Bonsoir, c'est Pointue !

Notre journaliste Violette Artaud le dit très bien en introduction du nouvel épisode du Bocal : à trois semaines de Noël, la ville a beau s'être parée de ses plus belles lumières, la violence du narcotrafic à Marseille ne s'embarrasse pas de la trêve hivernale. Et, de fait, les colonnes de Marsactu s'emplissent d'articles en lien avec le sujet, de l'arrivée d'un nouveau préfet jusqu'au décès d'un enfant de la Belle de Mai, en passant par l'abandon par les pouvoirs publics des quartiers les plus touchés.

D'autres échéances rythment ce numéro de Pointue. Dans moins d'un mois, le 31 décembre, les résidents à l'année du camping Lou Souleï, à Carry, devront avoir quitté les lieux et la "famille" qu'ils ont composée sur place. Et dans un peu plus de cent jours, nous serons appelés aux urnes pour le premier tour des municipales, après une campagne qui démarre sur le tard, et pas sous les meilleurs auspices.

On vous laisse découvrir tout ça, et plus encore, dans ce 113e épisode de Pointue !

Cynthia Cucchi

À PICORER

📞 Ça réagit. Notre article sur la candidature de Sébastien Delogu (LFI) aux municipales a beaucoup fait réagir… dans les rangs du Printemps marseillais. Tout particulièrement les propos d’un socialiste sur son ancienne camarade Samia Ghali. Après un coup de fil de Yannick Ohanessian, adjoint à la sécurité de Benoît Payan et premier secrétaire du Parti socialiste des Bouches-du-Rhône, demandant l’insertion d’une réaction du PS13 et, si possible, le nom du fautif, c’est Pierre Huguet, adjoint à l’éducation et président du groupe du Printemps Marseillais, qui a décroché son téléphone. Cette fois pour dire tout le bien que la majorité municipale pense de la maire adjointe : "Elle a abattu un travail extraordinaire sur la rénovation urbaine et sur les écoles. Si les Marseillaises et les Marseillais vivent mieux, c’est en partie grâce à [elle]." Amen.

🤐 Ça punit. Peut-on tout dire lorsqu’on est encarté chez Renaissance ? Il faut croire que non. Jean-Philippe Vigneron, militant marseillais et blogueur régulier dans l’agora de Marsactu, vient d’en faire l’amère expérience. Le 30 novembre, il signe, dans notre espace collaboratif, un texte dans lequel il s’émeut de la "porosité croissante avec le RN" de la candidate investie à Marseille, Martine Vassal. Le lendemain, les faits lui donnent raison : la candidate de la droite et du centre ne ferme pas la porte à un accord avec le RN au soir du premier tour des municipales 2026. Avant de rétropédaler fissa devant le tollé provoqué. Jean-Philippe Vigneron, lui, est sèchement sanctionné pour sa prise de position. Pour cette tribune, il est frappé d’une suspension conservatoire, avant une convocation à une audition. Le militant a saisi Gabriel Attal, le président du mouvement, dans un courrier. Il y conteste la procédure, demande la dissolution du bureau de Renaissance à Marseille et le retrait de l’investiture à Martine Vassal.

VÉ !

Pris en flag. Invité sur le plateau de BFM Marseille le 28 novembre dernier, Renaud Muselier s'est notamment exprimé sur le rassemblement en hommage à Mehdi Kessaci. Le président (Renaissance) de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur en a profité pour fustiger ceux qui, parmi les personnalités politiques présentes, "ont oublié qu'il y avait une famille touchée par le deuil et qui veulent absolument être sur la photo". C'est pourtant bien lui, "collé à la famille" Kessaci, que l'on voit distinctement sur le cliché de notre collaborateur Guillaume Origani. Faisant fi du "respect pour la souffrance" qu'il réclamera à cor et à cri quelques jours plus tard.

DANS NOS FILETS

Timing préfet. Il a débarqué en pleine tempête. Quelques jours avant sa nomination par décret présidentiel, le jeune Mehdi Kessaci, frère du militant engagé contre le narcobanditisme Amine Kessaci, était assassiné en plein jour à Marseille, suscitant un émoi national. L'arrivée de Jacques Witkowski en tant que nouveau préfet de région (et de police) constitue d'ailleurs une première réponse de l'État face à ce qu'il perçoit comme un défi lancé à son autorité. Sur le papier, le sexagénaire présente des états de service utiles pour répondre à sa mission : formé à Saint-Cyr, ancien officier de gendarmerie, il a notamment été préfet de Seine-Saint-Denis durant trois ans. Mais le haut fonctionnaire s'est aussi illustré par des prises de position ou d'initiative ultra-sécuritaires et hostiles à l'immigration. Ce qui lui a valu les félicitations de l'ancien ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, et l'inscrit assurément dans la (très) droite ligne de son prédécesseur, Georges-François Leclerc.

