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Bonsoir, ici Pointue !

L'air est lourd, encore chargé des fumées des mortiers d'artifices et des lacrymos. Après avoir été le décor d'une visite présidentielle la semaine dernière, Marseille a été, comme d'autres villes, le théâtre d'affrontements inédits au cours du week-end.

Ce numéro de votre newsletter d'info locale y sera largement consacré. On ira notamment sur les bancs du palais de justice et on vous expliquera pourquoi la nouvelle d'un décès suite à un tir de flash-ball a mis du temps à paraître dans nos colonnes. Avec comme toujours, plein d'autres morceaux d'actualité à emporter : des indiscrétions à la mairie de Marseille, un procès à Aix-en-Provence et de grands débats entre les lignes de la RTM.

Pointue !, épisode 17, c'est parti !

Lisa Castelly, cheffe de la newsletter

À PICORER

👛 Ça compense. Ce n'est pas un adjoint, mais c'est tout comme. En mai, après la démission forcée de Mathilde Chaboche, l'élu au patrimoine municipal, Éric Méry a repris sa délégation à l'urbanisme à la mairie de Marseille. Mais pas son statut d'adjointe : l'exécutif municipal doit être paritaire, un homme ne peut donc remplacer une femme. Qu'à cela ne tienne, "au regard de l’importance de l’ensemble des attributions" qui lui sont confiées, le maire le propulse conseiller municipal "spécial". Et invite ses camarades adjoints à rogner sur leur indemnité à hauteur d'une soixantaine d'euros chacun, via une délibération présentée demain en conseil municipal. Benoît Payan montre l'exemple, en faisant le double de cet effort, pour garantir à Éric Méry une augmention de 1703,82 euros bruts par mois. C'est beau, l'entraide.

Ça chambre. La venue du pape à Marseille, avec notamment une messe au Vélodrome, inspire Benoît Payan. Le maire, catholique assumé, apprécie l’engagement de François sur les questions migratoires notamment. Ce qui lui a inspiré il y a peu ce commentaire gourmand à destination de ses opposants de droite, chrétiens fervents pour beaucoup : "Il va y avoir des osties amères !".

📧 Ça se désolidarise. Quand c'est trop tôt, c'est trop tôt. Les boîtes mails des militants marseillais du secteur de l'éducation ont été destinataires d’échanges pour le moins “gênants”, diraient les collégiens. Le 30 juin, un premier courriel signé par les collectifs “Marseille contre les MGP” et “REMEDES”  pour “Rénovation des écoles marseillaises écologique, durable, équitable et sociale” annonçait une conférence de presse. Une longue liste de participants y figurait. Avant de voir tomber une suite de réponses de désolidarisation. Quelques heures après l'envoi, la FSU-SNUIPP13 ouvrait le bal, rétorquant que le syndicat n'a “pas validé ce communiqué et n'est donc pas partie prenante de la conférence de presse”. Suivi, après le week-end, par l’association de parents d’élèves MPE13, et enfin, le mardi, par un troisième courriel indiquant lapidairement : “Pareil pour le SE-Unsa”. Pour la coordination, on repassera.

DANS NOS FILETS

À la barre. Alors ces émeutiers, qui sont-ils ? Chez Marsactu comme chez nos confrères d'ailleurs, la réponse pragmatique a vite été : "On le saura aux compa' de lundi". Comprendre, au tribunal, lors des comparutions immédiates des dizaines de personnes interpellées au cours du week-end. Lundi et mardi, la rédaction s'est donc relayée sur les bancs du palais de justice pour assister à ces audiences, qui donnaient chacune un nouvel éclairage sur les événements des derniers jours. Le profil des prévenus a parfois de quoi déconcerter. À se demander dans certains cas si ceux qui comparaissaient là n'étaient pas ceux qui ont couru le moins vite à l'arrivée des forces de l'ordre. Mais c'est un autre aspect qui s'est avéré marquant. Lors des audiences de lundi particulièrement, la sévérité des peines administrées a atteint un niveau inattendu. Un exemple parmi des dizaines d'autres : Souleymane, 21 ans, étudiant en master et casier vierge, est reparti direction les Baumettes pour y purger 10 mois ferme après avoir été arrêté dans la rue en possession de six pantalons Hugo Boss.

