Bonjour, c'est Pointue !

Il y a plein de manières de raconter une ville. Marsactu le fait à sa façon, l'indépendance chevillée au corps et en suivant l'actualité, donc en se focalisant principalement sur ce qui dysfonctionne. À commencer par les errements de la classe politique locale. Depuis quelques jours, les Verts marseillais en voient de toutes les couleurs, et se sont ainsi invités à la une de notre média à plusieurs reprises. Quant à l'ex-adjoint (LR) de Jean-Claude Gaudin José Allegrini, on vous révèle qu'il est visé par une enquête pour agression sexuelle. Raconter une ville, c'est aussi en saisir les mouvements : les arrivées, les départs — comme celui de la fondation Planque qui quitte le musée Granet d'Aix — et les entre-deux, à l'instar de la prochaine renaissance des artistes des 8 Pillards dans leur quartier de Bon Secours.

Et, parfois, raconter une ville, c'est explorer ses recoins, surtout ceux qu'on ne connaît pas forcément, c'est trouver un trésor sans même savoir ce que l'on cherchait. C'est ce qu'a fait notre collègue Clara Martot Bacry pour le nouveau numéro de la revue Invendable, consacré à Marseille, et dont on vous invite à venir fêter la sortie avec nous, ce vendredi.

Pour patienter, on vous laisse à la lecture de ce 106e numéro de Pointue.

Cynthia Cucchi

À PICORER

💰 Ça braque. Ragaillardi par son prix d'homme politique de l'année en Paca du Trombinoscope, Renaud Muselier (Renaissance) était guilleret lors du repas de presse préparatoire à la séance du conseil régional. Il a expliqué comment il avait fait son beurre budgétaire sur les changements successifs de gouvernement. "Avec Élisabeth Borne, j'ai tout obtenu : le financement des JO, le contrat de plan État/Région. Arrive Attal qui est contre les JO et me le fait savoir. Du coup, il ne signe pas, mais compense en m'accordant des financements en plus pour la Ligne nouvelle Provence Côte d'Azur. Il saute et arrive Michel Barnier, qui est le président du comité de soutien des JO 2030. Du coup, il signe et j'obtiens la garantie de l'État. Puis il saute et arrive Bayrou, qui me fait le sale coup de la loi PLM et veut me sucrer la LNPCA. Mais là, je dis, tu peux pas, j'ai les JO. Résultat, il vient et signe tout : le financement du ferroviaire et les JO." Et quand on lui demande ce qu'il pense de l'instabilité gouvernementale au plan national, il répond, rigolard : "Un désastre."

🤸 Ça fait le grand écart. À l'ordre du jour de la commission permanente, l'assemblée départementale examine des dossiers qui n'ont pas la lumière de la séance publique. Et la liste des délibérations provoque parfois des touche-touche étonnants. Ainsi, les archives départementales accueillent dans le même temps deux fonds d'archives privées, diamétralement opposés sur le plan politique comme historique. L'élue à la culture, Nicole Joulia, entérine l'arrivée du fonds privé de l'historien Robert Mencherini, grand spécialiste de la Résistance et du mouvement ouvrier en Provence. Le second fonds à être intégré aux Archives est celui de l'Union royaliste de Provence, bras politique du mouvement légitimiste dans le sud de la France. Le jour du dépôt, il ne faudra pas s'emmêler dans les liasses.

🥷 Ça attaque sous X. Toujours à l'ordre du jour du conseil départemental, mais cette fois-ci en séance publique, on trouve une délibération assez classique dans laquelle Véronique Miquelly, conseillère départementale chargée des ressources humaines et de l'administration générale, fait le point sur les décisions d'ester en justice de l'institution. Jointe à la délibération, une longue liste d'affaires judiciaires. Des citoyens présentés par leur prénom suivi d'un X attaquent le département pour des raisons très diverses, du refus de l'octroi du RSA à un dos d'âne non conforme. Et dans cette longue liste de prénoms, surgissent deux patronymes qui sonnent moins anonymes : un certain Erwan X y conteste son licenciement et une certaine Nora X attaque une série de délibérations. Derrière les X, deux affaires qui secouent l'institution : l'ancien directeur des relations internationales à l'origine d'une enquête préliminaire sur le département pour des faits présumés de corruption et Nora Preziosi, qui n'a pas apprécié son départ forcé de 13 Habitat.

DANS NOS FILETS

Enquête de vérité. "Pénaliste de renom" et ancien bâtonnier de Marseille, José Allegrini connaît parfaitement les arcanes judiciaires de la ville. Voilà pourquoi l'enquête pour agression sexuelle qui le vise a été dépaysée à Aix. À deux jours près, d'enquête, il n'y en aurait pas eu, prescription des faits oblige. Mais la plaignante s'est refusée à "être éternellement la fille qui n’a rien fait". À Marsactu, la quadragénaire raconte ce qu'elle a vécu, le jour même, mais aussi les semaines, les mois, les années qui ont suivi : malaises, crises d'angoisse, prise d'antidépresseurs... En garde à vue, celui qui fut aussi l'adjoint de Jean-Claude Gaudin a reconnu un comportement inapproprié, sans confirmer dans le détail les faits reprochés. Il s'est en revanche bien gardé de réagir au témoignage d'une autre victime présumée qui, s'il concerne des faits beaucoup plus anciens et donc prescrits, vient forcément colorer le dossier. En cas de renvoi devant un tribunal correctionnel, l’avocat risquerait jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

