Bonsoir, ici Pointue !

Les décos de Noël font briller le Vieux-Port, les chalets ont envahi la Canebière et les calendriers de l'avent sont déjà bien amochés, pas de doute, la pente douce vers les fêtes de fin d'année démarre. Dernier conseil métropolitain ce jeudi, dernier conseil municipal à Aix et Marseille la semaine suivante, côté politiques aussi, on prépare son bouclage.

Mais pour l'heure, l'actu ne désemplit pas et les colonnes de Marsactu non plus, avec cette semaine dans votre newsletter les combines d'un agent de la préfecture décortiquées par la justice, un projet de rénovation urbaine sur la brèche et un autre immortalisé en noir et blanc.

⚰️ Ça filtre. Il y a des rancunes tenaces. La semaine dernière, la ville d’Aix-en-Provence apprenait le décès de son premier adjoint Gérard Bramoullé. Mais les larmes n’ont pas fait disparaître les tensions politiques. Lors des obsèques, ce mardi, l’ancienne maire Maryse Joissains a rappelé leur combat commun contre la “monstropole”. “Gérard aurait aimé que je dise ça”, a-t-elle revendiqué devant le cercueil de son ami. Une cérémonie tellement politique que, selon nos informations, la présidente de la métropole, Martine Vassal, a été priée par les proches du défunt, qui était vice-président de l’intercommunalité, de rester chez elle. Chez les Aixois, pas de trêve possible.

🗑️ Ça s'engatse. La métropole, décidément un espace de paix et d’amour, et surtout, de haute tenue. Lors de l’assemblée plénière, ce jeudi après-midi, le maire des 2/3, Anthony Krehmeier (PS), qui siège dans l’opposition métropolitaine, appelait à “un débat sur la qualité du service rendu” en matière de ramassage des déchets. En introduction de sa réponse, le vice-président chargé de ces questions et maire LR de Chateauneuf-les-Martigues, Roland Mouren, a choisi de répondre par l’invective, en saluant d’abord “monsieur crémaillère”. Avant d'en remettre une couche, “vous voulez même me porter les poubelles chez moi à Chateauneuf (...) prenez-les suffisamment grand, quoiqu’il n’y a pas besoin pour que je vous y mette dedans”. Rires et huées dans la salle. Un niveau politique épatant.

📜 Ça écrit beaucoup. Le maire de Sausset, Maxime Marchand (divers-écologiste), convoqué en correctionnelle lundi 4 décembre, attendra finalement quelques mois supplémentaires pour être jugé dans une affaire de harcèlement contre une employée municipale. Dans un élan de défense tardif, l’élu a déposé via son avocat, quelques jours avant l’audience, pas moins de 300 pages de pièces supplémentaires. Une littérature que toutes les parties devront donc potasser d’ici au 2 septembre.

Dessous de table. Abdalla I. tirait "sur la corde sensible". Il avait par exemple convaincu Raja D., sa collègue, de falsifier le dossier "d’un homme qui allait être renvoyé en Espagne alors que sa famille est là". "Comme je suis moi-même mère célibataire, je me suis sentie concernée", souffle l'ancienne employée de la préfecture, plus de trois ans après les faits. Mercredi, Clara Martot Bacry a assisté à la première journée d’audience d’un procès qui met au jour la combine ficelée par Abdalla I., aidé à quelques reprises par sa collègue, pour falsifier les dossiers de demandeurs d’asile contre de l’argent. Les échanges à la barre racontent les dessous de ce système de corruption. Mais ils illustrent aussi le dénuement du service de l’État chargé de l’asile à Marseille où Abdalla I. avait pu devenir “un personnage central” sans que personne ne remarque son business.

💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

En chantier. Ce qui est pratique avec le numérique, c'est qu'on peut publier un journal tous les jours sans que les lecteurs ne devinent que les bureaux de la rédaction sont couverts de poussière de chantier. Depuis quelques semaines, Marsactu "pousse les murs" pour accueillir une équipe qui grandit toujours plus (trois nouvelles recrues depuis septembre !). Les locaux que nous occupons à côté du Vieux-Port depuis 2017 étaient devenus étroits, mais on a trouvé la solution magique en cassant un mur pour gagner une pièce supplémentaire. Les contreparties de cette nouveauté, c'est un grand rangement général (y avait du boulot), un peu de télétravail, des bruits de perceuse et une légère odeur de peinture. Le contexte parfait pour accueillir notre première stagiaire de 3e de l'année, qui a ainsi pu découvrir comment travaille une rédaction à distance (lire son blog). Ce chantier nous a aussi inspirés pour notre campagne de dons de fin d'année, où l'on vous suggère de soutenir la croissance de votre journal.

Ardoise magique. Après une première vague de cités reliftées, la lourde machine de la rénovation urbaine poursuit sa lente marche vers de nouveaux chantiers marseillais. Prochains projets à boucler sur la liste, la Castellane, la Bricarde, Saint-Barthélémy-Malpassé, Kalliste et la Solidarité, la Savine et... Air-Bel. À moins que, pour la cité des quartiers Est, l'ouvrage ne retourne sur le métier. Après une réunion de concertation houleuse avec les habitants en novembre, la maire-adjointe Samia Ghali a évoqué "la possibilité de tout remettre à plat". Une annonce qui donne des sueurs froides à tous les autres acteurs du dossier, à commencer par l'État, qui doit verser 60 millions sur un budget total de 160 millions d'euros pour ce chantier. "Si ces crédits ne sont pas engagés avant 2026, ils seront perdus", prévient le préfet délégué pour l'égalité des chances. Tic tac, tic tac.

Pointue ! et Marsactu n'existent que grâce à celles et ceux qui les lisent. Si ce numéro vous plaît, parlez-en autour de vous grâce aux icônes ci-dessous.

[Silence]. Jusque dans Pointue ! (voir plus haut), c'est une des figures imposées associées à la rénovation urbaine. Une tour qu'on fait tomber, minutieusement déconstruite par des grues incarnant le changement qui vient et la fin d'une époque. Le photographe Étienne de Villars s'est appliqué à documenter la vie de la cité Kalliste, dans le 15ᵉ arrondissement, à l'heure des grandes manœuvres grâce à de sensibles images en noir et blanc. Quand les barres d'immeubles que l'on a toujours connues, aussi insalubres soient-elles, disparaissent que reste-t-il, et qui reste-t-il pour en parler ? "J’ai réalisé ce que cela pouvait être de voir son habitat disparaître, être grignoté. C’était à la fois extrêmement violent et silencieux", confie le photographe.    

Bougie. Il n’y a pas que Marsactu qui grandit. Nos amis du Mediavivant, viennent de fêter un an d’enquêtes sur scène à Marseille. Une première révolution autour du soleil qui sera dûment célébrée à l’occasion de la prochaine représentation, ce jeudi 14 à la Fabulerie, dans le 1ᵉʳ arrondissement. Au programme, "Le business des crèches", avec sur les planches la journaliste Daphné Gastaldi, qui a publié en septembre dernier le livre Le prix du berceau. La même semaine, le Mediavivant sera à l’origine d’un autre événement, à la Friche cette fois et en partenariat avec Libération. Le titre nous emballe déjà : "Mon voisin le gabian". Tous les détails sont à retrouver ici.

Et voilà, Pointue !, c'est fini – pour cette semaine bien sûr. Rendez-vous jeudi prochain pour toujours plus de chantiers et d'affaires de corruption (ou pas, mais c'est quand même très probable).

D'ici là, on attend vos infos, vos questions et vos bons plans casques anti-bruit à pointue@marsactu.fr .