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💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

LE SUIVI

Rase campagne. J-101. Le 15 mars prochain, les Marseillais seront appelés aux urnes pour le premier tour du scrutin municipal. La campagne électorale, elle, démarre à peine, mais elle se mène déjà sur tous les fronts. À gauche, le "candidat naturel" de La France insoumise, Sébastien Delogu, fait grincer des dents au sein du Printemps marseillais, que le député des quartiers Nord ne manque jamais de blâmer. Mais aussi chez certains partenaires de LFI, qui l'estiment trop "clivant", voire dans les rangs de son propre parti. À droite, et même si elle a été investie par Les Républicains, Horizons et Renaissance, Martine Vassal ne fait pas l'unanimité non plus. D'autant que la présidente des conseils départemental et métropolitain s'est pris les pieds dans le tapis en laissant planer le doute, au cours d'une interview accordée à Sud Radio, sur une alliance possible avec le RN au second tour des municipales. Et à l'extrême droite, forcément, le candidat Allisio boit du petit-lait.

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MAKING OF

Décharge sociale. "La lutte contre le narcotrafic ne peut pas être seulement répressive. Elle doit s'accompagner d'un réinvestissement dans les services publics, en particulier dans les quartiers les plus touchés." Ainsi Martine Vassal réagissait-elle, par communiqué de presse, à l'assassinat de Mehdi Kessaci, deux jours avant le rassemblement en hommage au jeune homme, lors duquel elle a réitéré ses propos. Vantant au passage "l'action menée aux Flamants" par le département, qu'elle préside. Pourtant, tout est loin d'être rose aux Flamants, comme l'explique Zoé Cottin au micro de Violette Artaud. Ainsi que dans tous les quartiers en proie au narcotrafic, auxquels les institutions n'apportent pas de réponse satisfaisante. Car l'État n'est bien sûr pas en reste, comme a pu le constater Coralie Bonnefoy. Pour ce nouvel épisode du Bocal, notre corédactrice en chef revient sur les prises de parole "inaudibles" des représentants du gouvernement, venus à plusieurs reprises s'enorgueillir de leur politique en la matière, tandis que les moyens alloués aux acteurs sociaux ne cessent de s'amenuiser. Ce qu'elle n'a pas manqué d'observer sur le terrain, au cours des nombreuses enquêtes qu'elle a menées aux côtés de Clara Martot Bacry et Benoît Gilles, et qui prennent aujourd'hui la forme d'un livre, Marseille sous emprise.

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ÇA SE DISCUTE

"C'est le calendrier de l'Avent de Martine-la-Magnifique : chaque jour, une nouvelle bourde…"

Commentaire de Jean Dubois sur Facebook, au sujet des finances dans le rouge du département des Bouches-du-Rhône, dirigé par Martine Vassal, qui connaît des débuts de campagne difficiles.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Camping paradis perdu. Pour beaucoup d'entre nous, le camping est synonyme de vacances et d'insouciance. Mais pour la quarantaine de résidents à l'année de Lou Souleï, à Carry-le-Rouet, le camping représente tout autre chose, comme le raconte notre journaliste Violette Artaud dans un récit doux-amer. Leur chez-eux, pour commencer, un endroit où, par choix ou nécessité, ils se sont posés, investis, construits ou reconstruits. Surtout, un lieu qui s'est bâti sur "la solidarité, la convivialité, comme une grande famille", ainsi que le décrit l'un des habitants, qui se remémore, avec tous les autres, les bons moments passés ensemble pendant de longues années. Mais aujourd'hui, fini de rire : les derniers résidents annuels de Lou Souleï sont priés de plier bagage d'ici au 31 décembre. Ainsi en a décidé le nouveau propriétaire du camping, Homair Vacances, qui fait figure de Goliath dans cette affaire. Nos David tentent, eux, tant bien que mal de résister pour conserver leur mode de vie si particulier. Mais sans soutien de la commune. Et quitte à se tourner vers l'extrême droite.

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ET AVEC ÇA

Exploitation agricole. C'était un jeudi, le 7 juillet 2011, à Maillane, petite commune des Bouches-du-Rhône. Ce jour-là, sous une chaleur caniculaire, un homme s'écroule dans un champ de melons. Il décèdera quatre jours plus tard, à l'hôpital d'Avignon. Il s'appelait Elio Maldonado, il avait 32 ans. Originaire d'Équateur, le jeune homme était ce qu'on appelle un travailleur "détaché". Le drame qui l'a touché constitue le point de départ de l'enquête menée sur cette forme de servage moderne par Hélène Servel dans le dernier numéro de La Revue dessinée. Spécialiste du sujet, qu'elle a notamment traité pour Marsactu, la journaliste revient sur le drame, les conditions indignes dans lesquelles travaillent et vivent ces "exploités agricoles", ainsi que sur le procès de l'entreprise Terra Fecundis en 2021 pour exécution de travail dissimulé et marchandage de main-d'œuvre illégale, le tout en bande organisée. Ici, son patient travail est magistralement mis en dessins par Lilian Coquillaud, lequel donne plus de relief encore à ce récit saisissant.

Pointue, 113e numéro, c'est fini pour aujourd'hui ! On vous donne rendez-vous jeudi prochain, même heure, même boîte mail, pour un nouveau concentré d'actus locales, à la sauce Marsactu.

En attendant, pour toute question ou info, écrivez à pointue@marsactu.fr. Et pour recevoir Marseille sous emprise en avant-première, c'est par ici.

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