Pointue bonjour !

📖 Ça dit les noms. Ce jeudi après-midi à la Major, les discours se sont succédés pour saluer l’ancien maire. Sans jamais perdre de vue la politique, ses enjeux, mais aussi ses petites rancœurs. Ainsi, dans un long hommage qui a suscité rires et applaudissements dans la cathédrale, Yves Moraine, conseiller municipal LR et gaudiniste pur jus, a décoché une flèche subtile, mais sans ambiguïté envers ceux qui, selon les mots du défunt “se sont planqués sous la banquise du Vieux-Port” dans les temps de difficultés. De qui parlait-il ? Dans la liste des amis fidèles qu’il a cités (“Les Dominique, Roland, Jean, Philippe, Laure-Agnès, Julien, Monique…”) on peut déjà noter l’absence de deux dauphins qui ont parfois pris leurs distances avec le patriarche, et siègent, par exemple, à la tête du département ou de la région.

📷 Ça énerve. "Cette photo est piquée je ne sais où sur Internet. C’est illégal. Mais en plus, elle est détournée à des fins politiques. Et ça je ne peux pas l’accepter." Le 16 mai, le photographe de presse Théo Giacometti découvre avec colère l’un de ses clichés de Benoît Payan utilisé par le groupe d’opposition de droite Une volonté pour Marseille. Elle est postée sur les réseaux sociaux assortie d’un montage, particulièrement douteux, de propos du maire de Marseille lors de son déplacement en Algérie. Dans les jours qui suivent, le photographe a formulé au groupe plusieurs demandes "de suppression des posts Facebook, Twitter et autres" restées lettre morte. "En réponse, ils ont préféré me bloquer sur Twitter !", n’en revient-il toujours pas. Le photographe se réserve le droit de saisir une société juridique d’auteur pour obtenir gain de cause. D’ici là, il a envoyé une facture aux élus. On attend de voir si Catherine Pila – présidente du groupe – va dégainer le chéquier.

Bilan. Difficile exercice que de s’interroger sur l’héritage politique d’un élu éloigné du pouvoir depuis quatre ans. Et pourtant, sur ces 25 ans de gaudinisme, il y a de quoi dire. À l’annonce de son décès, la rédaction s’est donc retroussée les manches pour offrir aux lecteurs les clés nécessaires dans le flot des hommages. Cela passe par une nécrologie (la première de l’histoire de Marsactu) écrite par Coralie Bonnefoy, mais aussi par un article fouillé qui interroge l’empreinte laissée par Jean-Claude Gaudin sur Marseille : rénovations urbanistiques, institutionnelles, mais aussi fractures sociales toujours plus fortes et services municipaux en déshérence. Si une bonne partie de nos archives racontent déjà ces constats, Benoît Gilles s’est essayé à une synthèse posthume.

💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

Rognacologie. La commune de Rognac n'a pas fini de trembler après les révélations parues dans Marsactu, il y a dix jours. Il y a une semaine se tenait un conseil municipal express où la maire a réfuté en bloc nos révélations sur son usage des deniers publics. Mais ce mardi, nous annoncions qu'une agente de la mairie rognacaise a transmis des documents à la justice et demande à obtenir le statut de lanceuse d'alerte pour être protégée de toutes représailles de la part de son employeur. Coralie Bonnefoy poursuit l'enquête et vous raconte ce nouveau développement, en détails, ici.

Rendez-vous. L'automne de la droite locale sera judiciaire. Procès de la rue d'Aubagne en novembre pour Julien Ruas et auparavant en septembre le procès des procurations, mais aussi... celui de Sylvie Carrega et de son époux. Adjointe aux affaires sociales du dernier mandat Gaudin et toujours conseillère municipale d'opposition, l'élue des 11/12 comparaîtra pour recel d’escroquerie, faux et usage de faux. Les faits avaient été révélés par Marsactu en 2021 : un militant accuse le couple d'avoir abusé de sa fragilité pour lui faire souscrire des crédits à la consommation en lui promettant des remboursements qui se sont rapidement taris. En tout, l'homme aurait emprunté 52 000 euros à leur demande. 

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Rotatives. Il y a des départs plus discrets que d'autres. Rue Jean-de-Bernardy, l'imprimerie La Platine met la clé sous la porte. Si notre journaliste Alexia Conrath a pris le temps de raconter son histoire, c'est parce qu'il s'agissait de la dernière imprimerie traditionnelle de la Marseille. Une imprimerie "libre" même, qui alliait services pour le quartier et tirages de haute qualité pour VIP et artistes. Pour Marsactu, sa fondatrice raconte ce savoir-faire et cette passion désormais prêts à tomber dans l'oubli.

Ciné. Pour celles et ceux qui pourraient être nostalgiques ou avoir tout simplement quelques trains à rattraper, on ne peut que chaudement vous recommander de voir ou revoir le documentaire du journaliste Gilles Rof sorti en 2019. Entre analyses et témoignages riches, ce récit de 52 minutes posait les contours, juste avant son départ de la mairie, de ce qu’il resterait de l’héritage Gaudin. Pour pousser la soirée ciné-club plus loin, on pourra aussi se procurer "Système G", un autre documentaire signé par un trio de journalistes marseillais, sur les rouages de l'exercice du pouvoir "à la marseillaise".

Pointue ! numéro 54, vous êtes arrivés au bout ! Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro, avec peut-être un peu moins de nécrologie, et toujours autant d'enquêtes et de décryptages.

D'ici là, pour vos questions, infos à transmettre ou éloges funèbres à faire paraître, écrivez à pointue@marsactu.fr.