Bonjour, c'est Pointue !

C'est une première pour Marsactu : notre média est attaqué en justice. S'estimant diffamé par nos enquêtes sur sa pratique chirurgicale, Michel Assor nous réclame, ainsi qu'à Mediapart, qui avait repris les articles, 600 000 euros de dommages et intérêts. Un montant astronomique, synonyme de mort pour le journal. Et si, il y a quelques semaines, le tribunal a annulé la procédure engagée, Michel Assor a décidé de faire appel. Pour faire face et assurer notre droit d'informer, nous faisons donc appel à nos lecteurs.

Car sans Marsactu, vous n'auriez pas su que la Ville de Trets utilise un dispositif de vidéosurveillance algorithmique interdit par la loi. Ou que FO tente de contester l'omnipotence de la CGT sur le port de Marseille. Vous ne suivriez sans doute pas non plus le feuilleton de la ligne THT qui agite le golfe de Fos. Et vous n'auriez certainement pas fait la connaissance de l'énigmatique Monique, papesse du tatouage dans les années 80.

Alors n'attendons plus, et plongeons dans ce 94e épisode de Pointue !

Cynthia Cucchi

À PICORER

👻 Ça sèche. L'absence de Benoît Payan aux célébrations des trente ans d'Euroméditerranée a été peu appréciée à droite, alors que le préfet de région Georges-François Leclerc, la présidente de la métropole et du département, Martine Vassal, et le président de région Renaud Muselier avaient fait le déplacement. "On me dit qu'il était à Paris pour suivre le vote de la loi PLM par le Sénat, peste une conseillère départementale LR. On aurait pu lui dire que la droite allait la rejeter. En tout cas, si c'est le signe que la campagne a commencé, c'est un signe bien faible."

🏚️ Ça s'affiche. Au recueil des actes administratifs de la mairie, on peut lire une rareté. La Ville y publie un arrêté concernant le 15 rue Roquefavour, une petite maison de Notre-Dame-Limite (15e). La municipalité y prescrit un périmètre de sécurité en raison de la "destructuration de la charpente en bois d'un auvent" avec risque de chute de matériaux. La bâtisse elle-même est interdite d'occupation. L'arrêté indique le nom du propriétaire qui doit réaliser ces travaux. Or, il s'agit de la Ville elle-même. Joint par Marsactu, l'adjoint à l'urbanisme Éric Méry, qui a également compétence sur le patrimoine municipal, indique que ce bien n'est plus inscrit dans l'inventaire de la Ville. "Il doit être rétrocédé à une association", indique-t-il. Mais qui paiera les travaux ?

💼 Ça débarque. Après des mois de difficultés internes, la métropole a trouvé un nouveau profil pour piloter la Soleam, la société publique locale d'aménagement (SPL), filiale de l'institution intercommunale. Il s'agit de Paul Colombani, directeur général adjoint d'Euroméditerranée durant de longues années. Il était candidat au poste de directeur général à la suite d'Hugues Parant, mais Aurélie Cousi avait été choisie pour succéder à l'ancien préfet. Ce spécialiste de l'aménagement prend la tête d'une société secouée par une guerre intestine entre deux directeurs, désormais débarqués. Il devra piloter l'intégration de la Soleam au sein d'une nouvelle entité, née de la fusion avec les autres SPL de la métropole.

DANS NOS FILETS

IA rien, là ? "Sans erreur et sans intelligence artificielle". Ainsi la start-up Vizzia qualifie-t-elle son logiciel de vidéosurveillance, à la fois sur la page d'accueil de son site internet et par la voix de son cofondateur Alexandre Leboucher. C'est pourtant sous le terme de vidéosurveillance algorithmique que son produit a été vendu à la Ville de Trets. En dehors de tout cadre légal, la CNIL interdisant l'usage de ces IA répressives. La petite commune de 11 000 habitants n'en fait cependant pas mystère, invoquant un "flou juridique" autour de la mise en place de ce dispositif destiné à endiguer le fléau des dépôts sauvages de déchets sur son territoire. En début d'année, elle s'est même félicitée d'avoir enclenché plus de 70 procédures administratives et pénales, ainsi que 35 amendes administratives grâce au produit Vizzia. Justifiant ainsi la coûteuse acquisition de quatre caméras pour près de 120 000 euros auprès de l'entreprise en 2024. Un marché conclu sans publicité ni mise en concurrence préalables.

