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C'est uniquement grâce à vous que cette semaine encore, on vous livre révélations et décryptages sans concession, avec le procès de l'ancien maire de Trets, un accord pour le moins surprenant entre gauche et droite locales sur le tracé du tram à la Belle de Mai, ou encore les omissions malencontreuses du député RN Franck Allisio.

Pointue, numéro 74, c'est parti !

Cynthia Cucchi

À PICORER

🙅🏽‍♀️ Ça bâcheOk, "c’est un vrai bordel au niveau national, mais c’est plus que jamais le moment de préparer les choses au local." Fort de cet argumentaire déployé par un fin connaisseur de la chose politique locale, Renaud Muselier, le président (Renaissance) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a décidé de lancer une série de discussions "aux formats divers et parfois informels", explique son entourage, pour commencer à phosphorer sur les municipales de 2026. L’objectif est double : travailler les dossiers et identifier les forces en présence, d’une part, mais aussi montrer qu’il est "à la manœuvre", de l’autre. Une volonté de leadership qui peut agacer jusque dans les rangs de la droite et du centre, moins unis dans l’arrière-boutique qu’en façade. Lundi 2 décembre, "l’apéro" qui devait rassembler cadres locaux et potentielles têtes de listes marseillaises autour de Renaud Muselier n’a pas eu le succès escompté. "Martine Vassal l’a bâché et n’y est pas allée", savoure un opposant. Du côté de chez Muselier, on convient que le "format" initial du rendez-vous prévu lundi a été "abandonné", mais on assure que la réunion a tout de même eu lieu.

🖥️ Ça sabote. La passation de pouvoir ne s’annonce pas simple à Rognac. Pour mémoire, la maire UDI, Sylvie Miceli-Houdais, a perdu son fauteuil face au candidat du Rassemblement national, Christophe Gonzalez, lors d’élections municipales partielles le 24 novembre dernier. Ce jour-là, patatras !, des pannes de serveurs viennent perturber le système informatique de l’hôtel de ville. Lequel peine, depuis lors, à fonctionner normalement. Ce qui a conduit la maire (pour encore quelques heures) à déposer une plainte, le 3 décembre, pour "manœuvres de sabotage à destination des serveurs informatiques". Christophe Gonzalez, le maire en devenir — son installation a lieu vendredi 6 décembre à 17h —, regrette une "information au compte-gouttes sur le sujet" et espère "pouvoir accéder aux dossiers" communaux rapidement. Depuis mardi 3, les clefs des accès aux serveurs ont été confiées à la police municipale qui en préserve "l’usage". Pour les questions informatiques, c’est donc à cette porte-là qu’il devra d’abord taper.

🗞️ Ça hérite. À Aurons, commune de 700 habitants des Bouches-du-Rhône, les maires semblent avoir des problèmes avec la gestion municipale de beau-père en beau-fils. L’édile actuel André Bertero est en attente de son procès en juin 2025 pour faux, usage de faux, escroquerie, détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêts. Il est accusé d’avoir rédigé des fausses délibérations municipales pendant des années pour un préjudice estimé aujourd’hui à plus de deux millions d’euros par le ministère public. Et, selon une archive récupérée par Marsactu du journal Libération datant du 19 novembre 1976, son beau-père Maurice Merendol, maire d'Aurons durant 48 ans, a aussi à l’époque été accusé de "fraudes et abus", selon le quotidien. "Il refuse aux « contestataires » l’accès au registre des délibérations, il se dispense d’afficher les PV", détaille l’article. Des faits qui lui ont valu une enquête officielle, lancée par le ministère de l’Intérieur. Reste à savoir si André Bertero tiendra aussi longtemps à la tête d’Aurons que son beau-père, alors qu’il risque l’inéligibilité dans son affaire.

DANS NOS FILETS

Les copains d'abord. Ce n'est pas sa première fois sur le banc des prévenus, après sa condamnation pour vol et harcèlement moral il y a tout juste un an. Mais pour ce nouveau rendez-vous avec la justice, le dossier de l'ex-maire LR de Trets, Jean-Claude Feraud, s'avère massif, affichant pas moins de 17 cas présumés de favoritisme dans des marchés publics. Et, de fait, les réquisitions sont lourdes. Au point que l'ancien édile risque cette fois de la prison ferme. Son audience, au cours de laquelle Jean-Claude Feraud a plaidé la bonne foi et des problèmes de mémoire, n'aura donc pas infléchi la position du procureur de la République d’Aix-en-Provence, Emmanuel Merlin, qui a dénoncé le caractère systémique de l'affaire. D'autant que, comme ce dernier le faisait remarquer non sans ironie au début du procès, “si on avait dû prendre tous les faits de favoritisme, on se retrouverait avec une centaine de poursuites !”