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💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

LE SUIVI

Coups de théâtre. Si, au niveau national, les troupes macronistes nous offrent un (mauvais) remake du film Un jour sans fin, à l'échelon local, ce sont les Écologistes qui s'appliquent à rejouer invariablement la même scène. Comme à l'approche de chaque scrutin municipal, les écolos marseillais se déchirent sur fond d’accusations d’irrégularités, ainsi que le relate Coralie Bonnefoy. Côté face, on affiche une volonté commune de faire "l'union des gauches" prônée par les instances nationales du parti. Mais, côté pile, on se balance des vacheries à la veille d'une assemblée générale déterminante pour les municipales à venir. Pour conclure son papier, notre corédactrice en chef prédit d’autres actes à ce psychodrame chez les Verts. Il ne faudra pas attendre plus d'une journée avant un nouveau coup de théâtre. Mercredi, on apprenait en effet que le tout nouveau chef de file des Écologistes marseillais, Hassen Hammou, est convoqué au tribunal pour "corruption de mineur", et s'est immédiatement mis en retrait. La suite au prochain épisode.

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ON A CREUSÉ

Fonds perdu. C'est en recourant à un délectable zeugma que notre journaliste Marie Lagache annonce que la fondation Planque s'apprête à quitter Aix "avec tristesse et 300 œuvres". Parmi lesquelles une quinzaine de Pablo Picasso et deux aquarelles de Paul Cézanne. Ce dernier est justement le sujet d'une interrogation au sein du fonds privé suisse, où l'on regrette, au-delà de ce départ contraint, ne pas avoir été intégré plus fortement à l'année Cézanne 2025. Du côté de la Ville d'Aix-en-Provence, à laquelle revient la décision de ne pas renouveler la convention avec la fondation, on ne fait pas vraiment dans le sentiment : "quinze ans de collaboration, ça crée des liens", certes, mais "c’est bien de montrer d’autres choses aux Aixois, de renouveler les propositions culturelles". Qui comblera le vide laissé par la fondation Planque à la chapelle des Pénitents Blancs ? Le conservateur du musée Granet assure avoir "un certain nombre de pistes". À suivre, donc.

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VÉ !

Verts solitaires. Si, comme le veut l'adage chinois, "une image vaut mille mots", que dire de cette analyse de notre une par la Nouvelle société savante de Marseillologie ? Les Écolos marseillais semblent en effet avoir du mal à se rassembler, ainsi qu'à fixer un seul et même cap. Et pas seulement pour la photo...

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Le grand 8. La dernière fois qu'on les a vus, les artistes des 8 Pillards ne cachaient pas leur déception, ni leur inquiétude quant à leur avenir. Ils venaient de recevoir un courrier actant leur départ définitif de l'ancienne usine qu'ils occupaient depuis 2019 dans le quartier de Bon Secours, et qu'ils avaient peu à peu modelée à leur manière, et au gré de leurs moyens. Près d'un an plus tard, on les retrouve à quelques encablures de là, devant leur nouveau foyer : un hôpital de jour à l'abandon, dans lequel il faut faire preuve d'imagination pour se projeter. Mais de l'imagination, le collectif d'artistes n'en manque pas. Il lui aura fallu en revanche consentir à un énorme sacrifice pour s'installer ici : parmi les 150 membres répartis en quinze associations qui faisaient vivre la friche Pillard, seuls trente membres de sept structures feront partie de cette nouvelle aventure. En attendant, le grand entrepôt de la rue des Frères Cubeddu connaît ses derniers souffles artistiques. Gageons qu'ils trouveront un écho dans le futur repaire des 8 Pillards.

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ET AVEC ÇA

Chemins de traversée. Ça s'intitule Mirage sud, mais ça aurait tout aussi bien pu s'appeler On dirait Marseille. Vous avez pu en lire quelques extraits dans Marsactu, dans le cadre de notre série d'été La traversée. Et pour cause, le nouveau numéro de la revue Invendable a été (quasi) intégralement réalisé par Clara Martot Bacry. Rapport à la nature des jeunes de la Cayolle, passage à la gare, de nuit, avec celles et ceux qui ne voyagent pas, concert comorien et fête dans les beaux quartiers, incursions de la décriée Castellane à la délaissée Capelette... notre journaliste a arpenté la ville dans ses interstices, entre ses "frontières invisibles", afin de la raconter telle qu'on ne nous la montre jamais. Pour fêter la parution de ce numéro, dont Marsactu est partenaire, on vous donne rendez-vous ce vendredi 17 à partir de 19 h au Chat Perché, rue Pastoret (6e).

Pointue, saison 4, épisode 7, c'est fini pour aujourd'hui ! On espère que ça vous a plu et vous voir, en vrai, ce vendredi au Chat Perché. Sinon, rendez-vous jeudi prochain, même heure, même boîte mail, pour de nouveaux récits de ville, sauce Marsactu.

D'ici là, pour toute question ou info, écrivez à pointue@marsactu.fr.

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