Pointue !, 97e numéro
À moins d'un an des municipales 2026, les esprits commencent à s'échauffer, autant que nos corps accablés par la canicule naissante. À gauche, le maire fantasme une baisse spectaculaire du chômage à Marseille durant son mandat. À droite, Renaud Muselier chasse sur les terres du RN par l'intermédiaire du point médian, tandis que Nora Preziosi est bien partie pour semer la zizanie dans son camp. |
Et au milieu se discute la loi PLM au Parlement, nous donnant l'occasion de revenir sur une invraisemblable exception électorale marseillaise. Ce nouvel épisode de Pointue s'attarde aussi sur les réquisitions demandées par le parquet à l'encontre d'un maire qui a multiplié les fausses délibérations et sur le travail clivant d'une historienne de la ville. |
Alors n'attendons plus, Pointue, saison 3, épisode 36, c'est parti ! |
|
|
🗡️ Ça taille. Le référent Renaissance pour les municipales 2026, Renaud Muselier, a une dent, acérée, contre Frédéric Collart, chirurgien réputé qui poursuit tranquillement son tour de chauffe électorale. "Plus la ville est grande, plus l'étiquette compte dans une élection, analyse le président de région, lors du déjeuner préparatoire au conseil régional, mardi. Un candidat sans étiquette n'a aucune chance de l'emporter. Des gens de la société civile, il en faut sur la liste, mais pas en tête." Le précédent de Robert Vigouroux, auteur d'un grand chelem en 1988, ne le convainc pas. "Vigouroux était sortant et socialiste. Collart pourrait être plus Berland que Vigouroux. C'est-à-dire, nous faire perdre." Yvon Berland, brillant médecin, était candidat macroniste en 2020. Son maintien au second tour face à Martine Vassal est une des raisons de la défaite de la droite dans le secteur clef des 6/8. |
💰 Ça coffre. Lieu totem dans la garrigue du pays d'Aix, The Camp peine à trouver son modèle économique. À son lancement, le lieu d'innovation numérique a bénéficié d'une avance d'argent public de la métropole, du département et de la région. Reprise par Kevin Polizzi, la structure n'est pas passée loin de la liquidation en mars dernier. Et les collectivités commencent à penser qu'elles ne seront jamais remboursées. Ainsi, le département présente une délibération ce vendredi, dans laquelle il annonce provisionner sur ses comptes le montant dû restant, soit, 3,6 millions d'euros, déduction faite de la première provision d'1,25 million et du montant remboursé à ce jour, soit 71 428 euros. Le département avait avancé 5 millions d'euros, comme la région, et dix pour la métropole... |
|
|
Tenace verbale. Mise à la porte de 13 Habitat par Martine Vassal, Nora Preziosi s'accroche à son poste comme une moule à son rocher. Via un plan com' pour le moins offensif, à l'instar de cette vidéo diffusée sur ses réseaux, la conseillère départementale revendique — littéralement sous tous les angles — ne pas être "le genre de femme à [se] laisser abattre" et se déclare candidate à sa propre succession. Elle convie aussi ses soutiens ce dimanche à l'hippodrome Borély pour un "moment de convivialité". Pas sûr que cette ambiance chaleureuse soit de mise avec ses collègues de la droite locale, qui estiment qu'avec son "vrai pouvoir de nuisance", elle va chercher à "bordéliser la campagne" des municipales 2026. |
|
|
Comptes de fée. Il l'a dit et même répété : en cinq ans, le chômage à Marseille aurait connu une baisse pour le moins spectaculaire de 30 %. Et comme s'il en était l'artisan, Benoît Payan va jusqu'à se féliciter des chiffres impressionnants qu'il avance — données de l'Insee à l'appui, assurent les services de la Ville. Sauf que les chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques démentent fermement l'affirmation du maire. Et si la municipalité a abouti à ces 30 %, c'est parce qu'elle a comparé deux données issues de deux modes de calcul différents. En fin de compte, le chômage a certes baissé à Marseille durant le mandat de Benoît Payan, mais de 8 % — voire de 4 % selon une troisième méthode de calcul — seulement. Et son taux reste malgré tout un peu au-dessus de la moyenne régionale, elle-même supérieure au taux de chômage national. |
|
|
💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr |
|
|
 |
