Bonjour, c'est Pointue !

Comme la mer, soumise aux flux et reflux des flots, Marseille est agitée de moult mouvements incessants. Il y a ceux qui arrivent, comme les nouveaux — et futurs — habitants d'Euromed, rejoignant ceux qui sont restés dans la poussière de ses gigantesques chantiers. Et il y a ceux qui partent. Volontairement, à l'instar de Georges-François Leclerc, qui quitte la région pour les ors de l'Élysée, troquant sa casquette de préfet contre celle de dircab du président. Ou malgré eux, comme Reda M., expulsé vers la Tunisie malgré un état de santé fragile et sans savoir s'il pourra assister au procès en appel du drame de la rue d'Aubagne, dont il est l'un des rescapés.

Et puis il y a ceux qui sont dans un entre-deux instable, à l'image de Metaphore Collectif, qui a dû fermer les portes de son lieu de nuit, mettant en lumière le manque cruel d'espaces de fête à Marseille. Ou, dans un tout autre registre, l'homme d'affaires Alexandre Guérini qui, même condamné définitivement par la justice, continue de se mêler des déchets de la métropole. Sans compter ceux qui naviguent à vue, comme BFM Marseille, qui a "oublié" la déontologie le passé de certains des invités de sa nouvelle émission Les Tchatcheurs.

Autant d'histoires à retrouver dans Marsactu, et que l'on vous invite à découvrir dans ce nouvel épisode de Pointue.

Cynthia Cucchi

À PICORER

📊 Ça invente. Depuis une dizaine de jours, un hypothétique sondage sur les municipales 2026 à Marseille agite en coulisses la classe politique locale. Des résultats tournent en mode téléphone arabe, mais toujours aucune officialisation en vue. Au point que sur les réseaux sociaux, X ou encore TikTok, des visuels de résultats de ce sondage sont apparus. Sauf que ces données ne sont pas sourcées, à l’exception d’une mention floue en bas à droite indiquant "Cluster 18". Alors que le nom de l’institut de sondage qui serait à l’origine du document tant recherché est Cluster 17. Des publications relayées par des comptes qui ont, pour l’un, l’habitude de partager des posts critiquant le maire divers gauche Benoit Payan et, pour l’autre, d'ajouter le slogan "Marseille je t’aime" de la candidate Martine Vassal à ses messages. L’extrême droite s’en amuse et le clan du sénateur Stéphane Ravier a créé une version "Cluster 47" avec des données inventées elles aussi, mais propulsant leur candidat Franck Allisio en tête.

🎻 Ça divulgâche. "J’ai travaillé avec le président de la République et avec l’État à une solution d’envergure nationale, un grand équipement culturel"annonçait Benoît Payan à BFM Marseille et La Provence, il y a une quinzaine de jours, à propos de l’avenir du Centre Bourse après le départ des Galeries Lafayette. Le maire divers gauche ne s’était pas épanché sur les détails de ce projet. Mais dans La Tribune ce 30 octobre, le porte-parole de la candidate divers droite Martine Vassal, Romain Simmarano, a levé le mystère. "Un orchestre philharmonie de Paris à Marseille", avance-t-il dans l’article. Dans les couloirs de l’hôtel de Ville, on confirme qu’il s’agit bien "d’un des projets cachés derrière la déclaration du maire". "Romain Simmarano dévoile une des pistes de Benoît Payan sans en connaître les tenants et aboutissants", s’y agace-t-on, regrettant que cela vienne "gâcher l’annonce". Sur les détails de cette idée, il s’agirait en réalité de créer une salle de spectacle et d’exposition d’envergure, comme la Philharmonie de Paris, mais à Marseille.

🏠 Ça s’installe. J-135 avant les municipales 2026 (si le scrutin n’est pas décalé en raison de nouvelles législatives anticipées, une hypothèse qui a été distillée dans la presse et dans les arcanes du pouvoir au milieu du flou politique actuel). Les candidats déjà déclarés à Marseille continuent leur pré-campagne électorale. À commencer par celle de l’union de la droite et du centre (mais surtout de la droite pour l’instant), Martine Vassal. La présidente de la métropole et du département a trouvé sa permanence de campagne, sur le cours Pierre-Puget, dans le 6e arrondissement. Le lieu est encore en travaux et pas officiellement inauguré au public, mais elle y a déjà reçu des journalistes de Mesinfos pour parler de ses premières propositions de programme. Sur leurs images et depuis la rue, le local semble pour l'heure décoré des visuels du collectif politique Une génération pour Marseille, de son porte-parole de campagne, Romain Simmarano.

DANS NOS FILETS

Omissions de télé. "Militante politique", point. C'est ainsi que BFM Marseille a présenté Audrey Marchand, invitée pour le lancement de son émission Les Tchatcheurs. Sans préciser, comme nous vous le révélions ici même la semaine dernière, l'étiquette de la jeune femme, pas plus à l'oral que dans le bandeau sous son nom. Audrey Marchand n'est pourtant pas n'importe quelle "militante politique", comme en témoigne son CV : membre du collectif identitaire Némésis, candidate Reconquête (le parti d’extrême droite d'Éric Zemmour) aux législatives de 2022, collaboratrice parlementaire du député Gérault Verny (UDR, le parti d’Éric Ciotti, allié du Rassemblement national). Un baptême du feu pour le moins embarrassant pour la nouvelle quotidienne de BFM Marseille. Laquelle a néanmoins récidivé deux jours plus tard, en invitant Yves Moraine à discuter de "ces affaires qui entachent le débat des municipales". Sans jamais mentionner que l'élu LR a été condamné en première instance dans l'affaire des fausses procurations de la droite marseillaise lors des municipales de 2020. Voilà qui commence à faire pas mal d'omissions pour une seule émission. Gageons que notre journaliste Marie Lagache saura en débusquer d'autres.