Lire notre reportage à l'audience

💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

MAKING OF

Projectile. La rumeur s'est déployée dès dimanche et a pris du corps à partir de lundi : une ou plusieurs personnes auraient été victimes de violences policières lors des émeutes, avec un, voire deux décès. L'équipe de Marsactu se met alors en ordre de marche pour faire le cœur de son métier : vérifier une information. Une information que les autorités n'avaient pas intérêt à voir publiée trop vite, qui plus est. Les alertes se multiplient, venant de sources hospitalières, militantes, informelles. Sans toujours se recouper. Comme à chaque fois, une question nous guide : à quel moment l'information est-elle suffisamment étayée pour être publiée ? Mardi, après de nombreuses relances, le parquet indique en quelques mots l'ouverture d'une enquête concernant le décès d'un homme de 27 ans, "probablement" dû à un tir de flash-ball. Impossible de savoir si le tir émane bien d'un policier, ni son contexte. Nous choisissons de continuer notre travail d'enquête sans publier. D'autres médias font le choix inverse. Mercredi, c'est finalement l'indication par le parquet que l'enquête sera confiée en partie à la police des polices, l'IGPN – confirmant l'implication d'un fonctionnaire dans le tir – qui nous décide à diffuser l'information à notre tour. Ce jeudi, nous faisons le point sur ce qu'on sait, à ce stade, du décès de Mohamed B., mais aussi sur les zones d'ombres restantes. Zones d'ombres sur lesquelles nous continuerons d'enquêter, patiemment, rigoureusement. Quitte à ne pas être les "premiers" dans la course au scoop.

ON Y ÉTAIT

Moderato. Il n'y a pas que les voleurs de pantalons qui ont occupé la justice ces jours-ci. Nous vous parlions dans le numéro 6 de Pointue ! du suivi par Clara Martot Bacry des accusations de harcèlement sexuel au conservatoire d’Aix-en-Provence. Une affaire qu’elle a révélée dans nos colonnes au printemps 2022. Vendredi dernier se tenait le procès de Jean-Philippe Dambreville, le directeur, suspendu suite à une enquête interne depuis un an. L’audience, longue de plusieurs heures, n’aura pas laissé beaucoup de place au doute concernant l’attitude générale du chef d’orchestre. Si une seule femme, salariée du conservatoire, occupait ce jour-là le statut de victime, une série d’autres témoignages sont venus peindre un portrait assez clair du personnage. On a appris quelques jours plus tard qu’il était condamné à 10 mois de prison avec sursis.

Lire notre reportage

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LE CLIN D’ŒIL DE CHARMAG

ÇA SE DISCUTE

"Marseille est une ville où il y a de la vie, la preuve."

Tweet de Vince13008 au sujet de notre article Des cafards mettent à l’arrêt un quart du réseau de bus de la RTM.

LE PLONGEON

Jobber. Les trajets en bus se suivent et ne se ressemblent pas, avec Soly. Dans la dernière chronique qu'il a publié dans Marsactu, notre observateur-poète de la RTM prend de nouveau un malin plaisir à laisser traîner ses oreilles au milieu de ses camarades de bus. Cette fois-ci, ça discute ferme autour des petites mains du trafic. Mais sous deux perspectives bien différentes. Celle de deux "intérimaires" du réseau qui évoquent leur prise de service à venir et de la marge de négo salariale envisageable. Et celle de deux quinquas, dont l'inquiétude de voir le quartier sombrer vire bien vite au complotisme... De quoi nourrir la réflexion toujours piquante de notre chroniqueur.

Lire la chronique

ET AVEC ÇA

BUT. On vous l'avouait à demi-mots dans le numéro 15, la rédaction de Marsactu avait, une fois n'est pas coutume, pris parti. Voilà, on l'a revendiqué : à la HCup, nous, on était derrière La Castellane. On vous avait même raconté leur histoire ici. Un soutien un peu à contre-courant dans ce tournoi inter-quartiers où l'équipe faisait figure d'outsider. "Le but, c’est de pas finir dernier", confiait même le coach avec lucidité. Mais, dans le sillage de notre journaliste experte en ballon, Violette Artaud, on y croyait. Et on a eu raison : La Casté l'a emporté au stade de La Martine dimanche, face à l'équipe du centre-ville (le match est à regarder en intégralité ici). Préparez-vous, à la rentrée, on lance le premier site de paris sportifs de la presse indépendante.

Ce 17e numéro de Pointue ! arrive (déjà) à sa fin. Merci d'être toujours aussi nombreux à nous lire. N'hésitez pas à parler de votre newsletter d'info locale préférée autour de vous !

Si vous souhaitez échanger avec nous, poser une question, revendre des pantalons Hugo Boss : pointue@marsactu.fr)

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