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ON A CREUSÉ

Recours à sec. L'évolution des chiffres est vertigineuse. D'après un rapport de l'ONG Human Rights Watch, en début d'année, près de 75 % des jeunes en recours pour reconnaissance de minorité obtenaient gain de cause devant le tribunal pour enfants (TPE) de Marseille. Aujourd'hui, ce taux est proche de zéro, estime le collectif 113, qui héberge et accompagne des jeunes exilés, et place la ville bien en dessous de la moyenne nationale (évaluée à 60 %). La réorganisation interne du TPE de Marseille en septembre n'est pas étrangère à cette chute brutale. Depuis la rentrée, une seule juge gère les recours de ces migrants non reconnus mineurs par le département, contre onze auparavant. D'où l'inquiétude des associations et avocats sur le terrain, car ladite magistrate se montrerait particulièrement "répressive", empêchant les jeunes exilés d'être pris en charge par les institutions. Et les laissant dans la rue, sans recours ni secours.

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LE SUIVI

Ça tourne au tram. C'est un miracle de Noël avant l'heure : la Ville de Marseille et la métropole sont d'accord ! Les deux institutions, qui s'engatsent d'ordinaire sur à peu près tous les sujets, sont en effet sur la même ligne concernant le tracé du futur tram de la Belle de Mai. Gauche et droite auront tout de même fait semblant de batailler sur le sujet pendant toute une année avant de faire transport en commun. Mais là où le projet déraille surtout, c'est en prévoyant la destruction de 150 logements. Ce qui fait planer une possible disparition du "noyau villageois de la Belle de Mai", et la vie de quartier si chère à ses habitants.

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ÇA SE DISCUTE

"What about deux fois plus de LeBus, de LeMetro, et de LeRamassageDesPoubelles?"

Commentaire de Victor Victoria sur Facebook, au sujet de la métropole, qui promet deux fois plus de "Levélo" pour 2025.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Fraude qui peut. Benoît Gilles le révélait il y a deux semaines dans Marsactu : le député et chef de file local du RN Franck Allisio, pressenti pour mener la campagne du parti aux municipales à Marseille en 2026, a "oublié" de déclarer à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique que deux de ses collaborateurs parlementaires étaient par ailleurs salariés de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Une "omission au petit parfum de mensonge", souligne notre co-rédac'chef, qui a rejoint Violette Artaud dans la pièce la plus confidentielle de Marsactu pour revenir sur cette révélation dans notre podcast Le Bocal. Et autant dire que l'affaire tombe plutôt mal pour le député frontiste, autoproclamé chevalier blanc anti-fraude, puisqu'elle offre un curieux écho à celle qui touche actuellement son parti au niveau européen.

Écouter le Bocal

ET AVEC ÇA

Foot à lier. Au vu de sa (mé)forme actuelle, pas sûr que Kylian Mbappé soit toujours l'idole des jeunes footeux. Mais la star internationale du Real Madrid fait encore rêver leurs parents. Le Monde a parcouru les pelouses du nord au sud de Marseille, à la rencontre de ceux qui se sont lancés à corps perdu dans le "projet Mbappé". Autrement dit des "parents prêts à tout pour que leur enfant suive la même trajectoire extraordinaire" que le joueur. L'article, édifiant, nous emmène "dans le monde des « labos », ces terrains d’entraînement souvent informels" où des coachs privés, quand ce ne sont pas les parents eux-mêmes, font subir aux minots des séances de travail stakhanovistes, alimentant le fantasme d'une vie sans soucis matériels. Et quitte à créer de profondes désillusions chez les nombreux recalés du foot, comme le racontait Wassila Belhacine dans Marsactu en février dernier.

Pointue, 74e du nom, c'est fini pour aujourd'hui ! On se retrouve jeudi prochain pour une nouvelle fournée d'infos locales à la sauce Marsactu.

D'ici là, si vous voulez nous faire un don, nous poser une question ou suggérer un tracé de tram, écrivez à pointue@marsactu.fr.

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