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ON A CREUSÉ

Marseille sans nuit. Depuis neuf ans, les oiseaux de nuit amateurs d'électro s'y retrouvaient pour danser, dans un cadre bienveillant et inclusif. Jusqu’à ce 27 septembre et une visite nocturne de la Police nationale. Ce soir-là, le son est coupé, le public, évacué, et la Meta ferme ses portes. Au-delà de l'avenir de ce grand hangar de Saint-Jean-du-Désert, géré de manière autonome et sans autorisation, par Metaphore Collectif, c'est celui de la nuit à Marseille que cet événement interroge. Car la ville manque cruellement d'espaces de fête pour toutes et tous. Une carence qui dépasse le cadre des musiques électroniques et alarme les acteurs de cet "écosystème en péril". Lesquels en appellent donc aux élus, même s'ils savent qu’à cinq mois de l'échéance municipale, l’équation "musique amplifiée versus sommeil des riverains" est hautement inflammable. "La fête ne doit pas devenir un privilège", affirment-ils. Dans une ville où la précarité touche une grande partie de la population, singulièrement chez les jeunes, l’ambition est loin d’être vaine.

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LE SUIVI

Assez déchets. Entre Alexandre Guérini et la métropole Aix-Marseille-Provence, c'est une affaire qui dure. Au grand dam de la collectivité dirigée par Martine Vassal (divers droite), qui tente par tous les moyens d'exclure le groupe de l'homme d'affaires, SMA Environnement, de ses appels d'offres. Et si, il y a six ans, elle n'avait pas réussi à convaincre le tribunal administratif, qui l'avait alors condamnée à verser 110 000 euros à l'entrepreneur, depuis, le contexte a changé. Entretemps, Alexandre Guérini a été définitivement condamné à six ans de prison dans l'affaire qui porte le nom de sa fratrie. Et dans le dernier épisode en date, c'est à la métropole que la justice a donné raison. Le tribunal administratif de Marseille vient en effet de valider la mise à l'écart de Lago, une filiale de SMA Environnement, qui gérait trois déchetteries du pays salonais. Une "victoire" de courte durée pour la collectivité, puisque l'année prochaine, la peine d'exclusion sera purgée et le groupe d’Alexandre Guérini pourra de nouveau postuler pour ses marchés publics.

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ÇA SE DISCUTE

"Tous ceux qui ont construit un mur le savent : il faut mettre le liant et les blocs en même temps. Ne mettre que les briques puis espérer réussir à les lier ensuite, c’est n’importe quoi."

Commentaire de Pascal L., au sujet de la deuxième phase de l'opération d'aménagement urbain Euroméditerranée, qui prône la mixité sociale sans faire grand-chose pour la favoriser.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Rêves de comptoir. Depuis son comptoir, Céline contemple le même tableau depuis trois ans : des grues immenses, des pelleteuses, des hommes casqués, de la poussière. Beaucoup de poussière. Celle des chantiers d'Euroméditerranée, l’établissement public qui mène ici une opération d’aménagement censée changer le visage d’une partie des quartiers Nord de Marseille. La patronne du Maeva, l'un des derniers bars de quartier des Crottes, tient encore bon, malgré cette poussière, les places de stationnement en moins, le bruit des marteaux-piqueurs… et les clients qui désertent le lieu. À Violette Artaud, qui l'a rencontrée dans le cadre de notre série Quartier chantier, elle confie ses peines ("On a l’impression que le quartier a été mis en suspens, que l’on s’en fout, de nous"), ses peurs (les "mensonges" de l'aménageur, les travaux interminables), mais aussi un espoir. Celui d'un "bar de confiance" qui, une fois les bâtiments sortis de terre, accueillera tout le monde avec la même bienveillance, les fidèles comme la nouvelle population d'Euroméditerranée 2. Faisant de cette "mixité sociale" si chère aux communicants d’Euroméditerranée une réalité.

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ET AVEC ÇA

L'Emprise contre-attaque. C'est une série que notre journaliste spécialisée police-justice Clara Martot Bacry et nos deux corédac'chefs, Coralie Bonnefoy et Benoît Gilles, ont patiemment tissée. Depuis mai 2023, ils parcourent Marseille, et au-delà, pour raconter la mainmise des réseaux de trafics sur la ville, et sur le quotidien de ses habitants. La violence qui sème la mort d’un quartier à l’autre, les petites mains du narcotrafic broyées par ce capitalisme sauvage, la douleur des familles qui voient partir leurs enfants, le crack qui s'empare du centre-ville, l'illusion de l'argent facile, la justice asphyxiée, la police dépassée... C'est tout cela, et bien plus encore, qu'explore L'Emprise. Cette série d'enquêtes va prochainement devenir un livre, Marseille sous emprise, en collaboration avec la maison d’édition indépendante marseillaise Hors d’Atteinte. Vous pouvez d'ores et déjà le précommander, en avant-première, pour vous ou vos proches.

C'est sur cette bonne nouvelle que Pointue, 108e du nom, prend fin. On vous donne rendez-vous la semaine prochaine, même jour, même heure, même boîte mail, non sans vous avoir rappelé que vous pouvez encore contribuer à notre nouvelle campagne d'abonnement, ne serait-ce qu'en la partageant autour de vous.

En attendant, pour toute question ou info, écrivez à pointue@marsactu.fr.

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