À parts inégales. Le savent-ils eux-mêmes ? Les habitants du septième secteur (13e et 14e arrondissements) de Marseille élisent moins de conseillers municipaux que ce que leur donnerait la règle appliquée dans le reste de la France. C'est l'histoire de cette invraisemblable discrimination électorale, et de sa non moins incroyable inscription dans la loi, que relate Fred Guilledoux pour Marsactu, tandis que la réforme de la loi PLM est actuellement en débat au Parlement. Les faits remontent à 1987 : sa défaite aux municipales quatre ans plus tôt face à Gaston Defferre toujours pas digérée, le camp Gaudin imagine un stratagème pour gagner la Ville. Et tous les coups sont permis : la création de secteurs comptant deux arrondissements au lieu d'un seul comme à Paris et Lyon, l'appariement fantaisiste desdits arrondissements pour minorer le poids de la gauche, et même l'improbable transfert de deux conseillers du 13/14 vers les 1/7 et 6/8, au prétexte d'une population étrangère trop élevée dans le septième secteur. Un argument en totale rupture avec la tradition républicaine, qui ira jusqu'à étonner un élu... FN. |
|
|
Partagez cette newsletter ! |
Pointue ! et Marsactu n'existent que grâce à celles et ceux qui les lisent. Si ce numéro vous plaît, parlez-en autour de vous grâce aux icônes ci-dessous. |
|
|
 |
Aurons, ô désespoir ! Faux, usage de faux, détournement de biens publics, prise illégale d’intérêts et escroquerie : c'est un quasi-grand chelem d'atteintes à la probité qui a valu au maire d'Aurons, André Bertero, de comparaître devant le tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence lundi dernier. En présence d'une cinquantaine de ses administrés — soit près de 10 % de la population de la commune — et de notre journaliste Marie Lagache, l'édile a dû se défendre d'avoir signé pas moins de 119 délibérations municipales entachées d’illégalité entre 2016 et 2021, comme l'avait révélé Marsactu l'an passé. Amnésie partielle (il ne se "rappelle pas" avoir reconnu les faits en garde à vue), déclarations contradictoires, disparition de preuves, mépris manifeste de la loi... C'est un euphémisme de dire que la défense du premier magistrat de la commune aura tangué au cours de l'audience. Contre celui qu'il considère comme un "falsificateur, un menteur et un tricheur", le parquet a donc requis trois ans de prison — deux avec sursis et un an ferme avec aménagement de peine, ainsi que dix ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. |
|
|
"Il est temps de remonter le niveau en mathématiques en France, et pas seulement chez les écoliers/collégiens..." |
|
|
|
|
Toute une histoire. C'est peu dire que le portrait de Judith Aziza par notre corédacteur en chef Benoît Gilles aura fait réagir les lecteurs de Marsactu. Car si l'abnégation et le parcours de cette historienne de Marseille "nature peinture", suivie par des dizaines de milliers de personnes, forcent le respect, son positionnement professionnel ne manque pas, lui, de faire grincer quelques dents. La jeune femme, qui se définit comme “chercheuse en libéral”, offre en effet ses services aussi bien aux institutions locales (Ville de Marseille, région, Euroméditerranée...) qu'à tout ce que notre territoire compte de promoteurs immobiliers et d'architectes, de Constructa à Vinci, en passant par Tangram. Quitte à se placer du côté de l'histoire officielle, et à se cantonner "au joli, au lisse, sans aucune profondeur", comme l'estiment un de ses confrères et quelques-uns de nos abonnés. |
|
|
Ballast but not least. Avant de tirer sa révérence pour imaginer une "aventure nouvelle" l'an prochain, la revue Ballast publie un ultime numéro papier, qui marque aussi ses dix ans d'existence. Et, comme sa couverture — la fameuse photo de Yohanne Lamoulère représentant un minot des quartiers Nord paré d'un masque de lion — l'indique, la rédaction pose notamment ses valises à Marseille. Le journaliste de Mediapart Mickaël Correa et l'autrice Yanna Rival y explorent deux facettes de la ville qui en disent beaucoup, chacune à leur manière, sur la sociologie de ses habitants. Spécialiste du sujet (on lui doit Une histoire populaire du football en 2018), le premier s'intéresse au ballon rond dans un texte — joliment illustré par Émilie Seto — qui rend hommage à la dimension sociale et politique des groupes de supporters marseillais autant qu'aux petits stades de quartier qui permettent, "durant 90 minutes, de s'échapper de l'emprise urbaine comme des carcans sociaux et, désormais, de l'ordre du genre". La seconde revient pour sa part sur la formidable aventure de L'Après M, ce "fast-food d'insertion" dont Marsactu a suivi l'évolution au fil des années. |
|
|
En attendant, pour toute question, info ou offre de cours de maths pour la Ville de Marseille, écrivez à pointue@marsactu.fr. |
|
|
Rejoignez Marsactu sur les réseaux sociaux ! |
Cette newsletter vous est proposée par : |
Ne plus recevoir aucun mail de Marsactu (si vous êtes abonné.e cela peut bloquer des envois importants) : cliquez ici (attention, vous serez désinscrit au clic sans demande de confirmation). |
|
|
|
|