Bonjour, c'est Pointue !

📬 Ça détourne. Dans le magazine de la métropole, une page permet aux groupes d’opposition de s’exprimer. D'ordinaire, les élus détaillent leur travail au sein du conseil métropolitain, les dossiers qu’ils souhaitent porter, ou partagent des positions politiques sur l’actualité du moment. Mais dans l’édition de mars/avril/mai, l’extrême droite a décidé de… faire la promotion de "La Provence qu’on aime", le label lancé par le RN et ses alliés afin d'investir des candidats pour les prochaines élections municipales. Martine Vassal avait déjà fait un esclandre il y a quelques semaines, car Franck Allisio faisait sa promo directement auprès des élus de la majorité de la présidente au salon des maires. On imagine qu'elle a d'autant moins apprécié cette publicité dans son propre magazine...

🚗 Ça indemnise. Le député d’extrême droite de la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône (qui comprend le 9e arrondissement et une partie du 10e), Olivier Fayssat, a eu un conflit avec la Ville de Marseille au sujet de… l’enlèvement par la fourrière municipale de sa voiture l’été dernier. Son véhicule a en effet subi des dégâts matériels lors de l’opération, estimés par devis à 1297,64 euros. La Ville a proposé un règlement amiable du litige en indemnisant ce préjudice à Olivier Fayssat. Mais cette petite histoire de fourrière se retrouve dans les rapports du conseil municipal de ce vendredi 25 avril et ne passe donc plus inaperçue.

🕵️ Ça contrôle. Après le département, la Ville de Marseille et, plus récemment, la métropole, l’Agence française anticorruption (Afa) a posé ses cartons… à la région. L’information a été glissée par le président de la collectivité en amont de la plénière de ce mercredi 23 avril. Le contrôle n’est toutefois pas encore terminé : Renaud Muselier devrait rencontrer les agents la semaine prochaine. Il affirme néanmoins déjà que "nous n’avons pas d’avis contraires ou de remarques significatives". Par le passé, l’Afa s’était penchée sur la gestion RN des 13e et 14e arrondissements de Marseille dans un rapport qui avait conduit à la condamnation du sénateur d’extrême droite Stéphane Ravier. Marsactu tâchera de vérifier si tout va — vraiment — bien à la région dans le rapport de l’agence.

Fraude chirurgicale. Décidément, certains médecins des Bouches-du-Rhône rivalisent d'ingéniosité pour creuser le déficit de la Sécurité sociale. Après les arracheurs de dents du boulevard National, soupçonnés d'avoir indûment facturé plus de 1,5 million d'euros de soins à l'Assurance maladie, voici le chirurgien orthopédiste d'Aubagne, poursuivi pour escroquerie, majoritairement au détriment de la CPAM du département. Le médecin se serait ainsi attribué — et donc fait rembourser — plus de 200 opérations pratiquées par ses confrères, pour un préjudice estimé à plus de 180 000 euros. Et il aurait engrangé encore plus en facturant plusieurs centaines d'interventions, bien réalisées par lui-même cette fois, mais au titre de son activité libérale, alors qu’elles relevaient du secteur public. En garde à vue, le mis en cause a indiqué ne pas être "le seul à faire ceci". Voilà peut-être une piste à creuser pour combler le fameux trou de la Sécu.

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Ligne droite. Entre l'annonce de sa candidature dans le 6/8 pour les prochaines municipales à Marseille, sa tribune et ses espaces publicitaires contre la loi PLM, sa proposition de sauver le Centre Bourse avec l'argent de l'État et les préparatifs des Jeux d'hiver 2030, Renaud Muselier n'en finit plus de se montrer. Dernière sortie en date du président (Renaissance) de la région Paca : le "plan Valeurs", un acronyme fourre-tout qui évoque aussi bien la guerre commerciale de Donald Trump que le conflit en Ukraine pour guider la "nouvelle orientation des politiques régionales". Fortement axé sur la sécurité, le rapport s'avère bien loin des compétences de la collectivité qu'il dirige, mais tout proche de l'idéologie prônée à sa droite. Quant au but de la manœuvre, ses opposants s'en amusent, qui suggérant le désœuvrement du président, qui imaginant son envie de "redevenir ministre des Affaires étrangères".

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Colonscopie. "L'affaire Apathie" en a tristement témoigné : la France n'est, semble-t-il, pas encore prête à "regarder en face" son passé colonial. Mais, à Marseille, un pas vient d'être franchi, avec la mise en ligne du portail Mars Imperium par des chercheurs d'Aix-Marseille Université. Sous cet intitulé un brin provocateur se cache une mine d'informations sur l'histoire des liens très forts, et encore bien prégnants, entre la ville et les colonies françaises depuis le XVIIIe siècle. Pour en savoir plus, notre journaliste Violette Artaud a interrogé l'une des porteuses du projet, l'historienne Céline Regnard, et Samia Chabani, à la tête de l'association Ancrages, qui a largement participé à l'élaboration de cet outil d'intérêt général.

Machine à sons. Dans sa nouvelle chronique, Guillaume Origoni traque les fantômes qui hantent les hôpitaux de Marseille. Et c'est un spectre très particulier auquel il fait allusion dans ce troisième épisode, puisqu'il se niche dans une machine. Et plus précisément dans des appareils de monitoring, dont les bips donnent parfois encore des signes de vie quand celle-ci s'est définitivement éteinte, "des fois depuis plus d'une heure", voire alors que le système "n’était même pas alimenté". Au-delà de ses atours fantastiques, ce "ghost in the machine" est l'occasion pour le photographe et journaliste de raconter l'hôpital de l'intérieur et de donner la parole à ces soignants qui côtoient la mort au quotidien. Nous apprenant, au passage, l'existence du "biais d'agentivité", un concept bien utile dans une époque qui voit prospérer le complotisme.

Chronique marsienne. Victime collatérale d'un duel de tribunes consacrées à Marseille dans Libé ces derniers jours, l'écrivain Hadrien Bels reprend la plume cette semaine dans la revue XXI. Pas pour déclarer, à son tour, sa flamme à la ville — il l'a déjà fait, brillamment, dans son premier livre, Cinq dans tes yeux —, mais pour tirer le portrait d'un autre de ses enfants, sans doute le plus populaire d'entre eux, Jul. Populaire, mais énigmatique, car le rappeur entretient le mystère sur sa personne comme il accumule les succès sur son label. Il en fallait toutefois plus pour décourager le théoricien des "venants", qui illustre ici à merveille la célèbre formule de Stevenson, "L'important, ce n'est pas la destination, c'est le voyage". Son enquête sur les traces de "l'Ovni" est prétexte à un récit jubilatoire mêlant souvenirs de jeunesse, anecdotes savoureuses et morceaux (bien) choisis de chansons. Et prouve qu'"à Marseille, il y a toujours une belle histoire à raconter", surtout avec un tel panache littéraire.

Pointue, 91e du cru, c'est fini pour aujourd'hui. On espère que ça vous a plu, et on vous donne rendez-vous dans trois semaines, le temps de fêter les travailleurs jeudi prochain, et la fin de la Seconde Guerre mondiale le suivant.

D'ici là, pour toute question, info ou suggestion com' pour le président de région, écrivez à pointue@marsactu.fr.