours.
Un espace naturel à repeupler
“Le plateau de Vitrolles accueillait une faune et une flore remarquable”, s’émeut la Ligue de protection des oiseaux. Très présente sur le plateau de Vitrolles, l’association détaille la richesse perdue. “Ont été recensés un nombre important d’espèces florales patrimoniales dont des cistacées et des orchidées ; pas moins de 107 espèces d’oiseaux dont des espèces à fort enjeu de conservation telles que l’Aigle de Bonelli, le Grand-duc d’Europe, la Pie-grièche méridionale ou encore le Guêpier d’Europe”.
Pour le maire des Pennes-Mirabeau Michel Amiel, il faut un reboisement intégral mais réfléchi : “Je ne dis pas qu’on va refaire exactement pareil mais ce qui était en zone naturelle a vocation à le rester.” Les images des pins devenus torchères ont éclairé cette nuit sombre. “On fera attention avec les essences méditerranéennes dont on connaît la forte inflammabilité et on mettra peut-être des oliviers coupe-feu. Ce qui était le poumon vert de la commune le redeviendra.” La LPO va encore plus loin et réclame “un classement de protection du plateau permettrait de mettre en place une réhabilitation écologique ambitieuse et pérenne”.
À Fos, le maire (divers gauche) René Raimondi espère lui aussi que la nature reprendra vite ses droits. “Une partie était zone qu’on avait classée zone verte, on verra s’il faut reboiser, le plan local d’urbanisme doit bientôt être revoté. Mais c’est du chêne vert, ça peut repartir de soi même s’il y a une bonne pluie. Car les souches n’ont quasiment pas été touchées tant le feu allait vite. Peut-être que la nature renaîtra d’elle même de ses cendres”.
Les collectivités déploient leurs aides d’urgence
En attendant que les assurances fassent leur travail pour les habitants comme pour les collectivités, ces dernières ont déclenché leur mécanisme d’aide d’urgence. La région déploie son plan de soutien d’urgence régional. Il visera le lycée des Pennes dont il a la charge mais aussi le reboisement, l’aide aux communes et le soutien à l’agriculture et à la viticulture.
Aucun montant n’est avancé, comme pour les fonds débloqués par la métropole. Pour cette dernière, le président Jean-Claude Gaudin a publié un communiqué : “J’ai demandé aux élus et à l’ensemble des services de superviser l’expertise réalisée sur place [ce jeudi] pour déterminer les travaux à réaliser en priorité.” Quant à Martine Vassal, elle promet un million d’euros d’aide aux communes sinistrées et un fonds pour le reboisement. “Nous accompagnons tout de suite les populations sinistrées via la mobilisation déjà effective de 20 responsables de services sociaux”, ajoute-t-elle.
Tous ces fonds doivent encore être validés dans les différentes assemblées, une condition sine qua non à leur développement. La métropole se réunira le 19 septembre et la région fin octobre, début novembre, pour valider les propositions de leurs présidents respectifs. Le département promet lui des fonds disponibles en octobre.
La solidarité
Époque des réseaux sociaux oblige, de nombreux appels à la solidarité et autres collectes de dons ont été lancés depuis jeudi. À Vitrolles, la mairie semble avoir reçu un nombre très important de dons et appelle sur Facebook les Vitrollais souhaitant en bénéficier à se manifester. Pour les dons financiers, la municipalité redirige vers le Secours Catholique. Parmi les initiatives, on peut aussi noter une cagnotte en ligne dédiée au centre équestre des Collets rouges, à Vitrolles, dont la reconstruction nécessiterait 500 000 euros selon l’organisateur. Enfin, les annonces pour chiens et chats perdus suite aux incendies se multiplient sur cette page avec parfois des issues heureuses.
L’enquête
Le président de la République François Hollande en a fait la promesse : “Nous retrouverons [les] auteurs. […] Il doit y avoir des punitions qui doivent être effectuées et qui doivent être prononcées.” Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet d’Aix-en-Provence pour déterminer les raisons et les éventuels auteurs de l’incendie. Mercredi après-midi, un homme habitant Marseille a été arrêté et placé en garde à vue. Il aurait été aperçu par des riverains à proximité d’un départ de feu à Vitrolles.
Lisa Castelly et Jean-Marie Leforestier
Commentaires
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INCENDIE CRIMINEL !! vraiment triste, aucune excuse pour ce crime. J’aime beaucoup Vitrolles, j’ai travaillé durant 5 ans à la Bastide Blanche et mes activités loisirs étaient à Vitrolles, cinéma, gym à la Ferme Croze, les courses à Carrefour, les spectacles GRATUITS au vieux rocher, les arrêts au Parc du Griffon. vraiment je n’ai que de bons souvenirs bien que ce soit lointain dans les années 90. Grand changement depuis 30 ans mais j’ai toujours grand plaisir a y aller. Difficile pour les Vitrollais de voir tout cet environnement anéanti sans compter les désagréments pour les personnes fragiles qui auront beaucoup de mal à respirer cet air pollué. Malgré les douleurs et les souffrances d’avoir tout perdu il reste la vie, aussi je vous souhaite de vous relever et de recommencer. C’est dans les moments douloureux que l’on se rend compte que les gens ont du coeur et prêt à aider et à réconforter.
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Quelles sont vos sources pour qualifier l’origine de cet incendie de criminelle ?
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Bonjour titi
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Decidemment ça ne veux pas passer gros pb de connexion, «il semblerait» que ce soit un acte criminel d apres la presse et les medias.
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il faudrait que les communes assurent un minimum de leur obligation “ancestrale” et toujours d’actualité, de débroussailler à 10 ou 20m selon leur situation, des bors de routes communales; ne pas oublier que la dotation qu’elles touchent de l’Etat, calculée en fonction du kilométrage de voirie est faite pour ça aussi – avant de faire des dépenses telles que 11 véhicules fonction pour 10 élus à mimet, ajuster régulièrement au maximum leurs indemnités,….cette dépense ne serait pas superfétatoire.
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11 véhicules de fonction pour 10 élus ? Si c’est exact, j’aimerais bien savoir comment on peut justifier un tel nombre – et d’ailleurs tout simplement si un besoin réel explique l’existence de véhicules de fonction pour des élus dans une commune de 4500 habitants…
Décidément, c’est la crise, mais pas pour tout le monde, et certains ont bien du mal à ne pas jeter les deniers publics par la fenêtre.
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