Lire l'article →

💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

ON A CREUSÉ

Tensions sur la ligne. Depuis 2023 et l'annonce par l'État de son intention de construire une ligne électrique aérienne à très haute tension de 60 kilomètres entre le Gard et les Bouches-du-Rhône afin d'alimenter les projets industriels très énergivores de "Fos en grand", riverains et associations environnementales sont vent debout. Et ils ne se contentent pas de manifester leur opposition en participant massivement aux concertations publiques relatives au sujet, ils proposent des alternatives. À l'instar du collectif THT 13/30, qui préconise d'enterrer la ligne en courant continu le long des digues du Rhône. Une tierce expertise, commandée par l'ancien préfet de région Christophe Mirmand, vient de juger cette solution pertinente, même si elle privilégie celle de RTE, moins coûteuse et, surtout, plus rapide à mettre en place. Lors d'une réunion publique à Arles, les opposants au projet ont montré qu'ils étaient prêts à en découdre. Sans doute la raison pour laquelle le nouveau préfet Georges-François Leclerc a tenu à préciser que "rien n'est acté".

Lire l'article →

Partagez cette newsletter !

Pointue ! et Marsactu n'existent que grâce à celles et ceux qui les lisent. Si ce numéro vous plaît, parlez-en autour de vous grâce aux icônes ci-dessous.

MAKING OF

Porte-à-FO. Cela fait soixante-dix ans que ça dure : à la mainmise de la CGT sur le port répond l'ascendant de Force ouvrière sur l'appareil municipal marseillais. Une situation héritée de l'après-guerre, période à laquelle FO — le nom usuel de la CGT-FO — se sépare de sa grande sœur. Mais, depuis quelque temps, l'union départementale FO lorgne du côté des quais de la Joliette, ambitionnant de siéger au très stratégique conseil de développement du Grand port maritime de Marseille. À l'automne dernier, le préfet Christophe Mirmand venait même appuyer cette demande. Avant que son successeur depuis janvier, Georges-François Leclerc, ne fasse machine arrière. C'est donc à la justice que s'en est remis le syndicat, qui a obtenu une première victoire ce mercredi avec la suspension de l'arrêté préfectoral.

Lire l'article →

ÇA SE DISCUTE

"Ils ne sont pas si nombreux que ça au PS pour pouvoir faire de l’entrisme chez EELV."

Commentaire de Charles Albert, au sujet des écolos marseillais, qui accusent le maire PS Benoît Payan de vouloir mettre la main sur leur parti.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

L'aiguille du Midi. Pendant des semaines, son prénom a circulé au sein de la rédaction. Et au fil des jours, le mystère s'épaississait. Monique, pionnière du tatouage à Marseille, ne cessait de se dérober aux tentatives d'approche de Violette Artaud. Pour percer cette énigme, notre journaliste a donc dû emprunter des chemins de traverse. Et partir sur les traces laissées çà et là par celle que d'aucuns qualifient de "marraine des petits punks de Marseille". Des archives présentées dans l'exposition Tatouage – Histoires de la Méditerranée, dont elle est l'une des "héroïnes", au témoignage de ceux qui sont passés entre ses mains, jusqu'à sa fille Orianne, qui a vécu une enfance "bercée par le doux ronron du dermographe et de l’appareil à ultrasons", on remonte le fil d'une histoire singulière. Celle d'une artiste de l'aiguille et, en creux, celle de sa ville, qui a fait du tatouage un art de vivre.

Lire l'article →

ET AVEC ÇA

Bonne pâte. Cette semaine, Marsactu a traversé l'Atlantique ! Et pas de n'importe quelle manière, puisque notre journal est cité par le très classe New Yorker. Le magazine américain, reconnaissable à ses superbes couvertures illustrées, s'intéresse à El Mordjene, se demandant "comment une pâte à tartiner aux noisettes est devenue un point d'achoppement dans les relations franco-algériennes". Et dans ce très long article, qui convoque aussi bien "le retour au bled" (en français dans le texte) qu'une très sérieuse exposition consacrée au Nutella, Clara Martot Bacry est mentionnée à de nombreuses reprises. En début d'année, notre foodista maison avait mis la main sur une contrefaçon turque du tartinable algérien, devenu viral l'été dernier avant d'être interdit en France. C'est donc en qualité d'experte en la matière que "Bacry" apparaît dans le texte de Lauren Collins qui, faute de visa pour s'approvisionner à la source, s'est rendue à Marseille, "la plus algérienne des villes françaises", afin de goûter — enfin — au produit défendu.

Pointue, saison 3, épisode 33, c'est fini pour aujourd'hui. On se retrouve la semaine prochaine, même heure, même boîte mail, pour de nouvelles enquêtes en toute indépendance.

D'ici là, pour toute question ou info, écrivez à pointue@marsactu.fr.

Rejoignez Marsactu sur les réseaux sociaux !

Cette newsletter vous est proposée par :

9, rue Euthymènes, 13001 Marseille
Lire en ligne - Se désabonner

Ne plus recevoir aucun mail de Marsactu (si vous êtes abonné.e cela peut bloquer des envois importants) : cliquez ici (attention, vous serez désinscrit au clic sans demande de confirmation).